MONTRÉAL, PARADIS URBANO-DÉGÉNÉRÉ

 



16 février 2024


Cher Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve,

Comment allez-vous, cher ami que je n'ai jamais connu, sinon de nom. J'aimerais vous entretenir quelques instants de votre plus fameuse création, la ville de Montréal, fondée par vous en 1642 et sise alors en la colonie française du Canada, puis en la colonie britannique du Canada, puis en le royaume britannique du Canada.

Les nouvelles ne sont pas très bonnes, cher ami, et il est bien heureux que vous ne soyez plus là pour voir comment votre bonne ville a évolué au fil des siècles. Après avoir été une ville importante de la partie outre-mer du royaume français, connue familièrement sous le nom de Nouvelle France, par opposition à la Vieille France qui, elle, existe encore, bien qu'encore plus vieillie qu'à votre époque, ce qui n'est pas peu dire, Montréal a été une ville majoritairement anglophone pendant plusieurs décennies, après notre capture par les Anglois, ce qui a causé un émoi considérable parmi nos gens qui ne savaient plus à qui s'en remettre et qui ont commencé à parler des Perfides Anglois, après avoir appris à déblatérer contre les Maudits François lorsqu'ils ont appris, avec surprise, que vos compatriotes aimaient mieux les îles à sucre des Antilles que nos arpents de neige pré-Arctiques. Cela fait beaucoup d'ennemis pour un petit peuple délaissé.

Pourtant, nous nous en sommes mieux sortis que les Acadiens qui, eux, en plus d'être conquis plusieurs années avant nous, ont par la suite été déportés un peu partout en Amérique du Nord, ainsi qu'en France et même en Angleterre. Ils essaient encore de s'en remettre, dans les provinces de l'Atlantique où leurs ancêtres sont revenus et où ils vivent encore, minoritaires dans chaque province, jusqu'à aujourd'hui.

Dans notre cas, notre vigueur démographique nous a beaucoup aidé et nous avons pu reprendre le contrôle de votre bonne ville, heureusement, bien que nous devons la partager de nos jours avec les Anglo-Québécois et les Néo-Québécois. Ça s'endure et ce n'est pas inacceptable, pour dire vrai. Tout n'est pas drôle, cependant, dans la deuxième plus grande agglomération du British Kingdom of Canada et voici pourquoi.

Il fut un temps où la grande île de Montréal était couverte de vaste champs bien cultivés et parsemé de petits villages canadien-français, en plus d'être agrémentée d'une petite cité fortifiée, pas très grande, surnommée aujourd'hui de l'appelation vocatrice de Vieux Montréal, c'est-à-dire la ville qu vous avez fondé. Mère Nature était souriante, alors, heureuse et satisfaite. Tout allait bien

Aujourd'hui, pourtant, ce n'est pas bien beau à voir. Montréal est devenu un repère où abondent toutes sortes de choses, pas toujours ragoûtantes, en grand nombre: seringues, vibrateurs, cônes oranges, nids-de-poules, non binaires (genrés ou non) et Libéraux, tant provinciaux que fédéraux. Comment s'en libérer? Comment faire un grand ménage et rendre Mère Nature heureuse et souriante, de nouveau?

Il est évidemment possible de rassembler plusieurs de ces éléments et d'en faire un grand feu de joie, à l'occasion d'une Saint-Jean, par exemple, mais pour les Libéraux, ce n'est pas vraiment une solution, puisque cela en ferait des martyrs à la sainte cause fédéraliste. Des Jean d'Arc brûlés vifs pour la plus grande gloire du statu quo, c'est inimaginable, d'autant plus que le statu quoi est une insulte à l'imagination, par définition. De toute façon, nous avons déjà trop de Jean d'Arc fédéralistes (et pas toujours des saints): les Lesage, Charest, Chrétien, etc. Imaginez ce que donneraient, devenus martyrs, des milliers de ces Jean d'Arc attachés viscérablement à des montagnes Rocheuses que vous n'avez jamais vu et moi non plus.

La meilleure solution, pour disposer de ces Libéraux, ce serait peut-être de les bannir, voire de les déporter, comme les Anglois ont fait aux Acadiens. Si c'est bon pour les Acadiens, ça devrait être bon aussi pour les meilleurs amis des Anglo-Canadiens, ces descendants directs des Anglo-Conquérants, non?

Je suggère, donc, cher ami, de les bannir du sol québécois et de les expulser vers le pays des Anglontariens, afin qu'ils puissent passer la fin de leur vie parmi ces anglophones qu'ils aiment tant. Ils pourront s'établir à Kingstown-on-the-Canal, une ancienne capitale royale, voire plus loin sur la 401, à Torontown-on-the-Lake, plus grande agglomération du royaume et capitale non officielle des Libéraux fédéraux.

S'ils le souhaitent, ils pourront même pousser plus loin encore, jusque dans l'Ouest canadien, afin de lire leur journal favori, LeDevoir, à l'ombre de ces Rocheuses qu'ils aiment tant, que je n'ai jamais vu et vous non plus. Là, ils trouveront sûrement villas à leurs pieds, très dispendieuses, très précieuses, très coûteuses, des établissements hyper-giga-grands luxe, catégorie sept étoiles, comme cet hôtel de Dubai, que vous n'avez jamais vu et moi non plus.

Si c'est trop chers, ils n'auront qu'à louer une chambre d'ami à 8 000 $ la nuit. Je connais un Grand Intendant du royaume canadien qui, à défaut de pouvoir passer ses vacances chez l'Aga Khan, sera sûrement heureux de louer une telle chambre, digne de n'importe quel grand luxocrate occidental, pendant un bon deux ou trois mois d'affilée et ce, aux frais des contribuables, bien entendu. Après tout, entre Libéraux, il faut bien s'entraider, surtout quand la note est défrayée par ces idiots de contribuables, prêts à avaler n'importe quoi.

Après tout, ce n'est pas comme si ce déconcertant royaume était mal géré, ou dirigé par des incompétents, ou affligé de déficits annuels à chaque année, année après année, sauf quand les conservateurs prennent le pouvoir, ou ce Jean Chrétien que je mentionnais plus haut, un Libéral lucide et honnête (il y en a, bien qu'il serait possible de le chicaner pour le référendum 2.0), pendant des décennies, depuis les années '80, c'est-à-dire l'époque de Son Père, le sieur Pierre-Elliott, au point d'en être devenu criblé de dettes aujourd'hui. Heureusement que ce n'est pas le cas. Tout comme il est totalement faux que ce Grand Intendant, en plus de toujours suivre les conseils du grand patron du monde occidental, dans sa blanche maison de Washingtown-on-the-Potomac, est aussi au service du véritable chef de cet improbable royaume canadien et de l'ensemble de tous les autres British Kingdoms de la planète, Charles Windsor the Third, dans son gris palais de Londontown-on-the-Thames.

Vous avez bien de la chance, cher Paul de Chomedey de Maisonneuse. Qui est le plus grand ennemi de votre bonne ville de Montréal, les Iroquois, les Anglois, les Anglo-Québécois, les Libérois, tant provinciaux que fédéraux? Malheureusement, René Lévesque est disparu, comme vous, comme Laurier Riel, pendu à Régina, par les Anglo-Ontariens triomphants, heureux d'avoir conquis les Prairies, comme aussi Charles de Gaulle et Jeanne d'Arc, la vraie, la petite Lorraine, l'héroïne nationale de tous ceux et celles qui aiment la France, encore aujourd'hui, envers et malgré tout.

Tout cela est bien triste, à bien y penser.

Restez où vous êtes, M. Paul, dans ce cimetière de Paris-sur-Seine où vous prenez votre dernier repos.

Peut-être, un jour, pourrons-nous célébrer un grand jour, celui de la libération du plus nombreux des peuples francophones d'Amérique du Nord. Ce jour, toutefois, n'est pas encore arrivé et il pourrait bien ne jamais arriver. Qui le sait, en ce bas monde? Pas moi, ni vous, ni personne.


Veuillez agréer, cher ami, l'expression de mes sentiments les plus distimgués.


Charles Millar

Scribe, pré-retraité, natif de Gaïa-sur-la-Désert et résident de Babylone-sur-la-Gatineau, située juste en face de Little-Londontown-on-the-Rideau, le siège administratif du royaume britannique du Canada


Post-scritpum

J'oubliais: pourriez-vous transmettre ce message à Jeanne Mance, votre bonne amie et lui présenter mes hommages? Et tant qu'à y faire, profitez-en pour lui dire que ma belle-mère porte elle aussi le prénom de Jeanne. Je sais que ça fait beaucoup de Jean et de Jeanne, pour une seule lettre, mais je n'y peux rien. Le plus drôle, c'est que votre Jeanne ne devinera jamais où elle vit, ma belle-mère, ni sa ville, ni son pays, ni même son continent. Quelle surprise elle aurait!

-30-


* * *

PLUS:  @charles.millar3 (X-Twitter)



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