LE SINAÏ: FUTUR CARREFOUR TRICONTINENTAL

 

Des entreprises chinoises vont investir plus de huit milliards de dollars dans la zone économique du canal de Suez, suite à des accords conclus ces derniers mois avec le gouvernement égyptien (voir article ci-dessous).

Le 'timing' de l'annonce de ces investissements ne doit pas surprendre. Avec l'entente récemment conclue entre l'Iran et l'Arabie saoudite, les tensions ont beaucoup baissé au Moyen-Orient, ouvrant ainsi la voie à l'aménagement des futures routes terrestres de la soie qui uniront la Chine et l'Afrique et qui passeront par l'Égypte, plus particulièrement par la péninsule du Sinaï, un territoire stratégiquement bien situé, faisant le pont entre l'Asie et Afrique. En fait, la péninsule est d'autant plus stratégique qu'on y trouve aussi le canal de Suez, entre la mer Méditerranée et la mer Rouge.

Il ne faut donc pas se surprendre de voir la Chine et ses entreprises s'implanter solidement et massivement dans cette péninsule qui fait le pont entre les trois continents que sont l'Asie, l'Afrique et l'Europe, là où s'étendra un jour la sphère d'influence de l'Empire du milieu. Ce qui sera produit là pourra s'exporter facilement dans toutes les directions.

Dans cette optique, ultérieurement, viendra pour la Chine le temps de construire des infrastructures permanentes facilitant le transport des gens et des biens, le long de corridors sécurisés par des gouvernements alliés. Ces corridors passeront prioritairement par la péninsule, pour des questions de coût, quoiqu'il soit possible que certains empruntent d'autres tracés, notamment via le détroit de Ba-el-Mandeb, au débouché de la mer Rouge.

Ces corridors seront l'objet de projets majeurs qui transformeront la péninsule en profondeur. Mentionnons des voies ferrées (pour passagers et pour marchandises, tant à vitesse conventionnelle qu'à grande vitesse), des routes, des oléoducs, des gazoducs, des réseaux de fibres optiques (pour les communications téléphonique et les envois de données), des lignes de transmission d'énergie, etc. Des investissements dans le secteur maritime (nouveaux ports, îles artificielles, parcs de conservation, zones industrielles, terminaux de navires de croisière, etc.) sont aussi à prévoir dans l'axe détroit de Gibraltar / mer Méditerranée / canal de Suez / mer Rouge / détroit de Bab-el-Mandeb.

Le lancement du projet saoudien pharaonique de la ville nouvelle de Neom, aux abords de la péninsule, montre bien que les populations des pays du Moyen-Orient sont conscients des changements qui s'annoncent et s'y préparent, chacun de son côté. Tous ces projets se grefferont éventuellement sur les futures infrastructures qui uniront les trois continents que sont l'Europe, l'Asie et l'Afrique.

Il est d'ores et déjà prévisible qu'au cours des prochaines années et décennies, toute cette zone deviendra un carrefour de première importance, le noeud des voies de communications qui traverseront et uniront le tricontinent afro-eurasiaque.

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https://www.courrierinternational.com/article/geoeconomie-pourquoi-le-canal-de-suez-est-dans-le-viseur-de-la-chine

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