DE LA FINLANDE AU JAPON, LA VALSE-HÉSITATION DES ALLIÉS...

 


(Article paru d'abord sur Linked In, tout récemment.)

Ce genre de nouvelles permet de recadrer les sujets autrement. La Finlande a suffisamment de raisons, de par son histoire, de se défier de la Russie pour se joindre à l'OTAN dans le contexte actuel, mais elle a aussi suffisamment de raisons, de par sa géographie, de s'interroger sur la pertinence de la petsistance s long terme d'un climat de guerre avec son très populeux et très puissant voisin russe. L'Amérique pousse l'Union européenne à la guerre par les temps qui courent, par peur de la Chine, en pleine émergence, et par desir de voir les Européens la remplacer dans le financement de l'OTAN, une alliance militaire mise sur pied au lendemain de la Seconde guerre mondiale, par (ET POUR) les Américains, afin de protéger l'Europe des Soviétiques. Près d'un siècle plus tard, l'époque n'est plus la même et les besoins européens ne sont plus les mêmes non plus. La Fédération russe et l'Union européenne convoitent toutes deux l'Ukraine indépendante, mais pour des raisons différentes. La première y voit un peuple cousin, lié aux Russes et aux Biélorusses par mille liens tissés au fil d'une longue histoire remontant à la Russie kiévite. La seconde y voit un bassin de travailleurs à faible coût, des ressources à profusion et une masse de contribuables pouvant l'aider à redresser la situation budgétaire difficile de la majorité des pays formant ladite Union. La continuation de la guerre ukrainienne entretient et alimente un climat de peur qui contribue à mettre en avant le besoin de réarmer l'Europe dans un contexte où la possibilité d'un désengagement américain se précise de plus en plus. Un tel désengagement est appréhendé aux yeux de nombreux pays européens parce qu'il prendrait évidemment place dans le cadre d'un pivot asiatique destiné à contrer l'expansion graduelle de l'influence chinoise, laquelle commence déjà à se faire sentir dans le Pacifique occidental. Cela dit, la "stratégie des dominos" fait partie de l'arsenal des arguments que l'Amérique utilise depuis longtemps pour susciter des appuis visant à former des coalitions pour contrer les adversaires des États-Unis. Le but est toujours de mutualiser les dépenses militaires et de répartir au mieux les charges financieres induites par les besoins d'une défense commune envers un adversaire commun. C'est vieux comme le monde. La Finlande ayant choisi de rejoindre le camp otanien, poussée par les efforts américains visant à ameuter le plus d'alliés possible, se voit maintenant confrontée à la possibilité de devoir militariser à grands frais une frontière immensément longue, dans un milieu forestier à la population clairsemée et aux rares chemins, semblable en cela au milieu forestier québécois, alors qu'elle bénéficiait auparavant d'un besoin relativement limité au niveau de ses dépenses militaires. La situation actuelle du Japon est d'ailleurs assez semblable. Après avoir longtemps pu limiter ses dépenses militaires à seulement 1 % de ses revenus nationaux, Tokyo devrait maintenant les relever graduellement à un niveau de 5 %, sur une période de dix ans, afin de se conformer à la volonté trumpienne de renflouer le budget fédéral américain, au détriment des budget des pays alliés de l'Amérique, incluant ceux faisant partie de l'OTAN, tout cela sous la menace de représailles commerciales en cas de non soumission aux souhaits du locataire de la Maison blanche, lequel est encore en place pour les trois quarts restants d'un second mandat présidentiel qui s'annonce laborieux et pénible pour l'ensemble du reste de la planète, obligé de composer avec l'ineptie d'un ancien promoteur immobilier qui considère le globe comme un gros jeu de Monopoly. Trump excellait à ce genre de jeu lorsqu'il opérait à Manhattan et ailleurs, en tant que simple citoyen privé, mais il se retrouve aujourd'hui confronté à un pays de joueurs de Go. Bref, le retour prochain à la paix en Europe orientale et au Moyen-Orient ne se fera jamais assez rapidement. La perspective d'un tel rehaussement des dépenses militaires, aussi massif que celui qui est envisagé, suite à des exigences trumpiennes et des menaces qui les accompagnent, dans un contexte d'endettement occidental généralisé, est profondément préjudiciable aux intérêts à long terme des alliés européens et asiatiques des États-Unis, Finlande incluse.

https://www.sudouest.fr/societe/defense/nous-parlons-de-tranchees-de-positions-de-combat-preparees-de-bunkers-en-finlande-le-defi-d-une-frontiere-de-1-300-kilometres-avec-la-russie-25010329.php



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