LA NASA A PEUR
Les
représentants de l'agence spatiale américaine, la NASA (National Aeronautic and
Space Administration), multiplient les déclarations fracassantes ces temps-ci,
à l'aube du déclenchement d'une toute nouvelle course à la Lune.
Les
interventions de cette institution laissent voir une inquiétude très profonde,
voire même une peur. La NASA semble craintive devant l'essor spatial de la
Chine, encore tout récent. Il est clair que la présente rivalité US-Chine est
différente de celle qui existait entre les USA et l'URSS, au plan spatial. Les
Américains se savaient plus avancés que les Soviétiques, au plan technologique,
et ne les craignaient pas.
Après que
les Soviétiques ont réussi un certain nombre de coups d'éclat (premier
satellite, premier humain en orbite, etc.), les Américains se sont mobilisés
pour remporter la course à la Lune. La réussite eut lieu en 1969, grâce au
programme Apollo et le premier pas accompli par Neil Armstrong sur la Lune.
Les choses
ne sont plus les mêmes aujourd'hui. Les Américains se doutent bien qu'ils
devraient normalement remettre les pieds sur la Lune avant les Chinois, mais
ils donnent l'impression d'avoir des doutes sur ce qui se passera ensuite. Les
temps ont changé depuis les années '60. Il ne s'agit plus en effet de faire de
brefs séjours sur la Lune, mais de s'y implanter durablement et d'y passer du
mode exploration au mode exploitation. De par leur proximité, la Lune et Mars
sont les cibles naturelles de cette volonté de s'implanter et de mettre en
valeur les ressources qui s'y trouvent. Cela donnera lieu à une nouvelle
compétition entre les deux plus importantes puissances spatiales, les
États-Unis, d'une part, et la Chine, alliée de près à la Russie, héritière de
la tradition soviétique et dotée par le fait même d'une expertise approfondie
dans le domaine spatial.
Les
États-Unis envoient des signaux qui laissent voir des inquiétudes profondes, au
niveau de leur présence dans l'espace, mais aussi, au sens plus large, au
niveau de la pérennité de leur supériorité économique et technologique face à
la Chine. Des déclarations récentes du président américain, Joseph Biden,
montrent bien que la rivalité économique entre les USA et la Chine
s'approfondit et change de forme. Maintenant, l'Amérique songe à créer un front
uni avec ses alliés pour coordonner des actions pour ralentir l'émergence de la
puissance chinoise.
Les jours
sont bien finis où le président Donald Trump entreprenait des guerres
commerciales mal ficelées et mal conçues, dans lesquelles d'importantes hausses
de tarifs étaient appliquées aux importations chinoises. Ces hausses étaient en
réalité assumées par les importateurs américains, plutôt que par les
exportations chinoises. La conséquence, en bout de ligne, c'était que, si le
gouvernement US voyait ses revenus augmenter grâce aux tarifs, les
consommateurs américains se trouvaient obligés de payer la note de toute
l'opération.
Désireux de
protéger l'hégémonie dont ils disposent depuis une soixantaine d'années en tant
que principale puissance mondiale, les Américains ont maintenant entrepris de
faire tout ce qu'ils peuvent pour présenter leurs adversaires chinois comme des
prédateurs, des voyous (bullies) qui doivent être maîtrisés.
Tandis que
la Chine poursuit son ascension économique, plusieurs autres pays importants
(l'Inde, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, etc.) jouent un double jeu, veillant à
ménager la chèvre et le chou, c'est-à-dire le Dragon et l'Aigle. Comme alliés
proches, la Chine peut compter sur la Russie et, de plus en plus, sur l'Iran,
ainsi que sur d'autres membres de l'Organisation de Shanghai, alors que les
États-Unis continuent de bénéficier du soutien ferme de l'Europe occidentale,
des autres pays de l'Anglosphère et du duo Japon/Corée du Sud.
Visiblement,
après quelques décennies de polycentrisme, deux grands blocs sont en train de
se constituer lentement, pays par pays, avec un avantage initial qui favorise
le vieux champion de l'ordre établi, soit les États-Unis, cherchant à resserrer
les rangs avec ses amis face à un prétendant en pleine ascension, soit la
Chine. Cet avantage, bien sûr, est relatif et devrait être appelé à changer, au
gré des circonstances.
Cette
nouvelle guerre froide, terrestre et extra-terrestre, est encore en gestation
et la situation est mouvante.
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https://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-sciences/conqu%C3%AAte-de-la-lune-la-nasa-se-m%C3%A9fie-de-la-chine/ar-AA15U061?ocid=finance-verthp-feeds https://asia.nikkei.com/Politics/International-relations/US-China-tensions/U.S.-sees-China-as-economicbullyseeksunitedfrontwithalliesdel_type=3&pub_date=20221225150000&seq_num=20&si=801160
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