DES SOUS-BLOCS BRICSIENS SE CRISTALLISENT EN AFRIQUE

 

Source: International Bar Association


La carte incluse dans l'article ci-dessous, publié par la revue Jeune Afrique, est très informative, sans parler du texte comme tel. Elle souligne les formes prises par l'influence de la Chine en terre africaine, au cours des dernières années, tout en esquissant aussi, en même temps, les contours de sous-zones d'influence en formation au sein des pays bricsiens d'Afrique.


Les deux premiers blocs, assez apparents, se trouvent aux extrémités nord et sud du continent. Au nord, centrée sur l'Égypte, se dessine la bande formée par les pays de l'Afrique septentrionale, dont la population est constituée d'un mélange bigarré de peuples arabes et berbères, profondément marqués par la présence de l'Islam, ainsi que celle, antérieure de quelques siècles, du christianisme antique.


Au plan économique, le poids de l'Égypte est incontestable et ne nécessite aucune démonstration. Plus à l'ouest, le poids combiné des deux géants maghrébins, le Maroc et l'Algérie, est également considérable. Entre les deux colosses, sont situés des pays plus petits, territorialement, et moins peuplés, démographiquement, soit la Tunisie et la Libye. Admise dans les rangs des BRICS il y a peu, l'Égypte est l'un des trois premiers pays africains invités à se joindre à cet important regroupement économique, les deux autres étant l'Afrique du Sud et l'Éthiopie. Un premier sous-bloc bricsien est donc très visiblement centré sur ce pays.


À la pointe sud de l'Afrique, se trouve le tout premier pays bricsien de ce continent, chronologiquement parlant, soit la République sud-africaine. Celle-ci est l'un des trois géants économiques de l'Afrique au niveau économique, aux côtés de l'Égypte et du Nigéria, tous deux situés plus au nord. Géographiquement proches, on note aussi la présence, sur cette carte, de la Namibie, du Botswana et du Zimbabwé. Tout aussi proches, mais non encore bricsiens, pour des motifs différents, deux pays se distinguent, le Lesotho et l'Eswatini. Un deuxième sous-bloc bricsien en formation est donc centré sur l'Afrique du Sud, entourée d'une vaste couronne symbolique constituée des économies qui lui sont intimement liées. D'autres pays pourraient d'ailleurs venir s'y adjoindre un jour, dépendamment de l'évolution à venir de l'économie africaine et des aléas politiques de l'histoire africaine (et non africaine), dont le Mozambique, la Zambie, l'Angola et Madagascar.


En Afrique occidentale, le duo Côte d'Ivoire / Ghana saute évidemment aux yeux. Ces pays voisins, l'un ayant fait partie des dépendances politiques françaises dans le passé, l'autre ayant été inclus dans les dépendances politiques britanniques, ont aujourd'hui des économies de taille plus ou moins semblables. L'Afrique de l'Ouest comprend aussi un grand nombre d'autres pays, certains ayant été autrefois englobés dans la sphère coloniale portuguaise, d'autres dans les sphères coloniales françaises et britanniques. Les futures relations politiques entre le noyau central que forment les quasi-jumeaux de la côte guinéenne et les pays environnants restent à définir avec précision, étant donné la situation encore trouble entre les pays de la confédération sahélienne et les pays côtiers, au plan politique et au plan militaire.


En Afrique centrale, un pays incontournable, tant par son immense territoire que par sa démographie en pleine expansion, est certainement la République démocratique du Congo (RDC). Bien que ne faisant pas partie des pays bricsiens, ni comme membre, ni comme associé, la RDC est vraisemblablement destiné à devenir le noyau central d'un éventuel sous-bloc bricsien, un jour plus ou moins lointain.


En Afrique orientale, le Kénya brille par sa présence, au plan économique. Il deviendra vraisemblement le coeur d'un autre sous-bloc bricsien, apte à exercer un certain degré d'influence sur son environnement territorial, lequel comprend divers pays, dont la Tanzanie, l'Ouganda, la Somalie et le Sud-Soudan, entre autres. L'évolution à venir des jumeaux ethno-linguistiques que sont le Rwanda et le Burundi reste à être définie par ceux-ci. Le Kénya hébergeant déjà le siège d'un des quatre centres administratifs de l'Organisation des Nations-Unies, il peut donc être considéré comme un pays incontournable au plan de l'économie et de la politique et, conséquemment, le probable pôle central d'un futur sous-bloc bricsien pour la partie orientale du continent africain.


Deux pays appartenant au groupe bricsien doivent encore être considérés ici, soit l'Éthiopie, membre à part entière des BRICS, et le Nigéria, associé aux BRICS en tant que partenaire. Dans le cas du second, son poids démographique, déjà considérable, deviendra progressivement immense au cours des décennies à venir, alors que le Nigéria atteindra un poids démographique à peine inférieur à celui de l'Inde et de la Chine. En ce sens et par la force des choses, le Nigéria est appelé à devenir un pays de plus en plus important au plan de l'évolution prévisible de l'ensemble du continent africain, dans le domaine économique, au nord comme au sud de la bande saharienne, quoique sans doute davantage au sud pour des raisons ethno-culturelles. Le Nigéria devrait donc devenir, en toute vraisemblance, le pôle économique du continent africain, surtout dans son versant sud-saharien.


Enfin, il faut mentionner ici le cas particulier de l'Éthiopie, un des trois pays initiaux du mouvement économique bricsien en sol africain. L'Éthiopie, dont la capitale Addis Abeba héberge le siège de l'Union africaine (UA), est déjà un pays important au plan démographique, économique et politique, comme chacun sait, mais cette contrée devrait aussi prendre, au cours des prochaines décennies, une place encore plus centrale au sein des pays du monde, tant dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud. S'il est d'ores et déjà possible d'estimer que le Nigéria devait devenir graduellement le pôle économique et démographique de l'ensemble des pays du continent africain, l'Éthiopie se positionne peut-être comme le futur centre des trois grandes masses continentales que sont l'Afrique, l'Asie et l'Europe.


* * *

L'évolution de l'empreinte géographique bricisienne emprunte la trajectoire suivante:

  1. RIC                 (Russie, Inde, Chine)
  2. BRIC               (ajout du Brésil)
  3. BRICS             (ajout de l'Afrique du Sud)
  4. BRICS+           (ajout de l'Égypte, de l'Éthiopie, des Émirats arabes unis et de l'Iran)
  5. BRICS++         (ajout d'une douzaine de pays associés, mais non membres)
  6. BRICS+++       (ajout de l'Indonésie en tant que membre)

Chronologiquement parlant, les trois premiers membres des BRICS sont donc la Chine, la Russie et l'Inde. En tout vraisemblance, on peut supposer que l'impulsion initiale du projet bricsien provienne de la Chine, ses deux voisins y adhérant dans la foulée d'un processus dont la nature demeure encore floue aux yeux du grand public.


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