LES TENTACULES DU PASSÉ
Les tentacules du passé, ce sont les lignées patrilinéaires et matrilinéaires qui nous relient au début de la reproduction sexuée.
C'est simple. Prenons le cas d'une femme: elle a eu une mère, qui a eu elle-même une mère, qui a eu une mère, qui a eu une mère, qui a eu une mère, et ainsi de suite, sans la moindre interruption, pendant des dizaines de millions d'années, formant une chaîne. L'absence de ne serait-ce qu'un seul maillon, un seul chaînon, aurait interrompu ces lignées matrilinéaires et patrilinéaires.
Ces chaînes sont ancrées dans le passé le plus profond, dans la soupe originelle, et leur extrémité actuelle est en croissance, vers l'avenir, avec la formation continuelles de nouvelles générations. Chaque génération représente un maillon additionnel prolongeant la chaîne vers l'avenir.
J'ai trois filles. Chacune d'entre elles souhaite avoir des enfants eti, possiblement, suite à cela, pourrait même devenir grand-mère un jour, puis arrière grand-mère, dans un avenir où je ne serai plus qu'un lointain souvenir pour elles. C'est un peu l'histoire de notre espèce, avec des chaînes venant du passé, traversant le présent et, dans la plupart des cas, se prolongeant vers le futur, comme autant de brins de corde qui, temporellement et spatialement, s'entrecroisent et forment des regroupements apparentés, i.e. des familles, des clans, des tribus, des nations et des peuples. Nous sommes tous inter-reliés, avec une origine commune en tant qu'espèce, plus précisément sur le continent africain, berceau de toute vie humaine.
Le temps s'écoule comme une rivière, du passé perceptible (l'océan des origines) vers le présent, puis vers l'avenir à venir. Disons-le en d'autres mots: le temps va de l'amont (une source ou ne mare éloigné) vers le lieu où nous sommes présentement, puis vers l'aval, sous la forme d'un lieu encore inexploré. Les chaînes du temps, ces maillons qui représentent autant de générations humaines, forment quelque chose qui ressemble à une courroie en mouvement, avec des colis se déplaçant dans la même direction. La vie humaine peut se décrire comme un ruban où le curseur de la conscience va toujours dans le même sens, telle une attache glissant sur un zipper. On se dirige dans un sens, mais pas dans un autre, ni plus vite que le courant, à moins d'imaginer une machine temporelle capable de reculer dans les rivières du temps, remonteant ainsi à contre-courant vers les origines, ou capable de descendre ces rivières plus rapidement que leur courant naturel.
Personnellement, je doute que de tels machines puissent exister hors des romans ou des films de science-fiction. La seule machine temporelle que nous connaissons, c'est une machine de nature organique et non mécanique, sous la forme de notre enveloppe corporelle (et de l'esprit qui s'y trouve et le dirige), avec une création, un début de parcours, à un certain moment donné. Cette enveloppe est emportée par les courants du temps, à leur vitesse de croisière, jusqu'au jour de notre disparition.,qu'elle soit involontaire ou volontaire, accidentelle ou naturelle. Notre mémoire individuelle conserve le souvenir des remous et des incidents de parcours expérimentés lors d'un tel déplacement, un peu comme le journal de bord d'un navire. L'ensemble des mémoires individuelles forme la mémoire collective d'un groupe de gens ayant des liens en commun, qu'il s'agisse de familles, de tribus ou de nations, mais aussi d'associations de scientifiques, de citoyens d'un pays ou d'un empire, de coopératives d'artisans ou d'artistes, de guildes de marchands,, d'associations de gens d'affaires, etc. L'ensemble des diverses mémoires collectives équivaut à la somme totale de toutes les connaissances, les expériences et les savoirs de l'espèce.
Une telle somme n'a jamais été centralisée et mise ensemble. Le site Internet de Wikipédia, dans toutes ses déclinaisons linguistiques, est peut-être, de nos jours, la tentative qui se rapproche le plus d'un tel ensemble de mémoires collectives, à mon sens, comme l'ont été à une autre époque l'Encyclopédie entreprise dans la France pré-révolutionnaire par les Diderot et compagnie ou l'Encyclopediae Britannica plus récemment.
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