(Basé sur trois affichages faits sur Linked In ces derniers jours.)
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Mme von der Leyen doit démissionner de son poste de présidente de l'Union européenne ou, à défaut, il faut qu'elle soit poussée vers la porte de sortie.
De toute évidence, elle n'est pas la personne dont les Européens ont besoin pour défendre les intérêts économiques et budgétaires de l'Union européenne, menacés par les impératifs politiques et militaires de l'Amérique trumpienne.
Il y a un danger réel que l'Union européenne se détricote si un plus grand nombre d'Européens continuent à penser que la Commission ne les représente pas suffisamment et ne les défend pas assez devant une Amérique qui, visiblement, souhaite que l'Europe soit à genoux devant elle.
Ce que les Trumpiens veulent, essentiellement, c'est d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Ils souhaitent:
- que les États-Unis exportent davantage vers l'Europe,
- que les importations européennes viennent renflouer le budget fédéral,
- que les Européens achètent davantage d'armements aux entreprises américaines,
- que les Européens assument aussi tout l'effort financier qu'implique le soutien à l'Ukraine,
- que les entreprises européennes investissent des centaines de milliards de dollars aux États-Unis et
- que les pays européens achètent des produits énergétiques américains à coup de centaines de milliards de dollars.
Devant une telle liste, on voit mal ce que l'Union européenne gagne exactement dans ce qui ressemble moins à un accord qu'à un coup de force. Il est vrai, cependant, qu'il y a un côté "arnaque' dans l'approche musclée que les Trumpiens ont choisi d'adopter, non seulement avec leurs alliés européens mais aussi avec leurs alliés asiatiques, notamment les Japonais et les Sud-Coréens.
Le mur multinational que les Trumpiens espèrent ériger comme protection autour de leur propre pays, contre la Chine, a ainsi des fondations étonnamment fragiles. Cela fait un peu penser à la Ligne Maginot qui devait protéger la France contre les Allemands mais qui n'a pas vraiment joué son rôle, faute d'avoir été assez longue.
Pour les Trumpiens, cette vision à courte vue ne présage rien de bon: le paquebot America a un capitaine qui ne comprend rien à la navigation. Il ne fera peut-être pas naufrage, comme le Titanic, mais il risque de connaître bien des déboires, tout comme les malheureux et les malheureuses qui se trouvent à son bord.
Pour ce qui est de l'Union européenne, la classe politique envoie des signaux mixtes. Certains semblent vouloir poursuivre dans la voie adoptée, avec enthousiame, Daddy ayant évidemment toujours raison, surtout quand il s'exprime en anglais, la langue des maîtres. D'autres semblent avoir des doutes et ne savoir que faire. D'autres, enfin, semblent jouer un double jeu, plus ou moins bien dissimulé, multipliant officiellement les génuflexions devant Trump mais travaillant en réalité à recentrer l'Europe sur elle-même, discrètement, ayant compris (avec raison) que l'alliance atlantique appartient de plus en plus au passé.
Quoi qu'il en soit, Mme von der Leyen a fait son temps et doit quitter la scène, le plus tôt étant le mieux. Pour la remplacer, il faudrait quelqu'un du troisième camp, une personne qui est centrée sur l'Europe, ainsi que sur ses besoins et ses intérêts, mais qui est également capable de faire preuve de rouerie, soit en donnant le change à Trump en privé, soit en ayant le courage de le contredire en public, tout en ayant la sagesse de ne pas trop en faire, le président américain étant aussi irresponsable et dangereux qu'un enfant de cinq ans armé d'un revolver chargé.
L'Europe est à la croisée des chemins. Restera-t-elle une vassale des États-Unis, la superpuissance qui la protège depuis la Seconde guerre mondiale? Se prendra-t-elle enfin en main au plan militaire, tout en faisant concurrence au plan politique et idéologique aux puissances eurasiatiques et en coopérant au plan économique et commercial avec tous les pays, proches ou lointains, qui souhaitent faire affaires avec elle, que ce soit les États-Unis ou la Chine?
Le monde a besoin d'une Union européenne forte et active, mais à la condition qu'elle soit représentative des pays qui la composent, qu'elle soit à leur service et qu'elle regarde vers l'avenir, pas le passé.
Mme von der Leyen, bien malheureusement, n'est plus la personne qui convient pour assumer la présidence de la Commission européenne.
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En passant, il y a au moins deux bonnes raisons qui expliquent la grande différence entre les sondés polonais et les sondés originaires d'Espagne, de France, d'Italie et d'Allemagne.
La première est d'ordre économique. Ces quatre pays ont une économie plus importante que celle de la Pologne et le domaine des exportations et des importations y a bien plus de poids. La Pologne exporte relativement peu, comparativement aux quatre autres pays. Le chantage trumpien liant les dépenses militaires aux questions commerciales n'y a donc pas la même résonance.
L'autre raison est d'ordre géographique et historique. La relation entre la Pologne et la Russie, au plan historique, a été très douloureuse tout au long du siècle dernier. Qui plus est, la Pologne est le seul des cinq pays sondés à avoir une longue frontière commune avec la Russie, au nord-est (secteur de Kaliningrad), mais aussi avec la Biélorussie (un proche allié de la Russie), à l'est, et avec l'Ukraine (un très probable futur allié de la Russie, un effondrement du front apparaissant de plus en plus possible au cours des prochains mois), au sud-est.
La Pologne est donc aux premières loges et la menace sécuritaire y est donc perçue très différemment que dans le reste de l'Union européenne, si bien que les États-Unis y ont meilleure presse que la Fédération russe.
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https://legrandcontinent.eu/fr/2025/09/09/10-points-eurobazooka/
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