LE BRAS DE FER GUINÉEN

 


(Texte basé sur deux affichages faits sur Linked In aujourd'hui.)


La rivalité politique entre la Chine et les États-Unis fait des étincelles jusqu'au Fouta Djalon.

Dans huit jours, sera officiellement démarré le gigantesque projet minier du Simandou, dans le sud-est guinéen, marquant la mise en production d'un gisement exceptionnel de fer, destiné aux aciéries chinoises, à court terme, mais aussi africaines, à terme, au Nigéria et en Guinée même, sur le littoral de ce pays du golfe de Guinée, juste au sud de sa capitale, Conakry.

Avec les toutes nouvelles technologies chinoises de transformation quasi-instantanée du fer en acier, permettant la production d'acier beaucoup plus près des lieux d'extraction du fer et évitant du coup la coûteuse nécessité de transporter par mer ou par rail le minerai ferreux, une substance évidemment très pondéreuse, donc très dispendieuse à déplacer, c'est en effet toute la région de l'Afrique occidentale qui peut espérer devenir éventuellement un centre de production d'acier majeur, pas à court terme, bien sûr, mais à long terme, dans un horizon se comptant en décennies, étant donné que l'Afrique de l'Ouest est non seulement un lieu important de production de fer, avec le gisement de Simandou, entre autres, mais aussi un marché de consommation d'acier en pleine expansion, avec une économie régionale en croissance rapide et une démographie tout aussi en expansion.

On sent, entre les partenaires occidentaux du projet, notamment le fournisseur américain des locomotives, et les partenaires chinois, qu'existe un certain inconfort, voire une méfiance plus que certaine, fruit évident des tensions entre la Chine, émergente au plan économique, et les États-Unis, en déclin relatif, tandis que l'État guinéen, propriétaire du sol, tente de calmer le jeu et de maximiser les retombées locales et régionales de ce projet particulièrement important pour l'industrialisation de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest.

Il faut espérer, pour le bien de l'ensemble de l'Afrique occidentale, que les Guinéens sauront comment gérer ces difficultés et calmer les tensions entre les compagnies occidentales et les compagnies chinoises qui coopèrent tant bien que mal dans ce projet.

Soit dit en passant, l'occasion peut être belle, pour la France, de redorer son blason dans ce secteur de plus en plus important du globe, surtout si l'on tient compte des relations difficiles qui existent actuellement entre la patrie de Voltaire et l'alliance des pays sahéliens, par les temps qui courent.

La Guinée, notons-le, fait en quelque sorte le pont entre les pays guinéens de la côte ouest-africaine, membres de la CÉDÉAO, dont elle est cependant suspendue pour l'instant, et les pays sahéliens de l'intérieur, membres de l'AÉS, récemment séparés de ladite CÉDÉAO, surtout à cause de l'impact grandissant de l'insurrection djihadiste qui fait rage dans les pays de l'intérieur depuis des années, qui menace de plus en plus les grandes villes et les capitales des pays sahéliens et qui commence même à déborder hors de ceux-ci pour frapper l'intérieur des pays de la côte guinéenne, du Sénégal au Nigéria.

Cette insurrection, apparement née d'un conflit à caractère économique, social et ethnique, entre les riches et les pauvres, entre les ruraux et les urbains, ainsi qu'entre certains peuples, dont les Peuls, vus comme étrangers, et d'autres ethnies sahéliennes, est cause d'un grand malheur dans l'ensemble de cette partie du continent africain, notamment l'aire sahélienne, amenant appauvrissement généralisé de populations déjà vulnérables et dévastations économiques au niveau de l'appareil productif, sans même parler des pertes de vie en grand nombre et du déplacement forcé de ceux et celles qui survivent aux dévastations, tout en faisant planer une ombre d'insécurité qui, cela va de soi, est profondément nuisible, non seulement au développement des pays sahéliens comme tels, mais aussi à celui de l'ensemble des pays de l'Afrique occidentale subsaharienne.

https://www.jeuneafrique.com/1736326/economie-entreprises/guinee-simandou-terrain-de-jeu-de-la-rivalite-chine-etats-unis/

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