L'AFRIQUE À L'AUBE DE SON DÉCOLLAGE ÉCONOMIQUE

 



(Article basé sur trois affichages effectués sur Linked In, aujourd'hui.)


Le texte d'opinion ci-bas est très intéressant et montre que les enjeux africains commencent enfin à être mieux compris par les Occidentaux.

Les défis qui confrontent l'Afrique, notamment subsaharienne, sont nombreux, mais ils contiennent aussi, en eux-mêmes, les germes des solutions qui sont nécessaires pour que les Africains et les Africaines disposent des outils pour les relever au mieux, à long terme.

La situation démographique et économique semble inquiétante, à prime abord. Le plus pauvre des continents est aussi celui qui croît le plus rapidement. Les bouches à nourrir sont nombreuses et le deviendront encore plus au cours des prochaines décades, alors que les moyens économiques demeurent rudimentaires par rapport à ce qui existe ailleurs, en Europe, en Asie, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Océanie.

Par contre, le continent dispose d'atouts importants. Ses terres sont très fertiles et permettent souvent plus d'une récolte par année. Dans la plupart des cas, toutefois, l'agriculture et l'élevage demeurent de simples activités de subsistance, menées habituellement dans un cadre familial et villageois, avec une mécanisation quasi-inexistante et des rendements très faibles. Bien des terres cultivables ne sont même pas cultivées. Une rationalisation est évidemment possible dans un tel contexte, avec l'ouverture graduelle de nouvelles terres, exploitées d'une façon commerciale pour maximiser les rendements et s'assurer que les besoins de base soient couverts, malgré l'accroissement rapide de la population.

D'une manière générale, ces pistes de solution sont bien connues et appliquées par les gouvernements concernés, bien que les contextes particuliers de chaque pays ne peuvent être ignorés (planification parfois fautive, conséquences imprévisibles des changements climatiques, problèmes occasionnels de corruption au niveau administratif et/ou politique, troubles générés par des conflits sociaux, religieux ou ethniques, etc.).

Par ailleurs, le continent est aussi favorisé par la richesse de son sous-sol, quoique la mise en exploitation des mines n'est pas sans entraîné parfois aussi son lot de problèmes. Au plan manufacturier, l'Afrique se trouve à une étape encore préliminaire mais s'engage déjà d'une manière prometteuse dans un processus d'industrialisation qui s'étendra vraisemblablement sur des décennies.

Ici, ses faiblesses sont des forces en puissance. Le faible coût de la main-d'oeuvre africaine sera sans doute le plus grand levier dont disposera le continent dans son développement économique, avec l'abondance des richesses minérales. L'industrialisation de la Chine a été rendue possible par le transfert graduel de la main d'oeuvre agricole vers les manufactures urbaines, un mouvement planifié et coordonné par les autorités centrales, régionales et locales, avec une montée progressive des rémunérations industrielles au fil des années.

L'Afrique amorce à son tour un processus similaire, mais avec des résultats inégaux jusqu'ici, variant de pays en pays, selon les situations qui existent localement, notamment au niveau de la paix civile, de la qualité de la planification, des capacités de coordination de chaque État, des potentiels agricoles et miniers de chaque pays, etc. À ce stade de son développement, si elle veut surmonter adéquatement ses défis au plan économique et au plan démographique, l'Afrique doit réussir son virage industriel et mettre un terme à l'extrême pauvreté où vit encore une trop grande partie de sa population. Pour ce faire, elle a évidemment besoin de toutes les sources d'investissement possible, qu'elles soient d'origine européennes, chinoises, japonaises, indiennes, américaines ou autres. Elle doit aussi composer avec son passé et l'héritage qui en découle aujourd'hui, positif comme négatif.

Depuis la nuit des temps, l'Afrique subsaharienne se caractérise par une impresssionante diversité culturelle, linguistique et ethnique, un degré de diversité bien plus élevé que dans la plupart des autres régions du monde. Il est important de souligner ici qu'avant la colonisation européenne, chaque ethnie constituait un royaume distinct, avec sa propre langue, ses coutumes, sa famille royale, sa cour, son armée, etc, le tout formant ainsi une poussière de micro-États parfois minuscules. Certains royaumes ne comptaient que quelques milliers d'individus. Tous ces mini-pays avaient des relations variables avec ses voisins, avec lesquels ils étaient parfois en paix, parfois en guerre, sans cesse, au gré des événements, selon des alliances qui se nouaient et se dénouaient continuellement.

Les puissances coloniales, malgré tout les reproches qui peuvent légitimement leur être faits, auront au moins eu l'utilité de créer des ensembles plus vastes que les royaumes initiaux. La plupart des ex-colonies européennes qui sont devenues indépendantes au siècle dernier comptent aujourd'hui des dizaines, parfois même des centaines, d'ethnies différentes, chacune de ces ethnies étant implantée durablement et profondément dans son territoire particulier, qu'elle cultive et exploite depuis des siècles, chacune d'entre elles constituant encore une société en soi, avec sa langue, ses coutumes, sa mémoire collective et tout ce qui la distingue de ses voisines. La plupart des pays africains peuvent en conséquence être comparés à des empires pluri-ethniques, encore plus complexes au plan socio-linguistique que ne l'était l'ancienne Union soviétique, malgré des superficies territoriales relativement plus petites, géographiquement parlant.

La période post-coloniale a ouvert un nouveau chapitre dans la longue histoire de l'Afrique, une période où l'héritage du colonialisme européen se prolonge indirectement par l'empreinte culturelle et linguistique qu'ont laissé derrière elles les puissances occupantes dans un milieu hautement fragmenté. Si les langues européennes, notamment le français, l'anglais, le portugais et l'espagnol, continuent souvent d'être utilisées au niveau administratif et politique, c'est surtout parce que les langues nationales sont extrêmement nombreuses et que leurs locuteurs ne se comprennent pas toujours.

En bout de ligne, il en ressort que l'héritage colonial a ajouté une couche supplémentaire de complexité à une réalité ethnique et linguistique déjà difficile à démêler en elle-même. Il faut aussi signaler que les langues d'origine européennes qui sont utilisées en Afrique induisent aussi, indirectement, des comportements et des attitudes propres à leur nation d'origine.

Cet état de chose, d'ailleurs, est assez flagrant dans le texte ci-bas où peuvent se sentir des relents de supériorité raciale, lorsqu'il y est question de comparaisons entre les ex-colonies britanniques et les ex-colonies françaises, les premières étant supposément meilleures et mieux nées que les secondes! La vieille animosité entre la France et l'Angleterre a visiblement la vie dure.

N'empêche que l'Afrique, elle, est plurielle depuis la nuit des temps et que c'est justement ce qui fait son charme et, d'une manière paradoxale, sa singularité...

https://www.theglobeandmail.com/opinion/article-west-africa-sahelian-countries-independence-postcolonial-domination/

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