LA CRISE SAHÉLIENNE S'ENVENIME
(Affichage fait sur Linked In aujourd'hui, jeudi 17 octobre 2025)
C'est de plus en plus inquiétant. La crise jihadiste continue de prendre de l'ampleur dans les trois pays de l'alliance sahélienne: le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette insurrection semble être le produit d'un croisement entre une lutte sociale et une guerre ethnique. Malgré la distance, on croit deviner qu'il y a un ressentiment social entre les musulmans les plus riches et les musulmans les plus pauvres, les seconds enviant les premiers. Ce facteur est aggravé par une dimension ethnique, une partie appréciable, mais difficile à évaluer en nombre, des insurgés appartenant à l'ethnie peule, composée surtout d'éleveurs éparpillés et dispersés un peu partout en Afrique occidentale, surtout dans les pays de l'intérieur, mais aussi dans ceux de la côte. Les Peuls sont nombreux à soutenir cette insurrection, créant une cassure ethnique avec les autres peuples sahéliens, d'origine surtout bantoue. Un autre facteur aggravant, c'est la présence d'acteurs extérieures connaissant peu l'Afrique, ses réalités et et ses complexités. Les mercenaires russes qui se vantaient, dans leurs réseaux sociaux, des tortures et des tueries commises envers les Peuls, n'ont pas contribué positivement à résoudre le conflit. Actuellement, il s'agit d'une guerre de basse intensité, une guérilla, essentiellement, les insurgés contrôlant les campagnes la nuit, les forces armées sahéliennes faisant de même le jour. Les insurgés se cachent dans les forêts la nuit, alors que les soldats rentrent dans leurs bases à la nuit tombée. Le jour, les insurgés disparaissent dans le paysage, alors que les soldats font des patrouilles un peu partout, mais sans voir personne. Les informations disponibles laissent entendre que l'insurrection prend encore de l'ampleur, spatialement, avec un début de débordement dans les pays bordant toute la côte ouest-africaine, mais aussi stratégiquement, avec l'amorce d'un encerclement des principales villes, surtout les capitales. Il est évidemment bien trop tôt pour parler d'un siège en bonne et due forme pour les capitales sahéliennes, mais il n'est pas impossible que l'insurrection dégénère jusqu'à un tel point, rendant une intervention des pays côtiers inévitable, de façon à empêcher la capture de l'une ou l'autre des trois capitales, ce qui serait possiblement suivi d'une mise à sac complète des lieux, voire même d'un massacre généralisé et chaotique. L'article de la revue Jeune Afrique implique que la situation de Bamako est pire que celle de Ouagadougou, celle-ci parvenant encore à s'approvisionner en carburant, malgré l'insécurité des campagnes et les craintes compréhensibles des camionneurs. Il est probablement encore possible de renverser la vapeur, mais cela exigerait une bonne coordination entre les pays guinéens et les pays sahéliens, ce qui n'est pas évident pour l'instant. Cela impliquerait aussi, en toute probabilité, une intervention extérieure à plusieurs niveaux: images satellites, effectifs, armements, moyens de transport, moyens de communication, etc. Les sources possibles d'un tel soutien restent à identifier: Fédération de Russie, pays occidentaux, pays arabes, etc. La France serait probablement disposée à offrir son soutien, mais elle a bien mauvaise presse pour l'instant, tant auprès des dirigeants sahéliens que des collectivités locales.
https://www.jeuneafrique.com/1730251/economie-entreprises/blocus-du-jnim-au-mali-la-crise-du-carburant-gagne-doucement-le-ciel/
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