DE GRYTVIKEN À LA LUNE ET MARS

 

Ce graphique, tiré d'une étude faite par l'Organisation de coopération et de développement économiques sur l'économie spatiale, compare l'évolution des budgets spatiaux de plusieurs pays entre 2008 et 2023. On notera d'abord que ces sommes, proportionnellement, sont relativement petites par rapport à la taille globale de l'économie de chaque pays (échelle du bas). Ensuite, on voit. que plusieurs pays, dont les États-Unis et la Chine, mais aussi la Belgique et l'Inde, affichent une baisse relative de leur budget, possiblement à cause des effets désastreux de la pandémie mondiale sur l'état de l'économie de la planète. À l'inverse, d'autres pays ont connu une augmentation de leur budget spatial, comme la France, l'Espagne, l'Allemagne, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, la Roumanie, la Hongrie, la Suisse, la République tchèque ou, d'une façon aussi anecdotique qu'impressionnante, le Luxembourg, un tout petit pays, peu populeux et souvent oublié, mais dont le revenu per capita est l'un des plus élevés au monde.


(Texte provenant de deux affichages faits sur Linked In, aujourd'hui, le 26 octobre 2025)


La première course à l'espace relevait surtout d'un impératif politique, d'abord et surtout, et se résumait essentiellement à une simple (et bête) question de prestige: déterminer qui serait le premier à planter le drapeau de son pays sur le sol lunaire.

Finalement, le premier drapeau ainsi planté ne fut pas celui de l'Union soviétique, mais celui des États-Unis. Les missions Apollo furent peu nombreuses et brèves, quoique très coûteuses, et eurent surtout pour effets pratiques: 1) d'abandonner plusieurs tonnes de matériel d'origine américaine sur la surface de notre satellite naturel et 2) de ramener quelques kilos de sol lunaire sur notre planète, à un coût faramineux dans les deux cas.

Une cinquantaine d'années plus tard, dans le cadre d'une nouvelle rivalité entre deux États puissants, cette fois-ci les États-Unis et la Chine, chacun d'eux secondé par une grappe d'autres pays, une nouvelle course s'est engagée, non plus avec la Lune comme seul objectif mais avec la Lune et Mars dans le collimateur. De surcroît, il n'est plus question de faire simplement une série de courtes visites brèves, mais d'implanter un certain nombre de bases permanentes, à la surface de ces astres mais aussi en orbite.

L'échelle n'est plus la même, l'effort n'est plus de la même ampleur et les coûts ne sont plus du tout comparables. S'iIs étaient déjà énormes au siècle dernier, ils le sont encore bien davantage au cours de ce siècle. Il est donc important de porter un oeil sévère sur l'aspect de la justification économique d'un tel projet.

Tant et aussi longtemps que la guerre ukrainienne se poursuivra et que ses effets dérivés (guerre au Moyen-Orient, conflits au Caucase, au Cashemire, au Cambodge et, possiblement, un jour, au Vénézuela) se continueront, les pays les plus puissants et les plus riches injecteront des sommes considérables en dépenses militaires et en soutien budgétaire aux belligérants concernés, notamment l'Ukraine et la Russie, tout en entravant indirectement le développement économique général de l'ensemble des pays du monde par la mise en place de sanctions économiques réciproques et de guerres commerciales à courte vue.

Il va de soi que ces guerres coûtent les years de la tête et que les dépenses qu'elles engendrent ne peuvent en aucun cas être considérés comme productives et utiles. Nul ne sait à quel moment la guerre ukrainienne se terminera et personne ne peut dire si la guerre moyen-orientale, présentement interrompue, reprendra un jour. Ce qui est sûr, toutefois, c'est que la reconstruction de l'Ukraine et celle de la bande de Gaza prendront des années pour se realiser et qu'elles exigeront vraisemblablement des capitaux considérables.

Il en ressort qu'en toute probabilité, les deux puissances engagées dans cette course prendront garde de limiter les dépenses initiales qu'implique le développement graduel de bases sur la Lune et sur Mars. 

Plusieurs ressources économiques peuvent être exploitées dans l'espace, que ce soit en orbite de la Terre ou d'autres corps célestes, ainsi qu'à la surface des astres les plus proches, tout particulièrement de la Lune et de Mars, ceux qui sont le plus facilement accessible et qui sont aussi les plus propices à une implantation humaine, qu'elle soit permanente ou occasionnelle, par le biais de bases de petite taille ou d'habitats humains plus conséquents, avec une occupation par rotation d'équipage ou une occupation à plus longue échéance et à caractère familial.

En orbite terrestre, les satellites artificiels assurent déjà une présence économique enviable et ce, depuis des décennies. Les stations orbitales, d'abord rares et très brièvement occupées, deviennent relativement communes, au point de ne presque plus faire rêver. Elles prennent de l'ampleur, en dimensions, et assument de plus en plus de fonctions utilitaires.

L'apparition du secteur privé, au niveau des stations orbitales, ainsi que des lanceurs, est très prometteuse et devrait avoir pour effet d'augmenter graduellement la fréquentation du domaine orbital, notamment au niveau du tourisme spatial et de l'entretien/réparation des satellites.

Sur la Lune et sur Mars, les matières commercialement utilisables, présentes à la surface, dans le sol ou dans le sous-sol, pourraient avoir une valeur économique suffisante pour justifier leur exploitation, dépendamment de leur nature et de leur degré d'abondance, par les pays ayant les capacités technologiques de le faire.

En cela, les possibles futures bases lunaires pourraient ressembler aux stations baleinières norvégiennes et britanniques qui émaillaient autrefois les côtes de la Géorgie du Sud, comme Grytviken, Stromness, Husvik, Leith Harbour, etc.  Chacune de ces stations était un monde en soi et ressemblait à un petit village industriel comptant un grand nombre d'ateliers, de machines et d'équipements divers servant à découper, bouillir et transformer en aliments la matière première (graisse, viande et ossements de baleines) qu'attrapait une petite flottille de pêche, sans parler d'un grand nombre de services auxiliaires de toutes sortes (boulangerie, quincaillerie, cinéma, église, poste radio, station hydro-électrique, etc.), tout cela pendant des décennies, avec des effectifs fluctuants, surtout masculins, mais pas uniquement.

Dans une optique à long terme, Mars est bien plus intéressant que la Lune. Cette dernière est plus proche et plus facile d'accès que Mars, il est vrai, mais sa très faible gravité et son atmosphère ténue, presqu'inexistante, la défavorisent par rapport à sa consoeur plus éloignée et plus vaste, Mars. Le potentiel de celle-ci est beaucoup plus prometteur au plan de l'exploitation économique, d'autant qu'elle pourrait aussi faire l'objet d'opérations de terraformation au cours des décennies au niveau de son atmosphère, en vue de donner graduellement à celle-ci un peu plus de consistance.





Commentaires

Les articles les plus consultés

CANADA: FROM KINGDOM TO REPUBLIC

UKRAINE, THE UNENDING WAR

EXPELLING ISRAEL FROM THE UNITED NATIONS