LE DADDY, LE DANEMARK ET LE DRAGON
En noir, le monde occidental, selon la vision américaine des choses. Notez que la Biélorussie en fait déjà partie, sans même qu'elle ne le sache, et que l'Ukraine est destinée elle aussi à être avalée par la pieuvre américaine, via les tentacules de son extension en sol européen (et canadien), l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (OTAN).
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(Affichages parus récemment sur Linked In.)
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C'est passionnant. Donald Trump continue d'être obsédé par le Groenland, qu'il réclame pour son pays en tant que plate-forme de défense et d'attaque contre la Russie, directement, et la Chine, indirectement, lesquels sont de plus présents en Arctique, pour des raisons de protection militaire, dans le cas de Moscou, et d'activités liées à la recherche scientifique et au transport commercial, dans le cas de Beijing. Cet article du Grand continent (et les révélations publiées par le journal danois DR, apparaissant en annexe) sont éloquents et montrent bien qu'il s'agit d'une intention de longue haleine, remontant à bien avant l'investiture de janvier et se déclinant jusqu'ici en trois phases bien distinctes. Cette question reste donc en suspens, d'autant que le deuxième mandat trumpien ne fait que commencer et que la possibilité qu'il soit suivi d'un premier mandat vancien ne peut etre écartée pour l'instant. Le Grand continent est une revue française créée en 2019. Une version en langue espagnole est disponible depuis mars 2022, soit peu après l'invasion de l'Ukraine. D'autres éditions en langue étrangère sont prévues au cours des prochains mois. Le graphique de la revue portant sur les perceptions du public de huit pays qui sont membres à la fois de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation du Traite de l'Atlantique nord (OTAN), face à cette délicate question, est aussi fort instructif. Sans surprise, les citoyens qui s'opposent le plus à une main-mise américaine sur le Groenland (un territoire autonome associé au royaume danois), sont les Belges, dans une proportion de 80 %. On sait que Bruxelles accueille le siège de l'UE et de l'OTAN. En fait, les seuls à rejeter une telle possibilité encore plus fortement, ce sont les Allemands, dont 81 % se disent tout à fait opposés à une annexion de force. Les Français et les Espagnols suivent, avec respectivement 70 et 72 % d'opposition. Les Italiens, dont le gouvernement actuel est plutôt accommodant avec Washington (tout comme ceux de l'Allemagne et du Japon), suivent, avec 65 %, tout comme les Danois, d'ailleurs. Les Néerlandais et les Polonais ferment la marche, avec 52 % et 45 % d'opposition complète à une annexion, respectivement. De tels résultats soulignent l'existence de divergences de vue entre certaines populations et certains gouvernements nationaux, particulièrement en Europe du Nord et en Europe de l'Est. Ces divergences tiennent a plusieurs facteurs. Certains dirigeant-e-s entretiennent encore les réflexes de la Guerre froide américano-soviétique. Certains peuples (Italiens et Allemands, mais aussi Japonais) ont été colonisés culturellement par les Américains depuis 1945 (ou plus récemment dans le cas des Allemands de l'Est). Il y a d'autres facteurs, dont la vieille faille entre tradition catholique (Europe du Sud) et tradition protestante (Europe du Nord), mais aussi la communauté de langue et de culture entre les Américains et les Britanniques, sans parler des Irlandais Dans le cas des Irlandais, cette communauté linguistique et culturelle se double d'une forte dépendance économique, liée à la grande importance des entreprises du domaine numérique dans l'économie de la République irlandaise. Il y a aussi le poids de l'histoire, avec son effet entropique sur les mentalités collectives. C'est certainement le cas de la Pologne, dépecée, morcelée et rapiécée à maintes reprises, les Polonais ayant été condamnés par la géographie à vivre au milieu d'une grande plaine ouverte, entre deux puissants voisins, les Allemands et les Russes. Ce doit être pour cette raison qu'ils ont la mémoire longue et qu'ils se font bien peu d'illusions sur la nature réelle des relations entre les peuples... Tout cela n'est cependant pas le seul enseignement prodigué par le graphique de la revue. Il faut bien parler ici de l'incontournable facteur Trump, cet élément imprévisible et parfois surprenant. Non seulement tente-t-il d'arnaquer l'Union européenne pour renflouer les caisses de plus en plus vides de Washington (et pour consolider cette créature américaine qu'était, qu'a toujours été et que demeure l'OTAN encore aujourd'hui), mais il souhaite aussi projeter une image paternelle envers les peuples d'Europe, relayé par un Otanien d'origine néerlandaise au-dessous de tout, poussant la flagornerie et l'à plat-ventrisme jusqu'à l'appeler Daddy devant les caméras de television! Daddy Trump protège donc l'Europe et veut son bien, tel un bon pere de famille, à en croire les pro-Trumpiens néerlandais. C'est probablement la meilleure façon d'interpréter ou d'expliquer le fait que les Néerlandais sont les plus nombreux de tous, à un taux de 10 %, à trouver tout à fait acceptable que Daddy Trump s'offre le Groenland pour déjeuner, contre la volonté des Danois et, surtout, des Groenlandais eux-mêmes.
https://legrandcontinent.eu/fr/2025/08/27/des-citoyens-americains-lies-a-trump-seraient-impliques-dans-une-campagne-visant-a-creer-un-mouvement-secessionniste-au-groenland/
Pour la construction européenne, le tandem franco-allemand, c'est comme l'hémisphère gauche et l'hémisphère droit du cerveau de n'importe quelle personne, c'est-à-dire quelque chose d'indispensable et d'incontournable. L'un ne va pas sans l'autre. L'Europe ne peut avancer du même pas vers son avenir sans la France ou sans l'Allemagne. L'avenir de l'Europe (et, probablement, celui du Québec aussi) dépend du bon fonctionnement de ce moteur franco-allemand, dont les ratés ne seraient pas sans conséquence néfaste, au cours des prochaines années.
https://www.lemonde.fr/international/article/2025/08/28/la-relance-du-moteur-franco-allemand-s-annonce-difficile-entre-incertitudes-politiques-en-france-et-desaccords-sur-les-projets-d-armement_6636805_3210.html?lmd_medium=email&lmd_campaign=trf_newsletters_lmfr&lmd_creation=a_la_une&lmd_send_date=20250828&lmd_link=tempsforts-link&M_BT=43784327392868&random=515759827
Il est très possible d'imaginer une Union européenne poursuivant des stratégies et des politiques élaborées sur mesure pour chaque puissance ou regroupement de puissances. Par exemple, rien n'empêche une telle Union européenne, plus forte et plus autonome, d'entretenir des relations de coopération économique envers la Chine, fructueuse pour les deux, tout en rivalisant avec elle au plan de l'influence politique et culturelle. Ça semble d'ailleurs la voie qui se dessine en Afrique occidentale, un secteur où, visiblement, l'Espagne et la France travaillent de concert avec le royaume chérifien pour reprendre pied, en commençant par le début, auprès des populations des régions maghrébines, sahariennes, sahéliennes et guinéennes. C'est bien tant mieux pour l'Afrique, continent dont la population, jeune et en plein essor, a évidemment besoin de toutes les sources d'investissement possible. L'Afrique, économiquement, surtout au sud du Sahara, mais également au nord, est un Eldorado en puissance, une énorme masse continentale qui, au niveau du développement, se situe là où se trouvaient la Chine, il y a deux générations, et l'Inde, il y a une génération. En ce sens, que les pays du sous-continent indien, du sous-continent chinois, du sous-continent européen, du Moyen-Orient, de l'Asie centrale, de l'Asie septentrionale, du Nord-Est asiatique, du Sud-Est asiatique, de l'Océanie et des Amériques rivalisent pour profiter des quatre grands avantages concurrentiels dont disposent les pays africains (1. l'abondance des ressources du sous-sol, 2. la fertilité des terres utilisables à des fins d'agriculture et d'élevage, 3. le potentiel touristique impressionnant des sites chargés d'histoire et des paysages naturels et 4. le coût de main-d'oeuvre comparativement moins élevé qu'ailleurs sur Terre), de façon à permettre aux peuples qui y vivent de développer graduellement leur économie, au cours des vingt, trente ou quarante années à venir, est une excellente chose.
https://www.newsweek.com/putin-ally-russia-warns-austria-nato-retaliation-2120745
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