GUET-APENS À CHELSEA


 

Ce qui est arrivé à Chelsea, petite municipalité située juste au nord de Gatineau, cette semaine, est un coup monté, bien évidemment.

Il fallait s'y attendre. La contestation de la Loi 21 est assez répandue à travers le Canada et tous les moyens sont bons pour le souligner. Rappelons que cette loi sur la laïcité interdit aux représentants de l'État, incluant les enseignants, d'afficher des signes religieux lorsqu'ils sont en fonction. L'enseignante musulmane et voilée qui a été retirée de sa classe par les autorités de la Commission scolaire Western-Quebec, afin de se conformer à cette loi provinciale très populaire au Québec mais très impolaire dans le reste du Canada est un maillon consentant et volontaire de ce qui représente, au fond, un guet-apens.

Cette enseignante a été engagée récemment par la CSWQ et une classe lui a été confiée par des gens qui savaient très bien qu'elle porterait un voile et contreviendrait ainsi aux dispositions de la loi. Son retrait était donc planifié d'avance, tout comme son embauche et son assignation à une école de Chelsea, à quelques kilomètres seulement du Parlement canadien. Les personnes impliquées dans tout cela savaient très bien que le retrait souleverait une vague d'indignation au Canada anglais et symboliserait le côté jugé intolérant et insupportable de la loi aux yeux des anglophones, lesquels y voient une manifestation de la supposée zénophobie des Québécois.

Tout cela est orchestré, donc. Cela étant dit, il faut souligner que le fond de l'affaire reste le même. Le fait que la loi soit populaire au Québec ne justifie pas son côté discriminatoire et anti-religieux. Les dispositions de cette loi font en sorte qu'une enseignant musulmane qui porte un voile commet un geste illégal, tout comme un enseignant bouddhiste ou catholique arborant un objet représentatif de leurs croyances respectives. À la limite, dans le même esprit, un premier ministre juif qui serait porté au pouvoir à l'avenir n'aurait pas le droit de porter une kippa ou tout autre symbole religieux juif, parce qu'il contreviendrait ainsi à la loi.

Une telle loi est profondément anti-religieuse et vise à interdire l'expression de la foi religieuse sur la scène publique. Elle est surtout le fruit d'un rejet profond de la religion catholique par un peuple ayant accepté, pendant des décennies, de se laisser étouffer par l'Église dans tous les aspects de son existence.. De catholiques à l'excès, nous sommes devenus anti-religieux avec la même ferveur.

La loi 21 n'est pas répréhensible en soi, dans sa totalité, mais il faut avouer que certaines de ses dispositions le sont et doivent être réécrites, afin d'éliminer un certain nombre d'absurdités et d'injustices potentielles. L'anti-religiosité prononcée de la majorité de la population ne doit pas devenir oppressante, opprimante ou abusive pour les minorités religieuses qui vivent dans la province.

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