LA COURSE À L'ESPACE, D'HIER À AUJOURD'HUI

 

Il y a un demi-siècle, l'Union soviétique
a d'abord dominé la conquête de l'espace,
avant de se laisser distancer par les États-Unis.


(Article basé sur un texte publié sur X (Twitter) le samedi 2 novembre 2024)


La compétition spatiale entre la Chine et les États-Unis fait irrésistiblement penser à la course à la Lune des années 60, entre l'Union soviétique et les USA, mais avec des différences majeures.

D'abord, cette course visait essentiellement la Lune, alors qu'ici, il y a deux objectifs principaux, la Lune et Mars, soit les deux objets célestes les plus susceptibles d'accueillir un jour des installations humaines, même limitées.

Ensuite, il ne s'agit plus simplement d'y mettre le pied à quelques reprises pour prendre des photos et récolter quelques échantillons, puis d'en revenir en laissant peu de traces de son passage. Ici, il est plutôt question de monter une série de missions visant à terme à mettre en place des établissements durables, automatisés ou habités, en orbite ou sur la surface, selon les circonstances.

Autre différence, l'ampleur de la démarche n'est plus du tout la même, ni les capacités technologiques et financières qu'elle exige, si bien que ce n'est plus une course entre deux pays, mais entre des grappes de pays. Tant les États-Unis que la Chine doivent s'adjoindre le concours d'autres agences spatiales, dont certaines sont de bonne taille (par exemple, celles de la Russie, de l'Europe, du Japon ou de l'Inde), afin d'être en mesure de pouvoir livrer la marchandise.

Tout cela implique aussi un horizon temporel bien différent. Alors que la course à la Lune du siècle dernier s'était étalée sur quelques années, celle qui s'amorce risque de se déployer sur plusieurs décennies.

La Chine, par contre, demeure une nouvelle venue dans le domaine spatiale et est encore à l'étape de faire ses premiers pas, graduellement. Elle dispose de plusieurs atouts qui lui permettent d'avancer rapidement, entre autres l'appui de l'agence spatiale russe, Roscosmos, dont l'expérience est considérable, et l'existence d'une économie soutenue par un réseau bricsien en plein essor.

Par ailleurs, il faut s'attendre, en toute vraisemblance, à ce que ce genre de projet, de par son coût, sa complexité et son envergure, soit sujet aux importants bouleversements géopolitiques qui prennent place actuellement et qui se poursuivront dans un avenir prévisible.

Dans ce contexte d'effort de longue durée, les participants pourraient faire preuve de capacités différenciées. Les États-Unis profitent actuellement d'une indéniable avance qui résulte d'une expérience se comptant en décennies, avec le savoir-faire, les institutions, les installations et les équipements de toutes sortes que cela implique, sans parler de l'appui de plusieurs pays alliés.

À l'inverse, le programme américain est affligé par une économie affaiblie par d'importants déficits structurels au niveau du commerce et des finances publiques. De plus, l'agence spatiale américaine, la NASA, est rongée par des dépassements de coûts prohibitifs et une certaine lourdeur bureaucratique.

Il est en conséquence fort possible que la relative avance américaine s'effrite progressivement au fil des années, tandis que la Chine, en parallèle, connaîtrait une montée en puissance correspondante. On retrouverait alors un scénario semblable à celui de la course à la Lune des années 60, alors que l'avance soviétique des débuts (Spoutnik, Gagarine, etc.) s'était dissipée pour laisser place à la marche triomphale des États-Unis, sur l'impulsion du programme Appolo.

Il faut souligner une autre différence majeure entre la course à la Lune des années 60 et la présente rivalité spatiale. Le cas de l'Inde, en effet, mérite une attention toute particulière. Bien que le programme spatial indien demeure encore relativement modeste, il semble promis à un bel avenir, puisqu'il jouit de plusieurs avantages importants.

À cette époque, les capacités remarquables de l'Amérique, aux plans industriel, technologique et financier, avaient fini par avoir le dessus sur le prétendant soviétique, inventif mais moins puissant économiquement. Un demi-siècle plus tard, les rôles semblent s'être inversés, d'une certaine façon, avec une Amérique encore forte mais affaiblie et un prétendant chinois qui fait de plus en plus rouler ses muscles.

L'agence indienne (l'ISRO) réussit ainsi à réaliser des missions majeures à l'aide d'un budget remarquablement restreint. Elle est aussi favorisée par une économie prometteuse, jouissant d'un taux de croissance qui dépasse celui de contrées plus avancées et plus développées.
L'Inde, après avoir décroché récemment le titre de pays le plus peuplé du monde, se positionne aujourd'hui de plus en plus comme un pôle de croissance incontournable sur la scène mondiale. En fait, il est possible de dire que l'Inde, actuellement, se situe là où se trouvait la Chine il y a à peine trente ans, c'est-à-dire au tout début d'une ascension impressionnante.
Cela devrait donc à terme se traduire par une présence spatiale plus affirmée, encore difficile à entrevoir mais certainement à la mesure de la stature que prendra l'Inde au cours des prochaines décennies.

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronautique-chine-compte-bien-arriver-avant-americains-lune-devoile-rovers-surpuissants-astronautes-117131/

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PLUS:  @charles.millar3 (X-Twitter)






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