LES BARBARES NE SONT PAS À MOSCOU, MAIS À WASHINGTON
(Article basé sur des affichages faits sur Linked In la semaine dernière)
Donald Trump est facile à comprendre, au fond. Ce n'est pas la réincarnation d'Abraham Lincoln, le président de l'union des États nordistes, mais bien plutôt celle de Jefferson Davis, le président de l'ancienne confédération des États sudistes. Ce qui se passe, actuellement c'est un peu comme si, élu à la tête du gouvernement fédéral, ce Jefferson Davis nouvelle mouture se mettait à renforcer celui-ci pour mieux transformer les Etats nordistes en États sudistes. Par contre, ce qui pourrait se passer réellement, en fait, c'est l'avènement d'une réalité imprévue par les Trumpiens. Au lieu de soumettre à leur autorité les États perçus comme 'ennemis', les Républicains peuvent, sans l'avoir cherché, provoquer la sortie graduelle des États non trumpiens (lire: démocrates) hors de l'alliance politique des États américains, réalisée il y a un quart de millénaire, suite à une scission avec l'Empire britannique et la conversion des colonies dissidentes en une confédération encore assez lâche et peu articulée, à l'époque. Les premiers à s'extraire du fédéralisme trumpien pourraient être les trois États bordant la côte du Pacifique, tous de tendance démocrate, augmentés d'Hawaii, lui aussi un État de tendance démocrate. Cet État est aussi le berceau du président Obama, qui plus est, la bête noire de M. Trump, pour ainsi dire, sans jeu de mot, c'est-à-dire l'être qu'il déteste le plus au monde. Un tel regroupement permettrait de créer un bloc solide et cohérent, à même de redéfinir des liens bénéfiques avec la Chine (et les autres puissances asiatiques), notamment au niveau du développement économique: énergies renouvelables, batteries et industrie automobile, surtout si Tesla continue de s'effondrer ou noue des liens avec un groupe chinois. Cela aurait aussi l'effet d'isoler l'Alaska, une entité à dominante républicaine où l'appareil militaire fédéral contribue au maintien d'une large portion de l'économie locale. Une réorientation économique négocié avec le nouveau groupe pourrait possiblement susciter un changement d'allégeance de la part de la population de cet État et renforcer du coup les quatre entités composant le nouveau regroupement, auquel pourrait même se joindre aussi le Nevada, dont l'économie est très liée à celle de la Californie. Un tel bloc d'États du Pacifique compterait alors six membres, nécessairement centrés sur le plus populeux et le plus puissant d'entre eux, soit la Californie.
https://www.lemonde.fr/international/live/2025/08/02/en-direct-guerre-en-ukraine-les-dernieres-informations_6624528_3210.html
Le texte ci-dessous ouvre d'intéressantes pistes de solution pour redresser les choses au niveau de la vassalisation économique qui se dessine actuellement, de l'Europe continentale par l'Amérique trumpienne, dans le cadre du chantage douanier entrepris par le président Trump 2.0 depuis six mois, aux fins d'augmenter les revenus du gouvernement fédéral, aux dépens des consommateurs américains, des entreprises américaines et des entreprises non américaines, tout en favorisant le puissant lobby constitué par le complexe militaro-industriel, dont la forte influence sur la politique américaine avait été dénoncée par le président Eisenhower, il y a de cela plusieurs générations. Il est clair que l'Union européenne, si elle souhaite éviter l'otanisation politique et conserver son autonomie stratégique, doit répondre au chantage américain d'une façon efficace et cohérente, non pas par le biais du commerce des biens mais bel et bien par celui du commerce des services, lequel est bien plus fortement à l'avantage des Américains que le premier. Il est tout aussi clair que ce ne seront pas l'Allemagne ou l'Italie, deux pays conquis et colonisés culturellement par l'Amérique au siècle dernier,, ni les pays de l'Europe nordique, qui mettront en branle une telle solution, mais plutôt les autres pays de l'Union européenne, parfois pour des raisons différentes de l'un à l'autre, parfois pour plusieurs raisons à la fois. Au premier chef, on peut recenser dans cette liste les pays qui ont le plus à gagner d'un rapprochement économique avec la Chine (et les autres puissances asiatiques), notamment les pays de l'Europe ibérique, de l'Europe orientale et de l'Europe balkanique, tous déjà ciblés par Beijing, d'une façon remarquablement presciente, pour le déploiement en cours de l'économie verte (énergies renouvelables, automobiles, batteries, etc.). D'autres pays ont des raisons légitimes de vouloir s'opposer a la vassalisation économique de l'Europe par le gouvernement fédéral américain, en premier lieu desquels il faut mentionner ceux qui n'enregistrent pas de surplus dans leurs exportations de biens vers les États-Unis (7), par opposition à ceux qui en enregistrent (20). Le plus important de ces pays, au plan politique et économique, c'est bien sûr la France, laquelle connaît un déficit commercial dans ses relations avec l'Amérique, dans tous les domaines, que ce soit au niveau du commerce des biens (en tenant compte des biens d'origine étasunienne qui sont réexportés en France à l'intérieur des frontières nationales de l'UE) ou, encore davantage, au niveau des services. Les effets de la guerre moyen-orientale qui se déroule actuellement et dont les racines profondes plongent dans le conflit israélo-palestinien sont aussi un facteur à considérer ici, car ils sont pertinents à ce qui se passe. Les victoires militaires remportées par les Américains et les Israéliens sur les Gazaouïs et les Iraniens viennent confirmer la matérialité des avertissements d'Eisenhower, puisqu'elle montre que les États-Unis, tout comme son allié israélien, privilégient maintenant les victoires militaires aux solutions politiques, celles que cherchent justement à obtenir l'Arabie saoudite et la France, avec le concours de plusieurs autres pays, comme l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, par exemple, lesquels souhaitent eux aussi aider le peuple palestinien à obenir les droits politiques dont il est privé depuis des décennies à cause de l'intransigeance obstinée d'un gouvernement israélien désespérément fermé à toute solution négociée et beneficiant de l'appui d'un gouvernement américain complaisant. La France n'est donc pas la seule, au sein de l'Union européenne, à avoir des raisons tout à fait légitimes et justifiées de vouloir contrecarrer les volontés du gouvernement américain actuel, non seulement au niveau du dossier palestinien, mais aussi au niveau des relations commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne, que ce soit au plan des marchandises ou au plan celui des services. En ce sens, le point faible de l'approche commerciale trumpienne doit être identifié et reconnu, puisque c'est aussi le plus important levier pouvant être utilisé pour empêcher la vassalisation économique européenne. Ce levier, c'est bien sûr celui des échanges atlantiques portant sur les services numériques, un domaine où les Américains sont puissants, certes, mais où ils n'exercent aucun monopole, comme le montre bien l'émergence de plus en plus visible des entreprises chinoises oeuvrant dans le domaine. Ce point faible est donc celui qui peut le plus aider la France à recruter des appuis au sein des pays de l'Union européenne surtout auprès des pays ibériques, des pays ex-communistes et des pays balkaniques, sans parler des pays qui ne font pas partie de l'Union européenne et qui, comme la Norvège, le Canada, le Japon, la Corée du Sud et le Mexique, peuvent se montrer réceptifs à l'importance de ne pas exempter les services numériques des droits douaniers qui, depuis six mois, sont si chers et si précieux aux yeux de l'administration trumpienne.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/28/l-ue-veut-des-accords-economiques-plutot-de-libre-echange-car-la-majorite-des-etats-qui-la-dirigent-y-sont-gagnants_6624895_3232.html
On sent, chez certains Européens, une attitude de peur envers la Russie qui relève presque de la panique. Vite, il faut aller vite, le temps presse, les barbares sont à nos portes. Visiblement, certains Européens craignent la Russie au point de redouter de voir bientôt des divisions russes mettrent le siège devant Stockholm, enfoncer les positions italiennes à la frontière slovène, pulvériser la résistance française sur le Rhin et refaire le coup des Allemands à Sedan, tout cela au cours des trois premiers mois de 2026, après avoir pris Kiev à la fin novembre 2025, ne s'octroyant guère qu'une pause de quelques semaines, autour de Noël, pour laisser le temps aux soldats russes encore vivants de donner des cadeaux à leurs enfants et de prendre un repos bien mérité, avant de s'élancer vers l'ouest pour lancer la grande offensive qui les mènera aux portes de Paris, alors que la Russie, enfin, réussira à se venger du gigantesque incendie qui a dévasté Moscou à une autre époque, transformant à son tour la Ville-Lumière en torche éblouissante, pendant que la population parisienne, affolée, fuit dans les taxis de la Marn..., pardon à bord des rames de TGV qui filent à toute allure vers Bordeaux, l'une derrière l'autre, tandis que d'autres réfugiés préfèrent atteindre Dunkerke, eux, pour aller vous savez où, à bord d'une flotille improvisée. La crainte est parfois salutaire, mais elle peut aussi aveugler, voire lancer sur de fausses pistes. Oui, la Russie a l'avantage en Ukraine. Oui, elle devrait normalement avoir le dessus dans ce conflit. Non, elle ne se contentera pas de prendre quelques oblasts additionnels, mais tentera vraisemblablement de faire ce qu'elle entendait faire en quelques semaines, en 2022, soit prendre la capitale et, ensuite, profitant de l'effondrement général, le reste du territoire ukrainien, afin d'en finir complètement avec cette épine dans le pied qu'elle endure depuis 2014. L'avenir du Moldova reste nébuleux. L'Union européenne, par souci de se constituer une ligne défensive cohérente et plus aisément défendable, pourrait sérieusement envisager de laisser la Hongrie et la Slovaquie s'approprier l'oblast transcarpathien, en invoquant le fait qu'il y existe des minorités nationales non négligeables, quitte à prendre le risque de défier la Russie. Un effondrement ukrainien cette année ou au début de l'année prochaine est crédible, il est vrai, mais l'urgence de démarrer en catastrophe le programme dont il est question dans cet article n'existe pas réellement. En ce qui concerne les dépenses militaires européennes, qu'il conviendrait apparemement de multiplier aussi rapidement que possible, chaque seconde perdue risquant de causer la disparition de Paris, les pays de l'Union européenne commettraient une erreur de se conformer bêtement aux exigences trumpiennes, pour plusieurs raisons. D'abord, la Russie, d'une façon ou d'une autre, commence à montrer des signes d'épuisement et elle ne sera certainement pas en mesure d'aller tellement plus loin après avoir vaincu et conquis l'Ukraine. Ensuite, elle voudra réorganiser ses arrières et entreprendre l'intégration de l'Ukraine dans un ensemble cohérent, d'un seul tenant, avec la Biélorussie, par exemple, avant de se lancer à la conquête des pays de l'Union européenne. Enfin, les forces actuelles des pays de l'UE sont amplement suffisantes pour l'instant. Ce qui importe le plus, dans l'immédiat, ce n'est pas d'être en mesure de préparer la continuation de la guerre ukrainienne en sol européen, mais de prévenir celle-ci, sans passer par les canaux américains et, surtout, surtout, en laissant le président dans le noir le plus complet possible, là où l'enfant-roi ne risque pas de faire plus de dégâts qu'il n'en a déjà fait. M. Macron a rencontré le président Poutine en privé à quelques reprises au début du conflit, serait-il étonnant que ces rencontres privées reprennent, que ce soit en sa présence ou par l'intermédiaire d'un représentant du ministère des Affaires étrangères, afin de s'entendre au préalable sur les scénarios qui peuvent être envisagés d'ici la conclusion effective du conflit ukrainien? Ce conflit, il est important de le souligner, a mis toutes les puissances qui y ont participé, directement ou indirectement, à genoux, que ce soit la Russie, l'Ukraine, ainsi que les pays occidentaux qui ont très généreusement ouverts les cordons de leur bourse pour cette cause. La seule puissance ayant été impliquée, indirectement dans son cas, et ayant encore du ressort est la Chine. Dans une moindre mesure, c'est aussi le cas de l'Iran et de la Corée du Nord, impliquée plus directement que la Chine dans le conflit ukrainien, mais dont les capacités militaires demeurent toutefois relativement limitées, surtout si l'on tient compte de la dangerosité potentielle d'Israël et de la Corée du Sud.Il faut aussi souligner que l'ineptitude de l'offensive commerciale américaine et le chantage qui l'a accompagné ont ouvert les yeux de centaines de millions de personnes sur la réalité des choses. Que l'administration Trump ait jugé nécessaire de tordre le bras à ses propres alliés militaires traditionnels, que ce soit les pays européens, mais aussi plusieurs pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taiwan) et océaniens (Australie, Nouvelle-Zélande), sans même parler des voisins immédiats de l'Amérique (Canada et Mexique), en les faisant chanter pour qu'ils alimentent le budget fédéral, leur laissant uniquement le loisir de choisir de quelle façon, soit par une hausse des droits douaniers, soit par la voie de dépenses militaires additionnelles de la part des alliés, est en soi-même le signe évident de la faiblesse patente du gouvernement fédéral américain, confrontée à une situation budgétaire de plus en plus catastrophique. Le moindre mal, pour les alliés, est de faire exactement ce qu'ils font actuellement, faire croire aux Trumpiens qu'ils se conforment à leurs désirs n tout point, tout en sachant qu'ils doivent choisir ce qui les désavantagent le moins, les droits douaniers étant assumés bien plus par les consommateurs américains et les entreprises américaines importatrices que par les entreprises étrangères exportatrices. Cela implique qu'ils doivent multiplier le plus rapidement possible les échanges commerciaux avec d'autres puissances que les États-Unis et rehausser le moins rapidement possibles leurs dépenses militaires. La meilleure façon d'y parvenir, c'est de négocier avec la Russie un traité de paix consécutif à la victoire sur l'Ukraine, explicitant les engagements des uns et des autres, afin d'assurer la paix en Europe après l'effondrement ukrainien, ce qui implique de s'y préparer avant même que ne se produise ladite victoire. Dans l'état actuel des choses, le candidat idéal pour de telles négociations préventives et secrétaires, c'est la France. Il est bien évident que tout doit y passer:
- la question du Moldova et de la Transnistrie,
- la question des relations entre l'Union européenne et les pays du Sud-Caucase,
- la délimitation exacte et aussi précise que possible des espaces maritimes séparant les pays de l'Union européenne et la Russie, dans la mer Baltique et dans la mer Noire,
- la question des réfugiés ukrainiens se trouvant actuellement dans les pays de l'Union européenne,
- la question des liaisons futures entre l'enclave de Kaliningrad et la Russie, par voie maritime (mer Baltique) ou par voie terrestre (par l'intermédiaire de la Biélorussie,
- le statut des pays baltes, particulièrement au niveau des minorités russes qui s'y trouvent,
- la question de la levée des sanctions européennes envers la Russie,
- la question des fonds russes gelés dans les banques européennes,
- la question des échanges commerciaux futurs entre l'Union européenne, la Fédération russe et les autres pays bricsiens, à la lumière des nouvelles réalités induites par la guerre commerciale trumpienne,
- et toutes autres questions afférentes.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Bonjour, tous les commentaires sont acceptés, dans la mesure où ils sont d'ordre professionnel. Insulteurs s'abstenir...