LE QUÉBEC: ALABAMA NORTH?

 

Carte de l'Alabama, un État du sud des États-Unis, donnant sur le golfe du Mexique, un peu à l'est de la Louisiane.

J'ai hésité longuement avant de parler de l'affaire Attaran, ce professeur de l'université d'Ottawa qui trouve amusant de présenter, avec un malin plaisir, le Québec comme un repaire de racistes anti-noirs et anti-amérindiens, utilisant des incidents isolés et montés en épingle. Ce genre d'individus mal informés et mal-intentionnés méritent bien peu, en tant normal, que de la visibilité lui soit accordée. Il vaut mieux ignorer l'ignorance que lui donner de l'importance. 

Toutefois  comme les temps actuels ne sont pas normaux et que les légendes urbaines et autres "Fake News" ont trop souvent la cote, il peut être préférable de démentir les affirmations ridicules et sans fondement de cette sotte personne.

Non, les Canadiens-français ne sont pas racistes, eux qui, trop souvent, au contraire, se sont fait dire "Speak White" par des anglophones mal embouchés. En réalité, les francophones du Canada ont longtemps fait l'objet de tentatives officielles et délibérées d'assimilation culturelle et linguistique, au fil des derniers siècles. Parlez-en aux Franco-Ontariens, dont la langue, à une époque pas si lointaine, était tout simplement interdite, point final. Une jeune  Franco-Ontarienne, il y a à peine quelques jours, me disait d'ailleurs que des membres de sa famille se faisaient intimider et, parfois, battre par des Anglo-Ontariens il y a quelques années, tout simplement parce qu'ils osaient parler français en leur présence, à Timmins, petite ville minière du nord de l'Ontario.

Le professeur Attaran est originaire des États-Unis et, visiblement, ne connaît pas grand chose de l'histoire canadienne. Il transpose mécaniquement des schèmes historiques à des situations qui sont pourtant très différentes entre elles, avec des résultants non credubles. Il semble croire que les francophones du Canada possédaient autrefois des millions d'esclaves noirs et les faisaient trimer dur, à coup de fouet, cruellement et bestialement, dans les grandes plantations de coton qui, à l'en croire, parsemaient la vallée du St-Laurent avant l'arrivée de l'Empire britannique. Voilà un bel exemple d'ignorant qui ferait mieux de ne rien écrire dans les médias sociaux...

De même, sur la base du cas d'une attiquamekw morte bêtement aux mains de deux infirmières écervelées d'un hôpital québécois, M. Attaran, pourtant un universitaire, soit une personne que l'on pourrait croire mieux informée, tire la conclusion très facile (trop facile) que tous les Amérindiens du Québec sont victimes d'un racisme généralisé et féroce de la part des Franco-Québécois, alors que les relations entre francophones et autochtones, au cours de l'histoire, ont toujours été bien meilleures que celles entre anglophones et autochtones...

En somme, par son attitude provocatrice et la nature même de son propos, le professeur vise visiblement plusieurs objectifs:

- Se faire bien voir des Canadiens et des Américains anglophones, souvent heureux de voir le Québec "se faire remettre à sa place";

- Montrer son mépris à l'égard de ceux et celles qu'il s'imagine être d'affreux monstres racisants et méprisants, indécrottables et peu intelligents;

- Venir au secours des Noirs du Québec, des gens qui, curieusement, ne portent pas de marques de fouet sur le dos et se comprennent parfous ce qui pousse le professeur à dérailler ainsi ;

- Venir au secours des Amérindiens du Québec qui, eux, comme tous ceux du Canada, ont de très bonnes raisons de se plaindre de façon véhémente, ayant trop souvent été ignorés par les Blancs, lesquels ont occupé les parties vacantes de leurs territoires sans leur permission et sans traité;

- Compter des points contre un supposé racisme canadien-francais anti-noir, alors que nos ancêtres ne côtoyaient pas de populations noires et auraient eu autant de raison de les mépriser qu'ils en auraient eu de mépriser les Japonais en général, voire les Lapons ou les Boliviens;

- Compter des points envers un nationalisme canadien-français ou québécois que les anglophones du Canada ont toujours trouvé déplaisant et menaçant, voire (de leur point de vue) déplacé ou même sans objet -une éloquente démonstration de l'ignorance collective d'un trop grand nombre de personnes, de part et d'autre des deux solitudes canadiennes;

- Montrer le grand mépris qu'il ressent envers les Franco-Québécois, faussement réputés d'être anti-musulmans, vu le massacre récent de la Grande mosquée de Québec.

Bref, M. Attaran a manqué une belle occasion de se taire...







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