LETTRE À GABRIEL NADEAU DUBOIS ET MANON MASSÉ
(Voici le texte d'une lettre adressée aujourd'hui aux deux porte-paroles de Québec solidaire, Gabriel Nadeau Dubois et Manon Massé, au sujet de l'option indépendantiste.)
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M. Gabriel Nadeau Dubois
Mme Manon Massé
Co-porte-paroles
Québec Solidaire
533, rue Ontario Est, bureau 010
Montréal (Québec) H2L 1N8
M. Nadeau
Dubois,
Mme Massé,
Je suis membre
du parti Québec solidaire depuis 2019 et membre de l’association locale de
Pontiac (Outaouais) depuis le début de 2020.
J’aimerais
porter à votre attention quelques informations qui pourraient vous être utiles,
un jour prochain (mais pas si lointain), lorsque le parti prendra éventuellement
le pouvoir, que ce soit en 2022, en 2026 ou ultérieurement, ainsi que lors d’un
éventuel troisième référendum sur la question de l’indépendance.
Comme vous le
savez, l’option indépendantiste a été ajoutée au programme de Québec solidaire
quelques années après sa création, afin de profiter du virage raté par le Parti
québécois dans le dossier identitaire, la question de l’immigration, celle de
la laïcité, sans parler de la lente descente aux enfers de cet important parti
politique fondé par René Lévesque dans les années 60.
Moi-même né en
1960, je suis contemporain des événements survenus lors de cette période et je
suis un indépendantiste de la première heure, pur et dur. Comme bien d’autres,
je suis resté fidèle au PQ au cours des dernières décennies, sans lâcher le morceau,
ni renoncer à tout engagement politique, ni passer à la Coalition avenir
Québec, comme des centaines de milliers d’autres sympathisants l’on fait avant
moi, par dépit et découragement. En 2018, cependant, le barrage a lâché devant
le piètre résultat du PQ et l’éclatant succès remporté par le seul autre parti
indépendantiste du Québec, sur la scène provinciale. Quelques mois plus tard, désireux
de m’engager en politique active et de ne pas me contenter de regarder passer
le train, je suis devenu membre, puis j’ai joint l’association locale dans la
circonscription de Pontiac, ainsi que le comité de coordination (restreint
et/ou élargi) de celle-ci.
M. Nadeau
Dubois et Mme Massé, je dois vous dire que je crains beaucoup que le dossier
indépendantiste ne nuise au parti, dans sa quête légitime du pouvoir. Les temps
ont changé et l’heure ne me semble plus au nationaliste ethnique, centré sur
les Canadiens français et leur lutte pour la survivance depuis la Conquête. Le
nationalisme québécois doit se moderniser et se mettre au goût du jour en s’ouvrant
au monde et en se tournant vers la francophonie mondiale, l’inclusion des
personnes différentes, incluant les immigrants, et l’acceptation des réalités
scientifiques. Les grandes tendances actuelles montrent le besoin d’agir sur
une base mondiale pour régler des problèmes qui n’existent plus en silo, comme
auparavant, que ce soit la pandémie, les changements climatiques, la
désertification, les inégalités économiques, les injustices sociales, la
militarisation excessive, l’augmentation des dettes gouvernementales,
corporatives, familiales et individuelles, etc. Les problèmes, de plus en plus,
sont globaux et appellent des solutions globales, concertées, coopératives, mondiales,
si bien qu’il n’est pas exclu qu’un jour, les pays du monde actuel finissent
par accepter de s’assembler pour former un véritable gouvernement mondial,
composés d’unités nationales (pays) en guise d’unités administratives
(provinces). L’espèce humaine, se tournant de plus en plus vers le ciel, non
plus dans une optique d’exploration mais de colonisation progressive des
espaces proches, doit affronter de grands défis : mettre de l’ordre sur
Terra, tout en entreprenant l’implantation de populations sur la Lune et Mars,
sans parler de bases en orbite terrestre et aux points de Lagrange.
La raison
motivant cette lettre, c’est que je pense qu’il y a une solution toute simple
pour ménager la chèvre et le chou, dans l’épineux dossier de l’indépendance du
Québec. Je propose donc, au lieu de créer deux pays à partir d’un seul, avec
tout le remue-ménage que cela peut amener et les risques de ressac, de sanctions
économiques, de représailles commerciales, voire même (à l’extrême) de guerre
civile, de couper plutôt les liens entre ce pays qui constitue un royaume britannique
(mais sans trop oser le dire), et la monarchie britannique. Cela implique d’éliminer
les postes obsolètes de gouverneur-général et de lieutenant-gouverneurs, plus
le sénat, d’implanter une république canadienne, flanquée d’une république autonome
du Québec, avec des pouvoirs accrus, supérieurs à ceux des neuf autres
provinces actuelles. En fait, le gouvernement québécois aurait essentiellement
tous les pouvoirs du gouvernement fédéral, sauf ceux qui sont identifiés à la
souveraineté classique, soit la défense nationale (armée) et la représentation
étrangère (ambassades). Nous pourrions en profiter pour renipper toute la
structure politique de ce pays, en introduisant des districts linguistiques
pour les minorités linguistiques (au Québec et hors-Québec), en bonifiant les
pouvoirs des conseils de bandes et en agrandissant le territoire des réserves
autochtones, en créant un district autonome pour la capitale (Ottawa-Gatineau)
et en encourageant les minorités immigrantes des provinces canadiennes à exiger
des pouvoir accrus dans les grands centres urbains. Cette approche aurait aussi
l’avantage de recréer une grande alliance entre autochtones et Canadiens
français (la plus importante minorité ethnique de ce pays nordique et souvent
dans l’ombre de son remuant voisin), à l’image des traités et alliances que nos
ancêtres avaient conclus il y a plus d’un quart de millénaire, à l’époque glorieuse
de la Nouvelle-France. Le Canada ainsi renouvelé, rajeuni et retapé serait alors
en position d’affronter au moins un nouveau siècle d’existence, jusqu’au
prochain rebondissement de la question nationale…
Cette missive est
un peu longue, mais je vous invite à jeter un coup d’œil aux détails du
manifeste que j’avais préparé sur cette question il y a quelques semaines, publié
sur un blog personnel en ligne depuis peu). Vous trouverez ces détails à l’adresse
suivante :
https://thehumanarchipelago.blogspot.com/2021/03/reformer-le-canada-actuel-2.html
Je pense que
les avantages d’une telle formule pourraient permettre au parti de mieux se
positionner sur l’échiquier politique, de cultiver les péquistes déçus,
mécontents, frustrés ou carrément dégoûtés de la tournure des événements, de
créer une république québécoise (cela seul suffirait à faire sourire René
Lévesque, depuis le fond de sa tombe où il nous regarde), de montrer ce qu’un
véritable esprit autonomiste peut accomplir, de dérober ainsi le tapis sous les
pieds de la Coalition avenir Québec (ce parti néo-duplessiste qui constitue le véritable
adversaire de QS et de l’ensemble de la gauche québécoise), de tisser des liens
plus étroits avec les autochtones du Québec et du reste du Canada, de rassurer et
protéger les francophones hors Québec et les anglophones québécois, de se
rapprocher des Québécois des régions (QS doit absolument se frayer en chemin
hors des centres urbains en suivant l’exemple donnée par la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue,
région rurale, bucolique et agricole s’il en est une), etc.
Je vous
remercie de l’attention que vous aurez bien voulu accorder à cette lettre. Je
demeure évidemment disponible pour toute demande de renseignement additionnel.
Veuillez
accepter, M. Nadeau Dubois et Mme Massé, l’expression de mes meilleurs sentiments.
Charles Millar
Courriel:
charles.millar3@gmail.com
RépondreSupprimerLa lettre est très explicite! La suggestion est excellente!