STAR TREK, INTOLÉRANCE ET DÉSÉQUILIBRE

 

''Patrouille du cosmos'' étaiersion traduite en français de la série originelle de l'univers Star Trek, diffusée dans les années 60 et devenue un pilier de la culture américaine, sur ce continent et dans le reste du monde, parallèlement à son pendant Star Wars. Les deux séries attirent des amateurs passionnés, regroupés en véritables tribus qui ne se mélangent que très peu.

Des incidents anti-Canadiens français, anti-immigrants et anti-catholiques se déroulent ces jours-ci, un peu partout au Canada anglais, suite aux récentes découvertes sur les pensionnats autochtones, avec des églises catholiques incendiées, construites par des minorités ethniques, dont les Canadiens français et les Canadiens d'origine polonaise.

À force de jeter des regards méprisants vers ces Québécois incapables de s'assumer politiquement et rentrés piteusement dans le rang, suite au référendum perdu (ou volé) de 1995, le Canada anglais ne sait plus quoi penser. Le Quebec-bashing est devenu une façon commode de passer ses frustrations sur une tête de turc un peu facile, ce qui permet de se sentir bien dans sa peau et moralement supérieur. Les gestes d'un Alexandre Bissonnette sont attribués à tout un peuple qui n'en est pourtant pas responsable, tout comme l'impossibilité légale que souhaite la Coalition avenir Québec, pour une musulmane enseignante (ou juive), de porter des signes religieux dans l'exercice de ses fonctions. Les Canadiens anglophones en font grand cas (avec raison, dans le cas des signes religieux) et se rengorgent, pointant le doigt vers ces francophones si islamophobes et si antisémites, apparemment. De même, un professeur d'université (Amir Attaran) qui connaît mieux l'histoire américaine que l'histoire canadienne semble croire que les Québécois francophones sont coupables d'avoir eu des ancêtres racistes, propriétaires d'immenses plantations de coton sur les rives du Saint-Laurent, là où des millions d'esclaves noirs étaient forcés de besogner sans relâche, sans salaire et sans nourriture convenable, fouettés du matin au soir par d'ignobles Canadiens français, brutaux et incultes, fiers de leur supériorité raciale d'hommes blancs et heureux de faire souffrir comme des damnés les hommes noirs, à l'instar d'infâmes maniaques qu'il faudrait maîtriser au plus vite. Il mélange les schèmes mentaux de son pays d'origine à ceux de son pays d'adoption, tout simplement, afin de plaire aux anglophones canadiens, sans se soucier d'exactitude historique, mais il n'empêche qu'un certain public boit ses paroles comme du petit lait et s'en nourrit. Ça plait, dans un certain milieu. Il ne reste plus qu'à nous qualifier d'horribles communistes, rêvant de goulags et de totalitarisme.

Sur ce continent où l'individualisme est vénéré et encensé, à l'excès, où il est de bon ton de se moquer des particularités nationales ou culturelles, où l'on rêve ouvertement d'un avenir postnational d'individus déracinés, déculturés et déprogrammés, rassemblés seulement par une aspiration commune (faire le bien, d'une façon désincarnée), une langue commune (l'anglais, évidemment) et un attachement sans faille à ''la Fédération'', celle-ci représentant un gene d'idéal politique insurpassable. Cette ''fédération'' fait immanquablement penser aux ''fédérations'' des séries populaires de l'univers Star Trek, référence ultime d'individus nobles et sans reproche opposés à des peuples extraterrestres dangereux ou moralement déviants (Borgs, Klingons, Romulans, Ferengis, etc.). C'est profondément puéril, bien sûr, mais il y a une portion du Canada anglais qui veut se croire moralement supérieur et qui rejette automatiquement tout blâme sur autrui, particulièrement sur les minorités (autochtones, catholiques, francophones, immigrants, etc.). Les Britanno-Canadiens, issus des îles britanniques, surtout la Grande-Bretagne, protestants et fiers d'appartenir à un univers culturel centré sur la monarchie anglaise, ces ''Royals'' qui font les choux gras des magazines consacrés aux histoires de vedettes, eux qui contrôlent ce pays depuis la Conquête de 1759 et qui sont de moins en moins nombreux, devront pourtant s'adapter à une réalité sociale et démographique changeante. Dans une structure politique souveraine, lorsqu'une majorité diminue peu à peu en nombre, elle doit s'adapter au changement des réalités (sociales, économiques et politiques) qui ont cours autour d'elle, pas aux minorités qui s'y font plus nombreuses et qui ont eu à subir trop longtemps ses normes, ses habitudes de pensée et ses préférences.

Les Canadiens français, autrefois majoritaires dans l'ancienne colonie française du Canada, puis dans l'ancienne colonie britannique dénommée ''Province of Quebec'', minorisés progressivement sous l'impulsion d'un gouvernement britannique décidé à tout pour créer une majorité démographique anglophone, savent ce que c'est que de vivre dans une réalité qui se rétrécit. La portion occidentale du Canada actuel aurait pu être de langue française, mais les Anglo-Ontariens, les vrais rois et maîtres de ce royaume britannique qui n'en finit plus, y ont vu, envoyant un corps expéditionnaire chargé d'étouffer les rébellions amériendiennes et métisses, entraînant du coup la pendaison de Louis Riel, symbole d'un temps disparu à jamais. Le règne britannique sera marqué de deux grandes figures historiques, la victorieuse (John A. MacDonald, tout premier premier ministre canadien et impérialiste triomphant) et la tragique (Louis Riel, chef rebelle et martyr encore vivant et important pour ceux et celles dont il est issu).

Encore aujourd'hui, c'est l'ontarienne Toronto, la métropole économique du Canada, et l'ontarienne Ottawa, sa capitale politique, qui dominent ce pays de chaleur estivale excessive et de froidure intense, avec des hivers allant jusqu'à -40 degrés centigrades. Les Canadians français doivent créer une coalition de forces diverses pour tout rebâtir cette structure politique de fond en comble, avec l'aide des autochtones, des immigrants non-britanniques, des minorités religieuses et sexuelles, des idéalistes et des rêveurs, des féministes, bref de tous ceux et celles qui souhaitent un renouveau et une renaissance dans la moitié nord de l'Amérique du Nord.

La démographie et le temps nous favorisent.

Commentaires

  1. Excellent article qui décrit assez bien la situation, M. Millar
    Pour faire diversion de leurs turpitudes ; les anglos préfèrent frapper sur les francophones.

    Les anglo-canadiens ont faits leurs cette maxime : « Accuse tes ennemis de ce dont tu es coupable »

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