TERRAFORMATION NOIRE, TERRAFORMATION VERTE



La terraformation est un concept scientique relativement nouveau et particulièrement connu des gens qui s'intéressent à la science-fiction, tant écrivains que lecteurs. Essentiellement, il s'agit de modifier les conditions environnementales d'un corps céleste, que ce soit au niveau de la température, de la composition de l'atmosphère, de la présence d'eau (sous forme liquide, solide ou gazeuse), de la pression ambiante, etc. Le but ultime de ces transformations pouvant s'étendre sur des dizaines ou des centaines d'années: créer des conditions aussi semblables à celles de Terra (la Terre) que possible.

Dans la culture populaire américaine, la terraformation est couramment utilisée dans les romans de science-fiction, tel que la trilogie Red Mars (1992) / Green Mars (1993) / Blue Mars (1996), de l'auteur Kim Stalney Robinson. Un autre exemple bien  connu est évoqué dans le film Aliens, deuxième opus de la franchise bien connue Alien. On y voit ainsi une série de gigantesques installations de type industriel, entièrement tournées vers la transformation climatique d'une planète entière.

La terraformation est surtout, à ce stade-ci, un concept encore rudimentaire, mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, un banc d'essai existe déjà et est en opération sous nos yeux depuis plus de deux siècles. Cette terraformation n'a pas été un phénomène voulue et planifiée, mais involontaire et résultant d'un ensemble d'opérations et d'activités dont la mise en place ne faisaient pas l'objet d'un plan d'ensemble et ne prévoyaient absolument pas les conséquences qui en ont résulté. Ce phénomène a débuté avec l'avènement de la révolution industrielle et des moyens d'intervention inconmensurables qu'elle a créé et qui a entraîné des conséquences impossibles à prévoir. Le développement des connaissances, la croissance du capitalisme,la multiplication de manufactures de plus en plus grandes, faisant appel à la vapeur, l'acier, le chemin de fer, le charbon, etc., ainsi que toutes les inventions issues de la révolution industrielle, se sont combinés pour donner à l'humanité des moyens qui étaient impensables auparavant et lui ont donné une capacité d'intervention insurpassée sur le monde matériel.

Par le fait même, pour un temps, homo sapiens s'est targué d'être en réalité homo faber, c'est-à-dire que l'homme pensant ou réfléchissant préférait se définir comme un homme faisant ou entreprenant. L'humanité a toujours été menacé en premier lieu par sa propre vanité, sa propre sottise et sa propre incapacité à la modestie, la retenue ou la mesure. Avec la révolution industrielle, l'humain a cru s'approprier la nature, la faire sienne, s'en repaître et la maîtriser, alors qu'il ne faisait que scier la branche où il était assis, assez bêtement, parce qu'il ne devinait pas et n'appréhendait pas les conséquences de ses gestes.

Nous avons ainsi terraformé notre propre planète, d'une façon imperceptible, d'abord, puis d'une manière de plus en plus agressante et bouleversante, avec des conséquences difficiles à mesurer pour le monde vivant et le monde matériel. Il y a eu la pollution des lacs et des rivières, le smog et le brouillard des grandes villes, la couche d'ozone en difficulté, les espèces menacées et celles qui sont à jamais disparu, etc. Ce n'était encore rien, puisque commencent maintenant à se faire sentir les bouleversements nés de la hausse graduelle des températures, amenant fonte des glaciers, montée du niveau de la mer, multiplication des tempètes et autres perturbations.

Notre planète est malade et c'est l'humanité qui en est la cause, de façon non délibérée, mais tout de même réelle, à cause de notre ineptitude foncière, notre vision à courte vue, notre recherche du profit immédiat et facile, notre irrespondabilité collective et notre incapacité à prévoir ce que nous mettons en oeuvre. Tout cela, incidemment, montre à quel point le sytème actuel des pays concurrents est inefficace et peu utile. Les Nations-Unies jouent un rôle incontournable, mais encore trop peu développé pour vraiment créer une coordination plan-planétaire des gestes à poser, dans tous les domaines de la vie.

La terraformation dont nous avons affligé notre planète, plus ou moins involontairement, c'est la terraformation noire, dont la nature, espérons-le, est encore réversible. Celle que plusieurs rêvent d'instaurer pour les astres extérieurs, ce sera la terraformation verte. Celle-là sera planifiée, voulue, désirée et coordonnée. Toutes les étapes devront être définies avant d'entreprendre quoi que ce soit, les coûts à prévoir étant ce qu'ils sont, tout comme la complexité de la démarche comme telle.

Après avoir dé-terraformé sans le savoir notre planète, au point de la rendre de moins en moins habitable, nous devons inverser le mouvement et la re-terraformé, afin de la remettre d'aplomb et corriger le gâchis que notre négligence et notre imprévoyance ont créé. Cela nous donnera peut-être la sagesse de poser les bons gestes, dans le bon ordre, avec les bons outils et les bonnes techniques, en se basant sur les bonnes connaissances, et ce, sur d'autres mondes que le nôtre, un jour, lorsque le temps viendra d'entreprendre une telle chose.

Je ne verrai pas une telle opération de mon vivant, sur un astre ou sur un autre, mais mes enfants la verront peut-être, sinon leurs enfants, voire les enfants de leurs enfants. Je les envie grandement.



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