USA 0 1/2- ASIE 2 1/2

 

L'Amérique a enregistré une partie nulle avec la guerre de Cotée, puis a perdu la guerre du Vietnam, au XXe siècle, avant de perdre celle d'Afghanistan, en ce XXIe siècle. Quelqu'un est-il prêt à parier sur celle d'Irak, entamée en 2003? Qui pensez-vous sera la grande bénéficiaire de l'une comme de l'autre?

Pour les USA, la guerre afghane a débuté en 2001, suite à la destruction des tours du World Trade Center et d'une partie du Pentagone, par les commandos-suicides d'Al-Quaeda, sous la houlette d'Oussama Ben Laden. Avec un grand total de 3 000 morts innocentes, l'Amérique brûlait du désir de se venger, par tous les moyens possibles, à tort ou à raison, en frappant à gauche ou en frappant à droite, afin de noyer le sang dans le sang et combattre le feu par le feu. Elle a eu ce qu'elle désirait et cela fait penser au vieux proverbe disant de se défier du danger d'obtenir ce que l'on souhaite.

Le gouvernement taliban d'Afghanistan a hébergé Ben Laden et les Américains voulaient sa peau. Ils se sont associés à une alliance couvrant l'extrême-nord du pays et ont rapidement pris possession de cette contrée séparant le sous-continent indien et l'Asie centrale. Ils ont fait, qu'ils en soient conscients ou non, la même erreur que les Soviétiques dans les dernières années de l'existence de cet empire multinational et que les Victoriens de l'Empire britannique du XIXe siècle.

Les Américains n'ont pas trouvé Ben Laden en Afghanistan, ce qui signifie tout simplement qu'ils ont envahi ce pays strictement pour rien. Ils ont fini par le repérer dans le pays qui a toujours et demeure encore le premier commanditaire des Talibans, le Pakistan, et se sont débarrassés de leur némésis sans trop de difficultés, ni trop de gloire. Ensuite, ils sont restés en Afghanistan, aidés des pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), incluant les Canadiens, surtout pour empêcher les Talibans d'y revenir ou, plus exactement, d'en reprendre possession. Les Talibans se sont transformés, durant cette période, passant de gouvernement tout à fait légitime à force militaire en guérilla, et ils s'apprêtent à redevenir un gouvernement tout à fait légitime.

Ce qui se passe actuellement rappelle un peu le Vietnam. Après avoir aidé à créer un pays plus ou moins artificiel, le Sud-Vietnam, les Américains s'en sont éloignés lorsqu'ils ont compris qu'ils ne pourraient gagner la guerre contre le Vietnam du Nord, préférant s'efforcer de renforcer de loin le gouvernement sud-vietnamien pour qu'il ait une chance de survivre malgré tout. On sait comment cela s'est terminé. Observez l'Afghanistan actuel et vous verrez le même phénomène. Ça rappelle aussi les derniers moments du régime communiste afghan, lâché par l'Union soviétique, après dix ans de guerre inutile, et condamné à la disparition pure et simple.

Vous voulez une prédiction qui a de fortes chances de se réaliser? Donnez un coup d'oeil à l'Irak, envahi deux ans après l'Afghanistan, surtout pour que la famille Bush mette un terme à un duel entamé avec le président Saddam Hussein lors de la toute première guerre du golfe persique. Les USA avaient une raison compréhensible de former une coalition contre le régime irakien lors de cette guerre, puisqu'ils voulaient surtout libérer le Koweit, envahi par un Irak qui considérait cette contrée comme une province perdue, capturée par l'Empire britannique. La deuxième guerre du golfe n'avait rien de légitime, elle. Les Américains ont simplement voulu se faire plaisir. Ils ont acheté une guerre comme une personne s'achète une petite gâterie. Le gouvernement de Georges W. Bush a fabriqué une guerre de but en blanc, de A à Z, du début à la fin, et a manipulé le monde entier pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire capturer et tuer Saddam Hussein. Ce dernier a bel et bien été capturé et il a bel et bien été pendu; les Américains se sont alors retrouvés avec un pays entier sur les bras, sans trop savoir qu'en faire. le gouvernement américain n'avait pas de plan à long terme, mais il savait comment mentir aux Nations-Unies, à leurs propres alliés et, surtout, aussi incroyable que cela paraisse, à leur propre population, tant les électeurs que les contribuables, tant ceux qui l'ont mis en place que ceux qui financent tout ce sordide spectacle qu'est parfois la comédie humaine.

Je prédis que, d'ici la fin du mandat de M. Biden (et probablement pas vers la fin dudit mandat), les Américains se retireront de l'Irak et ce pays tombera entièrement sous l'influence de l'Iran, un des grands alliés de la Chine, tout comme le Pakistan est l'un des grands alliés de la Chine, tout comme la Russie est l'un des grands alliés de la Chine. L'Empire du milieu aura alors éliminé un autre obstacle majeur sur la route terrestre de la soie qui reliera un jour son territoire et le monde africain.

Voulez-vous savoir qui se réjouit et rit dans son inexistante barbe? Le président chinois n'a, bien sûr, aucune raison de déplorer la tournure prévisible des événements.

Avant de terminer, disons un dernier mot, tant qu'à se lancer dans le jeu des prédictions. Concernant l'assassinat du président haïtien, peut-on d'ores et déjà déterminer à qui profite le crime? D'où peuvent donc provenir les instructions des commandos responsables de cet acte? Plusieurs possibilités au hasard: des opposants politiques internes, un cartel colombien de la drogue, le gouvernement de la République dominicaine, le gouvernement français, le gouvernement américain, le gouvernement chinois. De qui le disparu aurait-il dû se défier le plus? Qui dérangeait-il le plus? Honnêtement, présentement, je ne sais pas pour l'instant.