LA MAISON DE DIEU (2)

 

LA MAISON DE DIEU (2)

LA COULEUR DU DIVIN 

La maison de Dieu, c'est le monde humain et tout ce qui en découle et qui en relève. C'est aussi, à une autre échelle, le monde vivant, celui de la matière vivante, par opposition à la matière non-vivante, la matière vivant étant la seule matière capable de conscience et d'intelligence, la seule matière capable de ''se regarder et de tenter de se comprendre'', en quelque sorte. C'est le monde de la chair, par opposition au monde de la roche, le monde du sang, par opposition au monde de la lave, le monde de l'âme humaine, par opposition au monde de l'insensible, le monde de Terra, par opposition au monde du vide spatial. Celui-ci peut sans doute être vu comme l'opposé du monde vivant, car il est trop froid, trop vaste, trop repoussant, trop inquiétant, trop dangereux, trop inhabitable et trop hostile à la vie carbonée sous toutes ses formes, passées, présentes et futures.

Dans l'univers connu, le vivant est chaud et le non vivant est froid, en général. Il est vrai que le feu est chaud et qu'un serpent est froid, toutefois. De même, le vivant est mobile (en général, ne dites pas cela aux mousses, aux récifs ou aux escargots), tout comme le non vivant est immobile (en général, puisque le vent, les marées et les tempêtes sont des phénomènes évidemment présents sur Terra). Cela dit, si l'on reprend l'analogie du vide spatial, le paradis est chaud et l'enfer est froid, contrairement à ce que sous-entend la religion traditionnelle.

Quelle est la couleur de la maison de Dieu, de la matière vivante, de la Vie, en général? En physique, on nous apprend que le blanc est l'union de toutes les couleurs et que le noir est l'absence de toute couleur. Selon ce paramètre, on pourrait être porté à conclure que le paradis (matière vivante) est blanc et l'enfer (matière non vivante) est noir. Il faut cependant aller plus loin dans l'analyse et faire des distinctions pour mieux comprendre la vraie nature des choses. Le sens du divin est quelque chose de profondément humain et il n'existe pas chez les autres organismes du règne animal, grands et petits, ni chez les organismes du règne végétal, minuscules ou gigantesques (certaines forêts s'étendant sur des dizaines d'hectares et pesant des millions de kilogrammes consistent en réalité en un seul individu composé de multiples troncs reliés par leurs systèmes racinaires).

L'espèce humaine est née en Afrique ou, plus exactement, son évolution a amené nos lointains ancêtres, lorsqu'ils avaient la forme de mammifères quadrupèdes de petite taille, à s'y transformer peu à peu en créatures simiesques, de plus grande taille et de plus grande intelligence. C'est en Afrique, il y a des millions d'années, que nous sommes apparus sous notre forme présente, par le biais de sous-espèces et d'individus soumis à des micro-mutations à répétition, au cours des générations, génération après génération, pendant des siècles, des millénaires, des dizaines de millénaires, etc. Pour aboutir au cerveau d'un Albert Einstein, capable de percevoir et déchiffrer la théorie de la relativité, avec toute sa complexité, il aura fallu un chemin presqu'infiniment long si l'on prend comme point de départ le cerveau du plus proche de nos parents, le chimpanzé...

Au poids, gramme par gramme, le cerveau humain actuel est probablement ce qui existe de plus complexe en cet univers. L'évolution corporelle subie par l'humain au cours de son évolution est sans commune mesure avec l'évolution cérébrale qu'ont connu nos ancêtres, siècle après siècle, à coups de micro-mutations individuelles, génération après génération, les unes parfois nuisibles (dans le cas des retardés intellectuels, par exemple), les autres parfois utiles (dans le cas des génies du calibre du physicien susnommé, par exemple).

Les premiers humains étaient noirs, nous le savons maintenant. Les changements de couleur de la peau qui sont survenus au cours des siècles découlaient simplement de taux de mélamine flucturants chez les individus, au fur et à mesure que les peuples issus d'Afrique quittaient les tropiques pour monter vers le nord, vers l'Europe dans le cas des futurs ''peuples blancs'', vers l'Asie orientale dans le cas des futurs ''peuples jaunes'', voire vers l'hémisphère américain, dans le cas des peuples amérindiens, parfois appelés ''peuples rouges''.

Les plus vieux peuples sont noirs. C'est le cas des Bantous, des Éthiopiens, des Somaliens, mais aussi des Veddas du Sri Lanka, des Négritos des Philippines, des Aborigènes d'Australie, des Mélanésiens du Pacifique et des tribus noires qui, aujourd'hui encore, existent dans certaines régions du Yémen. Tous ceux qui, de nos jours, vivent dans l'espace géographique allant du Moyen-Orient à l'Océanie occidentale sont les survivants de la toute première vague de migration hors d'Afrique. Précisons que les tout premiers peuples encore existant aujourd'hui sont noirs eux aussi: les Pygmées qui se caractérisent par leur très petite taille et les Boschimans qui se caractérisent par leur parler unique, à base de 'clics'.

Sur cette base, il faut donc conclure que la couleur originelle de l'espèce est le noir. C'est la couleur de base et ce sera aussi la couleur d'une bonne partie de nos lointains descendants si l'on songe que l'Afrique comptera pour 40 % de l'espèce humain d'ici la fin du siècle. À plus long terme, il faut sans doute s'attendre à ce que l'humanité future ressemble aux gens du Mexique ou du Brésil, des pays dont la population est tout à la fois métissée (blancs/rouges) et mulâtre (blancs/noirs). Si le noir est la couleur du passé, le brun tirant sur le noir sera celle du futur.

Quelle est donc la couleur du Divin? La réponse dépend de chacun et de chacune. Dans mon cas, le noir remporte la palme, sans aucun problème, ni la moindre hésitation, ne serait-ce qu'à cause de la charge émotionnelle que cela représente, de toute la symbolique qui peut en découler., de toute la poésie que cela peut inspirer, au coeur de toute personne vivante et pensante.

Dans la noire nuit des temps, vivaient les premiers humains.

Dans les temps sombres d'aujourd'hui, vivent les humains actuels.

Dans les noires profondeurs de l'espace, vivront les derniers humains...

Noirs, nous étions tous.

Noirs, nous sommes parfois.

Noirs, nous redeviendrons dans le monde à venir...