MARIE-VICTORIN: UNE PARTIELLE QUI S'ANNONCE DÉTERMINANTE

 

Le frère Marie-Victorin, à la fois
homme de Dieu et homme de science...

Dimanche, la victoire de la jeune Catherine Fournier à la mairie de Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal, a déclenché indirectement une course électorale au siège provincial de député du comté de Marie-Victorin.

Mme Fournier, élue dans ce comté aux dernières élections provinciales, sous la bannière du Parti québécois, plus jeune élue à l'Assemblée nationale, avait quitté le PQ peu après l'élection, afin de tenter d'unifier (ou de réunifier) les forces indépendantistes, éparpillées de plus en plus entre ce parti et d'autres formations politiques (notamment la Coalition avenir Québec, autonomiste, mais aussi Québec solidaire, indépendantiste), voire complètement découragés par l'échec des deux référendums de 1980 et 1995, au point de renoncer à tout engagement politique. Mme Fournier a mis fin à ces efforts en décidant de se lancer sur la scène provinciale, avec succès.

Une élection partielle aura donc lieu dans ce comté d'ici le mois de mai 2022, peu avant les élections générales d'octobre 2022. Elle aura une grande importance, parce qu'elle pourrait être un indicateur précieux au niveau des courants politiques actuels et leur influence sur la scène politique provinciale.

Qui remportera le comté?

Il y a peu de chances que ce soit le Parti libéral du Québec, de plus en plus coupé du monde francophone et cantonné au rôle de porte-voix de la riche minorité anglo-québécoise. Traditionnellement nationaliste et ce, de longue date, cet ancien bastion du Parti québécois pourrait être remporté par la CAQ, nationaliste et autonomiste. Il va de soi que le parti gouvernemental fera tout ce qu'il est possible de faire pour mettre la main sur ce comté, lui qui est fort dans les campagnes, mais faible dans les banlieues et presqu'absent dans les centres urbains.

Pour le Parti québécois, présentement en proie à une longue agonie née de l'attachement profond des membres et des sympathisants envers la formation fondée par René Lévesque, à l'époque de plus en plus lointaine des affrontements et des différents opposant les capitales du Canada et du Québec, le gouvernement d'Ottawa et celui du Québec, les premiers ministres Pierre-Eliott Trudeau (fédéral) et René Lévesque (provincial), le Parti libéral du Canada et le Parti québécois. Le PQ ne veut pas mourir, mais rien ne semble renverser le courant, même pas la course à la chefferie et l'élection d'un chef capable mais peu visible et absent de l'Assemblée nationale.

Pour Québec solidaire, un gain dans ce comté serait un signe de plus que cette formation réussit de mieux en mieux à se définir comme une alternative incontournable à la CAQ. QS, lors des dernières élections provinciales, a quitté son berceau montréalais de sa naissance, après une longue gestation, pour faire irruption dans d'autres centres urbains, plus petits (deux députés à Québec et un à Sherbrooke), ainsi que dans le milieu rural (une députée dans Rouyn-Noranda/Témiscamingue, une région éloignée et très rurale). Affligé d'un grave problème d'image, souvent perçu comme un regroupement d'électeurs trop jeunes, d'universitaires coupés des réalités concrètes, d'amateurs de drogues dures, etc., cette formation politique, en remportant ce comté semi-urbain, enlèverait une terre potentiellement caquiste à la CAQ, au nez et à la barbe du premier ministre François Legault.

Ajoutons un dernier mot à cette analyse. L'indépendantiste Martine Ouellet, la précédente cheffe du Bloc québécois (parti indépendantiste agissant sur la scène fédérale, créé par le PQ pour enlever des sièges au PLC et, ainsi, affaiblir ce parti foncièrement anti-Québécois), sera candidate dans Marie-Victorin pour le compte d'une toute nouvelle formation dénommée Climat Québec. Cette formation, liant indépendantisme et environnement, viendra donc diviser le vote nationaliste et indépendantiste, alors que le thème environnemental n'est pas absent des programmes du PQ et de QS. Précisons aussi que QS est une coalition de diverses forces de gauche, dominée surtout par deux groupes, les environnementalistes et les féministes, mais comptant aussi un bon nombre de socialistes, de social-démocrates, de communistes, de syndicalistes et d'indépendantistes.

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