SURVIE INDIVIDUELLE / SURVIE COLLECTIVE

 


Chez l'être humain, il y a deux grands instincts hérités de la nuit des temps et profondément enracinés en chacun de nous. Ces instincts naturels sont essentiels, non seulement pour la survie de chaque personne mais pour la survie de l'espèce comme telle.

Le premier est lié à la survie individuelle et le second, à la survie collective. Les deux peuvent s'exprimer de diverses manières et prendre plusieurs formes, mais les deux occupent une bonne partie, sinon une grande partie, sinon la plus grande partie, des préoccupations qui bouillonnent en permanence dans nos esprits.

Ces deux instincts, d'origine animale, sont l'instinct de survie et l'instinct de reproduction.

Chez chaque personne, homme ou femme, l'instinct de survie individuelle est primordial, par ceci qu'il guidera les réflexions, décisions, actions et progressions de chaque personne au cours de sa vie. L'être humain, en général, ne tient pas à mourir. Il peut lui arriver de mettre sa vie en danger dans certaines circonstances, mais seulement si l'enjeu le justifie, par exemple s'il s'agit de sauver un enfant coincé dans une maison ravagée par les flammes d'un incendie. Habituellement, l'humain  préfère de loin conserver sa vie et, même, la protéger par tous les moyens possibles. Pour que l'envie de disparaître le gagne, le hante et lui donne un jour l'impulsion d'attenter à ses propres jours, il faut que l'environnement lui soit défavorable et lui procure une peine et un chagrin qu'il ne peut ni contrôler, ni supporter, ni diminuer.

Cet instinct de survie lui indique le meilleur moyen de veiller sur lui-même, de conserver ses positions comme d'améliorer celles-ci, voire de renverser la vapeur si les choses se dégradent, afin de relancer sa vie et la remettre sur de meilleurs rails. Cela peut prendre forme, habituellement, par l'intermédiaire du travail, l'activité qui lui permet de gagner son pain et de jouer un rôle plus ou moins important dans l'évolution d'une société humaine. Le travail définit sa place sociale et son rôle au niveau des transformations qui ont cours au sein de sa société, au gré des événements et des aléas de la vie humaine en générale, ainsi qu'au gré des relations de ladite société avec les sociétés environnantes.

Cet instinct s'articule avec un autre, tout aussi important et tout aussi vital à la transmission de la vie dans le temps. L'instinct de survie vise à assurer le maintien de l'existence d'une personne au cours de son vieillissement naturel, amorcé dès sa naissance. Idéalement, cet instinct lui permettra de se rapprocher de ses limites maximales et d'atteindre l'âge de sa mort naturelle, c'est-à-dire provoquée par l'usure progressive de l'enveloppe corporelle.

L'autre instinct, lui, soit l'instinct de reproduction, concerne l'autre aspect de l'équation, c'est-à-dire non pas la survie d'un individu comme tel mais la survie de sa collectivité d'origine: groupe, clan, famille, société. Chaque personne peut être perçue comme le fruit de l'union de deux familles, personnifiées par le père et la mère. Chacun de ceux-ci, tant le père que la mère, est issu lui aussi d'une famille et l'alliance entre ces deux familles a permis la création d'enfants en nombre variable. Chaque enfant partira ensuite à l'aventure et tentera à son tour de fonder une famille, grâce à une rencontre imprévisible et non-planfiable. Cette rencontre le mettra face à face avec son vis-à-vis, qu'il s'agisse d'une personne née dans la même campagne, le même village, la même ville, le même district ou le même pays, voire sur un continent situé à l'autre bout de la planète...

L'union entre deux personnes, par la voie d'un mariage ou par la voie d'une simple union plus ou moins informelle, permet de transmettre la vie reçue par chaque participant et de créer une toute nouvelle vie, une nouvelle génération, un nouveau maillon à un chaînon se perdant dans la nuit des temps. Derrière chaque père, il y a un père, puis un autre père, puis un autre et un autre, puis encore d'autres, dans une succession ininterrompue, au fil des siècles, des millénaires, des dizaines de millénaires, des centaines de millénaires, des milliers de millénaires, et encore davantage, formant en quelque sorte des tentacules de vie qui remontent aussi loin qu'il est possible d'imaginer, jusqu'aux débuts de la reproduction sexuée. La même chaîne existe aussi, bien sûre, chez la femme, chaque d'elles étant la fille d'une mère, la petite-fille d'une grand-mère, l'arrière petite-fille d'une arrière grand-mère, etc., formant une suite de chainons aussi longue que l'on peut compter de générations.

C'est dire que chaque personne qui meurt sans avoir enfanté interrompt une chaîne dont les maillons se succédaient san relâche et sans bris depuis la nuit des temps, depuis des millions d'années, depuis la soupe originelle qui baignait l'océan primitif. De là, vient sans doute l'antique interdiction du suicide, aussi vieille que le monde est monde. La vie doit se transmettre, c'est ce que souhaite Mère Nature, un autre nom (bien plus poétique) pour le code génétique inscrit dans nos chairs.

Il y a un lien très profond et très ancien entre les deux instincts et cela se reflète jusque dans le language courant. Pensez au mot français 'travail' et au mot anglais 'labor' (ou 'labour'), issu du mot français 'labeur', synonyme du mot travail. La conquête normande de l'Angleterre en 1066 a imbriqué et interrelié à jamais les deux langues et fixé les termes d'un phénomène vieux comme l'espèce.

Le mot travail désigne aussi bien l'activité économique d'une personne définissant sa place dans une société que le processus naturel menant à la livraison au monde d'une nouvelle vie individuelle, sous la forme d'un enfant prêt à débuter son existence et à commencer à vieillir très lentement dès sa naissance. En anglais, bien entendu, le mot labour a exactement le même sens.

Pour le dire autrement, le travail -dans son premier sens- assure la survie d'une personne (en lui accordant une place dans la société) et le travail -dans son deuxième sens- assure lui la survie d'une collectivité (en permettant à la mère d'expulser hors de son enveloppe corporelle une petite étincelle de vie, brillante et gigotante, pleine de sang et encore reliée à elle par un curieux tube, étrangement coloré).

L'instinct animal fait ainsi le lien entre la biologie humaine et l'économie sociale et ce, depuis que le monde est monde, aussi longtemps que le permettra les ressources disponibles sur le la planète et sur les astres environnants, dont l'exploration se poursuit et dont l'exploitation et la colonisation débuteront sans doute au cours des prochaines décennies.









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