LE MYTHE DU PARFAIT BILINGUE

 


Pendant des années, on nous a abreuvé de l'importance d'être bilingue. Il faut être parfaitement bilingue pour réussir sa vie, aujourd'hui, sinon n'y pensez plus.

C'est faux, complètement faux.

Bilingual Today, French Tomorrow, clamait le titre d'un livre bien oublié de nos jours, à l'époque où le bilinguisme officiel était encore un sujet controversé au Canada anglais. 

  • Bilingual Today, French Tomorrow? Non, pas vraiment.
  • Bilingue aujourd'hui, anglophone demain? Ce n'est que trop vrai, on s'en rend compte de plus en plus.

L'ancienne utopie américaine d'une shining city on the hill n'est plus, remplacée par une dystopie de plus en plus inquiétante, malaisante et incommodante. L'idéal américain n'est plus, supplanté par la réalité évoquée par le roman et le film The Road, un monde malsain, dangereux, peuplé de cannibales, sans issue et sans avenir. No Future. Le géant américain ne se cache même plus la vérité.

Dans le contexte canadien, le bilinguisme se traduit surtout par le bilinguisme des francophones. Tout comme en Ontario, le bilinguisme français/anglais conduit inévitablement à l'unilinguisme, tôt ou tard, et la langue la plus dominante / la plus forte / la plus lourde finira par avoir le dessus. Ce n'est qu'une question de temps. En Ontario, ce n'est pas le français qui a eu le dessus jusqu'ici et, au train où vont les choses, ce ne sera pas le français non plus au Québec.

Dès le XIXe siècle, Lord Durham prônait l'assimilation culturelle et linguistique pour venir à bout des Canadiens d'alors, majoritairement francophones. Grâce à l'immigration et aux pouvoirs politiques dont disposait le royaume d'Angleterre, il fut facile aux anglophones de tout manipuler pour faire de ce royaume canadien une terre majoritairement anglophone. Conquérir l'Ouest canadien (les Anglo-Ontariens peuvent se féliciter de cet 'exploit') fut chose relativement facile, les autochtones, les Canadiens français et les métissés (notamment les membres de la nation Métisse) n'ayant pas la puissance militaire nécessaire pour pouvoir s'y opposer. La pendaison de Louis Riel, considéré comme un traître par l'empire britannique, symbole de la résistance de l'Ouest, francophone, indigène et libre, par les Anglo-Ontariens, reste encore gravé profondément dans la mémoire collective. Aujourd'hui, de Saint-Jean (Terre-Neuve) à Victoria (Colombie-Britannique), neuf provinces sur dix sont majoritairement anglophones et il ne faut pas s'en surprendre, puisque tout a été voulu, conçu, planifié, commandé, préparé, mijoté, organisé pour arriver à un tel résultat.

Les manipulateurs anglophones, anglicisés, anglicisants, anglicisateurs et anglicans du Canada, aussi pontifiant que pontificateurs, convaincus d'avoir raison en tout, en tout temps et en toutes choses, incapables d'imaginer autre chose qu'un avenir doux et serein, ne savent pas encore ce qui les attend. Les gens qui gouvernent ce soi-disant pays, supposément béni des Dieux mais honni de ceux et celles qui le connaissent vraiment, devront tôt ou tard composer avec la réalité.

Les pays de l'Anglosphère, conduits par les États-Unis, ne savent pas ce qui les attend devant la réalité émergente d'une Afro-Eurasie qui leur sera de plus en plus hostile (essentiellement tout ce qui se trouve entre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord) ou de plus en plus indifférente (notamment l'Europe continentale, l'Inde, le Japon et l'Union africaine), sans parler d'une Amérique latine qui n'acceptera pas éternellement de servir de cour arrière à un pays aussi malodorant qu'une Amérique trumpienne et semi-fasciste.

Bien des langues sont tout aussi valables et tout aussi utiles que l'anglais, dans le monde d'aujourd'hui. On peut citer l'espagnol et le mandarin, la première par le nombre de ses locuteurs et la seconde par son avenir économiquement prometteur. Ce qui serait réellement utile au Québec, ce n'est pas la présence d'une université anglophone aussi prestigieuse que McGill (nous pouvons très bien nous en passer, merci), ni même de l'université Concordia, mais l'implantation d'une université chinoise, ainsi que l'établissement et le développement de liens économiques et culturels plius étroits et plus intenses avec l'Empire du milieu. Les jeunes francophones du Canada y trouveraient davantage leur compte, à long terme.



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