D'APRÈS MARIE-VICTORIN, LE OUI PEUT GAGNER EN 2026 (SI, SI)...

 

Résultats du vote de l'élection partielle dans la circonscription de Marie-Victorin, tenue hier, selon les données complètes publiés sur le site Internet du réseau TVA.

  • Shirley Dorismond                  Coalition avenir Québec :     5 697 votes
  • Pierre Nantel                                           Parti québécois :     4 902 votes
  • Shophika Vaithyanathasarma               Québec solidaire :     2 316 votes
  • Anne Casabonne            Parti conservateur du Québec :     1 696 votes
  • Émilie Nolet                              Parti libéral du Québec :     1 130 votes        
  • Martine Ouellet                                       Climat-Québec :        310 votes    
  • Alex Tyrell                                     Parti vert du Québec :        142 votes

CAQ
La ''Lune de miel''' se poursuit pour ce parti élu au gouvernement une toute première fois il y a quatre ans. La division de l'opposition continue de l'arranger. Même la pandémie et ses conséquences entravantes pour tous et pour toutes ne viennent pas à bout de la vague caquiste. Une vie politique marquée par le bipartisme qui caractérise les États-Unis depuis des décennies et qui avait cours au Québec lors de l'ancien duopole PQ-PLQ, lors des années 70-80-90-00, changerait évidemment la donne. Quelle forme pourrait bien prendre un tel bipartisme: CAQ-PQ ? CAQ-QS ? CAQ-PCQ ?

PQ
Le parti fondé par René Lévesque a des membres et des sympathisants d'une remarquable fidélité, mais cette clientèle est de plus en plus vieillissante, après un référendum échoué (en 1980) et un autre volé (en 1995). La notoriété du candidat péquiste a beaucoup aidé dans ce comté traditionnellement nationaliste et 'bleu' depuis des lustres. Le grand problème, en fait, c'est l'image que le PQ traîne auprès des jeunes et des moins jeunes, i.e. un parti de bon gouvernement, oui, mais ce, autrefois, et composé maintenant de nationalistes vaguement racisants, de perdants, d'aigris, de gens de plus en plus coupés du monde actuel, multicolore, multilinguistique et multiethnique. Le parti était formé d'une coalition d'indépendantistes couvrant tout le spectre politique et allant donc de l'extrême-gauche à l'extrême-droite. Les indépendantistes de centre-droit, une aile toujours minoritaire, se sont rassemblés autour de François Legault pour créer un parti de centre-droite et nationaliste, conjointement avec d'autres personnes se cherchant une troisième voie hors du duopole d'autrefois. Ceux du centre-gauche ne lâchent pas prise et risquent de rester sur le carreau, oubliés par une époque qui continue d'avancer et de morpher sans arrêt, alors que les indépendantistes d'extrême-droite se retrouvent aujourd'hui dans des groupuscules plutôt haineux, genre La Meute ou Atalante. Ceux de la gauche plus avant-gardiste ont sauté sur la chaloupe de sauvetage qu'est devenu Québec solidaire quelques années après sa fondation, lorsque ce parti (encore assez récent) s'est déclaré indépendantiste, mais ils sont remarquablement peu nombreux, même aujourd'hui.

QS
Cette formation, tout comme le PQ actuel, souffre lui aussi d'un problème d'image, mais différent. La clientèle de QS est encore très jeune, trop jeune, même, au point d'être volatile, volage pourrait-on dire, parce qu'attirée comme un vol d'oiseau par toutes sortes de faux-fuyants, par exemple les solutions faciles que peuvent proposer le PCQ, au provincial ou le NPD (Nouveau parti démocratique) au fédéral. Le 'politburo' est le surnom donné à l'appareil du parti, bien qu'il ait été composé à même les 20 000 membres que compte cette formation, partout au Québec, ce qui n'est pas rien. QS est de ces formations qui gagnent à être mieux connue, comme certaines personnes. Les gens qui constituent les cellules locales, i.e. les 'cocos' (comités de coordination), ne sont pas des têtes folles, mais des géologues, des fonctionnaires fédéraux, des informaticiens, des syndicalistes, des universitaires, des philosophes, des mères de famille, etc. Il s'y trouve même (parfois mais pas toujours) des poètes, un peu comme le très sexagénaire auteur de ces lignes. QS est une coalition qui se veut de gauche et qui souhaite représenter toute la gauche, jusqu'à l'extrême-centre. Née dans les franges de la gauche extrême, la formation migre présentement vers le centre, là où la masse de la population se trouve et où se trouvent aussi, habituellement, les partis de pouvoir, gonflant lentement le nombre de ses membres, gagnant peu à peu du sérieux et de la crédibilité, par la même occasion. Cette coalition regroupe des syndicalistes, des socialistes, des communistes, des socio-démocrates, des justiciers manqués, des rêveurs, des gens d'affaires, des immigrants, des amateurs de bio, des producteurs de bio, des gestionnaires d'entreprise, des environnementalistes, des féministes, des indépendantistes, c'est-à-dire des gens qui, en temps normal, se détestent cordialement et font semblant de s'aimer, un peu comme dans toute famille comptant plus de cinq personnes, parents inclus. Les environnementalistes et les féministes y ont le dessus, par les temps qui courent, ne serait-ce qu'en nombre. QS est un parti qui se cherche encore et qui cherche aussi un vis-à-vis pour danser le tango et le cha-cha, comme tout couple qui se respecte, afin de reformer un duopole capable de distraire le Québec pour les quarante prochaines années. La CAQ est le partenaire tout désigné (et non volontaire) d'un tel Dynamic Duo encore en gestation...

PCQ
Né de la pandémie, le parti fait un tabac et prend la forme d'une flambée pouvant se révéler temporaire. Les plus jeunes, persuadés que deux ans constitue une plage temporelle trop longue et insupportable, n'en peuvent plus et plusieurs s'y joignent. On verra bien ce que cela donnera à long terme.


PLQ
Ce parti continue de s'écraser. Mme Anglade, sa cheffe, mérite bien mieux que les mangeux de hot-dogs qu'elle doit tenter d'encadrer, comme si c'était encore une bande de gamins ayant la morve au nez. Robert Lesage s'en retournerait dans sa tombe, lui qui rêvait que nous devenions 'Maître chez nous'. Elle doit démissionner immédiatement. Il faut être charitable avec ce parti qui court un sérieux danger de devenir un objet permanent de ridicule, comme le 'crédit sochial' d'autrefois, avec l'ineffable Camille Chanchon et l'autre dont j'oublie le nom, sans oublier les Bérets blancs, le journal Vers demain et je ne sais quoi encore. Aucun parti politique digne de ce nom ne voudrait fusionner volontairement avec une telle chose infecte, infecte dans le sens qu'elle pourrait l'infecter et le contaminer. La banqueroute est sans doute la meilleure chose qui pourrait encore lui arriver. They Shoot Horses Don't They? Les animaux qui sont malades et savent qu'ils meurent sont assez intelligents pour se trouver un coin isolé pour disparaître, aussi reculé que possible dans le bois. À bien y réfléchir, pourquoi diantre le PLQ ne ferait-il pas la même chose?


CQ
La création de ce parti était une action futile. La notoriété de sa fondatrice est la seule raison de ses résultats. Par contre, cela permet un exercice intéressant: si vous additionnez les votes des trois partis indépendantistes, le PQ, QS et CQ, vous obtenez un nombre de de voix supérieur à celui de voix de la CAQ, un parti nationaliste et autonomiste. Pire encore, bon nombre d'indépendantstes de droite qui se trouvent à la CAQ pourraient voter 'Oui' à un éventuel troisième référendum. Le mouvement indépendantiste a des racines profondes, très profondes, dans la société québécoise. Rappelez-vous que la députée péquiste du comté de Marie-Victorin était une toute jeune femme qui, à peine élue, a préféré démissionner pour tenter de recristalliser le vote indépendantiste. N'y étant pas parvenue, malheureusement, cette femme admirable, la plus jeune membre de l'Assemblée nationale, sainte Catherine de Marie-Victorin, ainsi que nous pourrions la surnommer, est devenue la mairesse de Longueuil...Profitons de l'occasion pour souligner à quel point le PQ est une pépinère et une inspiration pour toute une kyrielle de formations plus ou moins récentes: Bloc québécois, Québec solidaire, Climat-Québec, Option nationale (fusionnée avec QS) et toute une floppée de petits groupuscules et animalcules. La présente analyse, incidemment, ne porte que sur les formations ayant reçu au moins cent votes à cette élection partielle. La recristallisation dont rêvait l'ancienne députée peut encore se réaliser, dans la mesure où les autres partis indépendantistes acceptent de se fusionner, par exemple en se joignant à Québec solidaire...

PVQ
Last but not least, le Parti vert québécois s'est signalé par sa présence, à défaut de ses résultats. Ne riez point de cette formation, pourtant, les partis verts constituant des forces réelles et respectables en Europe, ainsi qu'au Canada anglais, particulièrement sur la côte ouest (Colombie-britannique, dont la moitié ouest est progressiste et ouverte sur le monde, particulièrement l'Asie, pour des raisons géographiques et démographiques évidentes, notamment à Vancouver) et sur la côte est (les provinces Maritimes, fondées par les ancêtres des Acadiens, Loyalistes et Micmacs d'aujourd'hui, sanas parler des Néo-Canadiens qui sont nombreux dans les milieux urbains), malgré les déboires de sa dernière cheffe. L'aile francophone est active dans le parti national et l'avenir du PVQ reste non écrit. Les possibilités ouvertes à la jeunesse sont infinies.

Le fantôme du frère Marie-Victorin viendra peut-être me visiter, cette nuit. (Les Écossais, comme mon arrière, arrière, arrière grand-père croient souvent aux fantômes et j'ai bien le droit d'y croire moi aussi. Essayez de m'en empêcher...) Je suppute qu'il me sussurera à l'oreille que le 'Oui' peut encore gagner, même s'il y a 42 ans que les cendres du tout premier référendum se sont refroidies. (Curieusement, cela me fait penser que ma plus vieille est née lorsque j'avais 42 ans. Il est assez remarquable, par ailleurs, que je sois né l'année même de la Révolution tranquille, en 1960. Ma date de décès correspondra évidemment à la fin de mon univers personnel et cela aura sûrement lieu quelque part en 2080, lorsque j'aurai atteint l'âge vénérable de 120 ans, soit la moitié de l'espérance de vie des requins du Groenland, ce qui est peu encourageant à bien y penser, étant donné leur faible activité cérébrale.) Le fantôme, donc, de ce religieux/scientifique qu'était Marie-Victorin, me murmurera à l'oreille, j'en suis sûr, que rien ne sert d'attendre, il faut espérer, ou que rien ne sert de courir, il faut penser à point, ou quelque chose de ce genre. Bref, le Oui peut encore gagner, même maintenant, même après tant d'années, même après la disparition du très regretté Ti-Poil.

Commentaires

Les articles les plus consultés

CANADA: FROM KINGDOM TO REPUBLIC

LA FAMILLE OCCIDENTALE MODERNE...

UN GRAND ÉCHANGE DE BOUE S'EN VIENT...