LES QUATRE SAISONS DE TERRA

 

Les saisons de Terra sont bien prononcées et distinctes, surtout si l'on vit au nord ou au sud des Tropiques. Le printemps se sent à la chaleur qui revient peu à peu et à la neige et la glace qui fondent lentement. L'été s'apprécie par sa douceur et sa chaleur. L'automne, par contre, se démarque par un temps de plus en plus froid et pluvieux, avec un sol qui gèle progressivement sous nos pas. Lorsqu'arrive l'hiver, avec son manteau de neige et de glace, la vie ralentit et se prépare à un arrêt temporaire, jusqu'au prochain printemps.

Le déroulement de la vie humaine est le reflet de ce rythme naturel vieux comme le monde. De la naissance au décès, notre organisme, siège de notre existence, traverse plusieurs étapes.

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Le printemps de notre vie commence à la naissance et se termine à la puberté, ouvrant la voie à la retransmission éventuelle de la vie que nous avons reçue à la conception, de par l'amour de nos parents. C'est un temps d'innocence, d'effervescence, de découverte et de liberté, à l'image d'un ruisseau de montagne qui dévale gaiement une pente abrupte, se faufilant entre les rochers, indomptable et triomphant. La vie débordante de l'enfance et la formation progressive de notre personnalité, avec une prise de conscience qui s'enracine dans les limbes de notre mémoire la plus ancienne, caractérisent cette période.

L'été de notre vie, entamé à la puberté, prend fin à l'apparition de notre première descendance. C'est un temps de labeur intense, marqué par l'étude, le rêve, les préparations, la planification, les premiers pas de la vie professionnelle et publique, la rercherche d'une âme-soeur, etc. Cette partie de notre vie est dominée par la vie effréné du début de l'âge adulte. Le ruisseau ralentit, prend de l'ampleur et devient peu à peu une rivière.

L'automne de notre vie s'étend de l'apparition de la première génération suivante à celle de la deuxième génération suivante. Nous commençons cette saison comme parent et nous la terminons comme grand-parent. C'est un temps d'organisation, d'efforts soutenus et de réalisations de longue haleine, au cours duquel nous atteignons le sommet de notre vie professionnelle et publique. C'est l'âge de la plénitude où la rivière coule lentement dans la plaine et s'apprête à se jeter dans la mer.

L'hiver de notre vie débute à l'apparition des enfants de nos enfants et se termine, éventuellement, tout simplement, parfois tout doucement, par la disparition de la petite étincelle de vie qui nous anime depuis notre conception. C'est un temps de réflexion et d'attente, de bilan et d'espoir. Tandis que le fleuve avance de plus en plus vers la mer, l'eau qui le compose se réorganise et une partie monte pour aller tomber en montagne, alimentant les ruisseaux des prochaines générations. Nous devenons le lien, de plus en plus fragile mais pourtant essentiel, entre les générations de nos parents et de nos grand-parent et celles de nos enfants et de nos petits-enfants. L'attention sociale et l'actualité s'éloignent de plus en plus de nous, comme si nous n'existions plus, tandis que nous devenons les gardiens de la mémoire humaine et, par le contact que nous maintenons avec nos proches, les guides et les juges de la direction prise par les affaires publiques. Notre mémoire détermine nos idées et oriente les conseils pouvant être prodigués aux plus jeunes d'entre nous, avant notre inévitable disparition...