LA FRANCE ET LA DESTINÉE EUROPÉENNE

 



Dans le dossier d'une défense réellement européenne, on sent, dans certains milieux, un certain découragement, presque de l'abandon.

Pourtant, rien n'empêche l'Europe continentale de définir ses propres besoins en matière de défense. De même, rien ne l'empêche de se donner les moyens nécessaires pour combler ces besoins. En fait, au risque de trop simplifier, il suffirait de consacrer à cette fin les fonds déjà affectés à sa participation aux instances de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).

La France, le pays européen ayant l'esprit d'indépendance le plus prononcé, doit agir comme une bougie d'allumage à ce niveau. Au cours des dernières décennies, la construction européenne s'es appuyée d'abord et avant tout sur le tandem franco-allemand. Depuis la Deuxième guerre mondiale, l'Allemagne, par sa puissance économique, et la France, par son poids politique, ont nécessairement et incontestablement été le coeur de l'Europe, le moyeu central où sont venus s'articuler tous les autres pays aujourd'hui membres de l'Union européenne.

Forte de son rayonnement mondial (francophonie), de sa culture, de son siège au conseil de sécurité, de sa possession de l'arme nucléaire, de sa flotte de type 'mers bleues' (Blue Navy), de ses forces militaires présentes sur tous les continents, entre autres, la France dispose aussi d'un avantage précieux: sa volonté souvent affirmée et maintes fois démontrée de ne pas agir en simple vassale des États-Unis. C'est pourquoi il revient à la France d'être à la source d'un mouvement poussant à la création d'institutions européennes de défense, appelées à remplacer éventuellement l'OTAN.

Il faut admettre que celle-ci, il y a plusieurs décennies, répondait à un besoin réel, celui de s'opposer à l'Union soviétique dans le cadre de la guerre froide. Ce besoin n'existe plus, depuis la dissolution de l'URSS, et les mentalités liées aux circonstances de la guerre froide doivent évoluer, ce qui est toujours difficile et prend du temps.

Pourtant, en principe, l'Europe continentale peut très bien entretenir des relations normales et même fructueuses avec les peuples slaves orientaux, sur son flanc est. Pour y arriver, bien sûr, il faut que ces peuples déterminent entre eux ce que doivent être leurs rapports futurs, la nature de leurs relations. La présente guerre et les négociations qui, en toute probabilité, s'ensuivront devraient permettre de clarifier ces questions.

Dans la situation actuelle, pour le dire d'une façon un peu crue, les États-Unis utilisent l'Union européenne à travers l'OTAN, afin de mieux contrecarrer la Chine, devenue depuis peu l'adversaire stratégique numéro un. En ce sens, il est important de bien comprendre que les USA ont besoin de l'UE, mais l'inverse n'est pas vrai, et que l.'OTAN a besoin de l'UE, mais l'inverse n'est pas vrai non plus. Disons-le clairement: l'UE d'aujourd'hui n'a plus besoin du parapluie américain qui surplombe et protège l'Europe de l'Ouest depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

En effet, comment s'imaginer, dans le contexte d'une Union européenne devenue autonome au plan de la défense, que le gouvernement de la Russie, par exemple, se mette en tête de s'en prendre à un ensemble qui est tout à la fois plus populeux au plan démographique, plus riche au plan économique, plus fort au plan politique et plus puissant au plan militaire? Un tel scénario n'est pas crédible et ne tient tout simplement pas la route.

Lorsque la France le comprendra (et lorsqu'elle arrivera à en convaincre l'Allemagne à son tour), le reste de l'Europe continentale comprendra mieux les enjeux et les intérêts en présence et se joindra au mouvement, tôt ou tard. Dans ce dossier, la France a un rôle incontournable et capital, celui d'éveiller ses voisins et d'ouvrir leurs yeux.

Sera-t-elle à la hauteur de ses responsabilités européennes?


(Article écrit sur la base d'une série de twits publiés sur Twitter le dimanche 23 octobre, en réaction à un texte paru sur le site Internet spécialisé diploweb.com et intitulé ''La défense européenne: une longue méprise?'' Lien: https://www.diploweb.com/La-defense-europeenne-une-longue-meprise.html)

Commentaires

  1. La France aurait besoin d'un autre de Gaule qui avait sortit son pays de l'Otan (les États-Unis.)
    Malheureusement pour elle, un Sarkozy s'est pointé à la présidence pour mieux la trahir

    RépondreSupprimer
  2. De Gaulle avait une idée très précise de la grandeur de la France, il est vrai. Le président actuel, toutefois, semble avoir beaucoup d'instinct et me paraît capable de percevoir comment exprimer les intérêts fondamentaux de son pays et de l'Europe communautaire en général. La France est un pays qui existe depuis plus de mille ans et il ne faut pas se décourager quant à sa capacité de bien comprendre ce qui se passe et ce qui doit survenir.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Bonjour, tous les commentaires sont acceptés, dans la mesure où ils sont d'ordre professionnel. Insulteurs s'abstenir...

Les articles les plus consultés

CANADA: FROM KINGDOM TO REPUBLIC

LA FAMILLE OCCIDENTALE MODERNE...

UN GRAND ÉCHANGE DE BOUE S'EN VIENT...