ON SE BOUSCULE VERS LA LUNE...
La Lune
n'est pas seulement l'objet d'une nouvelle course entre deux pays, les
États-Unis et la Chine (alliée a la Russie), un peu comme celle des années '60,
entre les États-Unis et l'Union soviétique. Ce qui est moins connu, c'est
qu'elle est également la cible de plusieurs entreprises privées ayant chacune l"intention
de poser sur la Lune, dès l'an prochain, des engins automatisés, dans le cadre
de missions scientifiques et/ou commerciales.
La
situation a bien changé depuis les missions Apollo d'il y a soixante ans, avec
le coût des lancements qui a beaucoup baissé, rendant l'espace bien plus
accessible. Grâce à cela, le rythme de l'exploration et de l'exploitation
spatiale est aujourd'hui en plein essor. Il faut aussi souligner que la
diversité des acteurs impliqués s'est élargie.
Plusieurs
données intéressantes : l'an dernier, sur près de 160 lancements, la moitié ont
été effectués par des firmes privées. SpaceX dominait largement, avec un tiers
de tous les lancements de 2022 à elle seule, mais une multitude de petites
compagnies, parfois très peu connues, mais toutes rêvant d'espace, faisaient
aussi partie des nouveaux joueurs privés. La Chine dispose elle aussi de
compagnies spatiales privées, mais, apparemment, en moins grand nombre et sans
disposer d'un seul géant qui soit comparable à SpaceX.
Cela augure
donc bien pour l'avenir, avec des dizaines de pays ayant des agences spatiales
publiques, et une toute nouvelle industrie spatiale privée qui se développe
rapidement. En fait, le fourmillement actuel fait beaucoup penser à la
floraison de compagnies, souvent minuscules, qui existait en Amérique et en
Europe au tout début de l'industrie automobile.
Au fur et à
mesure que cette industrie s'est développée, les compagnies impliquées ont
grandi, plusieurs ont disparu, d'autres se sont fusionnées, jusqu'à ce que de
grands conglomérats finissent lentement par se mettre en place (General Motors,
Volkswagen, Stellantis, etc.). Le même phénomène de concentration est survenu
au cours du développement de l'industrie aéronautique, au fi des décennies,
d'une poussière de petites boîtes à des firmes moyennes, puis à quelques
corporations géantes (Boeing, Airbus).
Il est donc
probablement raisonnable de s'attendre à quelque chose d'assez semblable au
niveau du développement à venir de l'astronautique. Nous ne sommes qu'au début
d'un long processus. Pour faire une analogie avec l'histoire de l'industrie
automobile, nous sommes encore à l'équivalent du XIXe siècle : les premiers
véhicules sont primitifs, certains marchent même à la vapeur, les pneus en
caoutchouc ne sont pas encore inventés, les moteurs n'ont pas assez de
capacité, les routes ne sont encore que des pistes, les rues sont pensées pour
les charrettes, la Ford-T appartient encore à un futur lointain... Bref, tout
semble à faire.
Depuis
quelques années, les changements vont en s'accélérant dans le domaine de
l'exploration et de 'l'exploitation de l'espace. Dans quarante ou cinquante
ans, nos enfants trouveront normales des choses qui, actuellement, semblent
appartenir à la science-fiction. Cela leur paraîtra même bien banal, sans
doute.
Après tout,
si la moitié de la planète était vissée devant le petit écran pour assister aux
premiers pas sur la Lune, les cotes d'écoute ont beaucoup baissé au cours des
missions suivantes: voir à la télévision des astronautes marcher en bondissant
était devenu un spectacle un peu ennuyant...
* * *
https://www.economist.com/science-and-technology/2023/01/18/which-firm-will-win-the-new-moon-race
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Bonjour, tous les commentaires sont acceptés, dans la mesure où ils sont d'ordre professionnel. Insulteurs s'abstenir...