DÉMOCRATIE ET DICTATURE
Deux
hommes, deux dictateurs impitoyables et sans pitié, l'un pour les ennemis de
l'intérieur, l'autre pour les ennemis de l'extérieur.
L'auteur
de ce blogue vous invite à jouer un petit jeu sans conséquence Il va écrire les
noms de deux dictateurs. Le premier ne vous surprendra certainement pas, mais, en
revanche, le second pourrait vous faire réfléchir et, peut-être même, douter de
vos certitudes les plus inébranlables quant aux rapports entre démocratie et dictature.
Voici
le premier nom:
AUGUSTO
PINOCHET
Pour
l'instant, évitez autant que possible de jeter un coup d'œil rapide au deuxième
nom.
Que
vous inspire le premier nom? Sans doute ce qui suit: Chili, Amérique latine,
général, extrême-droite, militaire, armée, prise de pouvoir, CIA, Salvador
Allende, président socialiste démocratiquement élu, dictature, prisonniers
politiques torturés, bottes, milliers de réfugiés émigrés dans divers pays,
condamnation universelle, etc. Ce n'est pas un individu particulièrement
ragoûtant et demeure à classer parmi les Tamerlan, Gengis Khan, Hitler,
Mussolini, Tojo, Trump, etc.
Ce
n'est certainement pas un Abraham Lincoln, pourtant impliqué dans une guerre
civile impitoyable ayant fait près de 600 000 morts et dévasté la moitié du
continent nord-américain. Lincoln était avocat de profession, avant de devenir
un politicien tenace mais habile, surnommé de son vivant Honest Abe.
Il ne viendrait à l'idée de personne d'appliquer le sobriquet Honest
Gus à un être comme Pinochet. Lincoln, affligé d'un physique ingrat
(il était trop grand, trop laid, trop mince), n'était certainement pas un
bellâtre et il pourrait peut-être même être qualifié de repoussant à certains
égards, mais il demeure à bon droit un héros sans peur et sans reproche aux
yeux de l'ensemble de son peuple, possiblement par suite de sa mort tragique et
prématurée, mais sans doute davantage pour son rôle central dans la survie de
la république américaine. Lincoln compte un point pour la démocratie
américaine.
L'autre
nom de dictateur est moins évident, mais tout aussi approprié. Voici ce nom
(délibérément réduit à l'aide d'un caractère plus petit, pour ceux et celles
qui auraient été tentés de tricher en y jetant un regard fugace):
CAROLUS
MAGNUS
Carolus
Magnus, c'est bien sûr le nom latin de Charlemagne, le fameux empereur franc,
maître de l'empire carolingien, centré sur la ville allemande
d'Aix-La-Chapelle. Le nom de Charlemagne, aux yeux d'un lecteur d'expression
française, voire d'un lecteur d'expression allemande, peut surprendre au
premier abord. Les mots qui viennent immédiatement en tête pour cette
personnalité sont probablement ceux-ci: empereur, stabilité, ordre, justice,
protecteur d'une Europe en transition, voire en lambeaux, Haut Moyen-Âge,
obscurité, politicien, froid nordique, brumes de l'histoire, Dieu,
christianisme, sauveur de ce qui subsistait encore d'une civilisation
gréco-romaine en butte aux agressions barbares, etc.
Les
Francs, peuple d'origine germanique, faisaient eux-mêmes partie de ces barbares
germains, bien que de plus en plus mélangés aux Gallo-Romains de ce qui
deviendra la France moderne. Certains parmi les guerriers francs ont bloqué les
attaques des cavaliers magyars surgis des profondeurs de l'est. D'autres ont
repoussé les assauts des Vikings remontant, à bord de leurs navires, les
fleuves européens vers l'intérieur des terres, pillant tout sur leur passage,
tuant les gens sans distinction, violant les femmes et les filles, massacrant
les enfants, brûlant les églises, etc.
Un
des plus grands chefs francs, lui aussi appelé Karl, a arrêté net la grande
vague arabo-musulmane issue de la péninsule arabique, laquelle, après avoir
traversé les terres chrétiennes de Syrie, d'Égypte et d'Afrique du Nord, puis
l'Espagne wisigothique, est venue soudainement mourir près de Poitiers, au cœur
de la France contemporaine. Le nom de ce chef a été francisé en Charles, puis
un surnom lui a été attribué après sa mort, par la postérité. Ce grand chef
s'appelait Charles Martel, soit le Marteau en vieux français (pensez au verbe
marteler,). Charles Martel, donc, dans l'imagination populaire de l'époque,
était en quelque sorte le Marteau de Dieu terrassant les guerriers qui, tels
des aigles fondant sur leur proie, se dépêchaient d'atteindre le cœur de
l'Europe. Aucun des Francs ne pouvait alors soupçonner que ces farouches
guerriers étaient en fait, tout comme eux, soumis à la volonté du même Dieu
qu'eux, ce Dieu de la tradition monothéiste, celui qui a poursuivi, par la
bouche de Mahomet, le long dialogue débuté avec les premiers prophètes juifs,
puis continué par l'intermédiaire de Jésus de Nazareth, le tout dernier
prophète pré-islamique avant l'avènement de Mahomet, quelques centaines
d'années plus tard.
En
quoi Charlemagne est-il un dictateur? Il n'a jamais été élu. Pourtant, à en croire les
événements récents, les démocrates sont nécessairement élus et les dictateurs
ne le sont pas nécessairement. Ce n'est pas aussi simple que cela. Adolf Hitler
a été élu et porté au pouvoir sans que l'ombre d'une fraude n'ait jamais été
évoquée, tout comme Vladimir Poutine, aussi étonnant que cela puisse paraître à
des oreilles un peu trop habituées aux tonitruants discours anglosphériens. Le
premier a clos le trop court chapitre de l'Allemagne démocratique, celle de la
république de Weimar, pour écrire certains des chapitres les plus tragiques de
l'histoire humaine récente. Le second, selon toutes apparences, a choisi de
clore sa longue et, dans l'ensemble, fructueuse carrière politique, marquée par
une série d'élections tout ce qu'il y a de plus démocratique, par un grand
pari, réunir l'ensemble des peuples russes, issus de l'antique Russie kiévite,
sous la tente d'une grande fédération panrusse.
Et
la démocratie dans tout cela? La démocratie peut porter divers chapeaux et se
décliner de bien des manières. La démocratie à l'occidentale et la démocratie
socialiste n'en sont que deux. Il y a eu aussi la démocratie chrétienne, dans
l'Europe méditerranéenne. Mentionnons également la démocratie directe à la
suisse, parsemée de consultations constantes L'idée même de démocratie est
associée de près à la paix, au peuple et à la liberté. Un peuple libre vivant
pacifiquement constitue donc l'idéal démocrate.
Entre
la démocratie et la dictature, le réflexe normal est de choisir la démocratie,
de même que toute personne saine d'esprit préfèrerait d'emblée la paix à la
guerre. Entre construction et destruction, comment hésiter?
Thèse,
antithèse, synthèse. La vie est une roue qui tourne sans cesse. La thèse et son
contraire appelle nécessairement une synthèse, laquelle peut déboucher sur
l'émergence d'une nouvelle thèse et ainsi de suite. La formation d'un couple
est aussi l'amorce d'un renouvellement, par l'apparition d'un tout premier
enfant et la création, par le fait même, d'une nouvelle famille. C'est de là
sans doute que la vieille sagesse paysanne, dans son savoir ancestral, a puisé
les éléments de la vieille rengaine: Jamais deux sans trois.
Quelle
pourrait donc être la synthèse de la démocratie et de la dictature?
Comme
toujours, la déesse verte, Gaïa, somme de toutes les créatures
vivantes, est la voie à suivre, la seule voie possible, celle de la vie
individuelle et de la survie collective. Il est temps ici d'introduire
enfin Géode, son frère jumeau, son égal en tout point, du
même âge qu'elle, par un miracle que seule Mère-Nature, la sage-femme suprême,
pourrait expliquer, si elle y consentait, évidemment, et s'il lui était
demandé.
Monsieur
Géode est la personnification du globe terrestre et, par conséquent, se trouve
à être le père de la géographie, de la géométrie, de la géologie, de la
géopolitique, de la géolinguistique, de la géodésie, de la géomatique, de la
géomancie et de toutes les autres sciences et disciplines liées à la Terre.
Géode est de couleur bleue, bien sûr, celle des eaux des mers océanes. C'est
donc une bille bleue, marbrée du blanc gazeux et neigeux des nuages, une
planète flottant dans le noir profond de la nuit, de l'espace, de l'oubli, de
l'absence, de l'Afrique et, du coup, de l'humanité la plus ancienne, la plus
sage, la plus admirable, la plus prolifique et, paradoxalement, la plus
prometteuse d'entre toutes les humanités de l'archipel terran.
* * *
PLUS: @charles.millar3 (Twitter)
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