PRÉPARER L'APRÈS-GUERRE...
(Basé sur une série de quatre affichages sur Linked In, aujourd'hui)
On sent dans l'article ci-dessous une attitude de peur envers la Russie qui relève presque de la panique. Vite, il faut aller vite, le temps presse, les barbares sont à nos portes.
Visiblement, certains Européens craignent la Russie au point de redouter de voir bientôt des divisions russes mettrent le siège devant Stockholm, enfoncer les positions italiennes à la frontière slovène, pulvériser la résistance française sur le Rhin et refaire le coup des Allemands à Sedan, tout cela au cours des trois premiers mois de 2026, après avoir pris Kiev à la fin novembre 2025, ne s'octroyant guère qu'une pause de quelques semaines, autour de Noël, pour laisser le temps aux soldats russes encore vivants de donner des cadeaux à leurs enfants et de prendre un repos bien mérité, avant de s'élancer vers l'ouest pour lancer la grande offensive qui les mènera aux portes de Paris, alors que la Russie, enfin, réussira à se venger du gigantesque incendie qui a dévasté Moscou à une autre époque, transformant à son tour la Ville-Lumière en torche éblouissante, pendant que la population parisienne, affolée, fuit dans les taxis de la Marn..., pardon à bord des rames de TGV qui filent à toute allure vers Bordeaux, l'une derrière l'autre, tandis que d'autres réfugiés préfèrent atteindre Dunkerke, eux, pour aller vous savez où, à bord d'une flotille improvisée.
La crainte est parfois salutaire, mais elle peut aussi aveugler, voire lancer sur de fausses pistes. Oui, la Russie a l'avantage en Ukraine. Oui, elle devrait normalement avoir le dessus dans ce conflit. Non, elle ne se contentera pas de prendre quelques oblasts additionnels, mais tentera vraisemblablement de faire ce qu'elle entendait faire en quelques semaines, en 2022, soit prendre la capitale et, ensuite, profitant de l'effondrement général, le reste du territoire ukrainien, afin d'en finir complètement avec cette épine dans le pied qu'elle endure depuis 2014. L'avenir du Moldova reste nébuleux. L'Union européenne, par souci de se constituer une ligne défensive cohérente et plus aisément défendable, pourrait sérieusement envisager de laisser la Hongrie et la Slovaquie s'approprier l'oblast transcarpathien, en invoquant le fait qu'il y existe des minorités nationales non négligeables, quitte à prendre le risque de défier la Russie. Un effondrement ukrainien cette année ou au début de l'année prochaine est crédible, il est vrai, mais l'urgence de démarrer en catastrophe le programme dont il est question dans cet article n'existe pas réellement.
En ce qui concerne les dépenses militaires européennes, qu'il conviendrait apparemement de multiplier aussi rapidement que possible, chaque seconde perdue risquant de causer la disparition de Paris, les pays de l'Union européenne commettraient une erreur de se conformer bêtement aux exigences trumpiennes, pour plusieurs raisons. D'abord, la Russie, d'une façon ou d'une autre, commence à montrer des signes d'épuisement et elle ne sera certainement pas en mesure d'aller tellement plus loin après avoir vaincu et conquis l'Ukraine. Ensuite, elle voudra réorganiser ses arrières et entreprendre l'intégration de l'Ukraine dans un ensemble cohérent, d'un seul tenant, avec la Biélorussie, par exemple, avant de se lancer à la conquête des pays de l'Union européenne. Enfin, les forces actuelles des pays de l'UE sont amplement suffisantes pour l'instant.
Ce qui importe le plus, dans l'immédiat, ce n'est pas d'être en mesure de préparer la continuation de la guerre ukrainienne en sol européen, mais bien plutôt de prévenir une telle continution, sans passer par les canaux otaniens. Des rencontres doivent donc être mises sur pied, si ce n'est déjà fait, entre des représentants européens et des représentants russes, sans que le gouvernement ukrainien ne soit même mis au fait de leur existence, ce genre d'entretiens ayant essentiellement pour but de délimiter les scénarios pouvant être envisagés dans l'éventualité d'une victoire russe en Ukraine.
Ce conflit, il est important de le souligner, a mis toutes les puissances qui y ont participé, directement ou indirectement, à genoux, que ce soit la Russie, l'Ukraine ou les pays occidentaux. La seule puissance ayant été impliquée, indirectement dans son cas, et ayant encore du ressort est la Chine. Dans une moindre mesure, c'est aussi le cas de l'Iran et de la Corée du Nord, impliquée plus directement que la Chine mais dont les capacités militaires demeurent toutefois relativement limitées, surtout si l'on tient compte de la dangerosité potentielle d'Israël et de la Corée du Sud.
Il faut aussi souligner que l'ineptitude de l'offensive commerciale américaine et le chantage qui l'a accompagné ont ouvert les yeux de centaines de millions de personnes sur la réalité actuelle des choses. Que l'administration Trump ait jugé nécessaire de tordre le bras à ses propres alliés militaires traditionnels, que ce soit les pays européens, mais aussi plusieurs pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taiwan) et océaniens (Australie, Nouvelle-Zélande), sans même parler des voisins immédiats de l'Amérique (Canada et Mexique), en les faisant chanter pour les forcer à alimenter le budget fédéral, leur laissant uniquement le loisir de choisir de quelle façon, soit par une hausse des droits douaniers, soit par la voie de dépenses militaires additionnelles, est en soi un signe indéniable de la grande faiblesse des États-Unis, avec le gouvernement fédéral confronté à une situation budgétaire de plus en plus catastrophique et ingérable à long terme.
Le moindre mal, pour les alliés, est de faire eactement ce qu'ils font actuellement, selon toute vraisemblance, c'est-à-dire faire croire aux Trumpiens qu'ils se conforment à leurs désirs en tout point, tout en sachant pertinement bien qu'ils doivent choisir ce qui les désavantagent le moins, c'est-à-dire les droits douaniers, ceux-ci étant assumés bien plus par les consommateurs américains et les entreprises américaines importatrices que par les entreprises étrangères exportatrices.
Cela implique qu'ils doivent multiplier le plus rapidement possible les échanges commerciaux avec d'autres puissances que les États-Unis et rehausser le moins rapidement possibles leurs dépenses militaires.
La meilleure façon de parvenir à limiter les dégâts au maximum, c'est de commencer à négocier avec la Russie un traité de paix consécutif à sa victoire quasi-inévitable sur l'Ukraine, explicitant les engagements des uns et des autres, afin d'assurer une paix réelle et durable sur le sol européen, après la conclusion du conflit, ce qui implique de s'y préparer à cette victoire avant même qu'elle ne se produise. Dans l'état actuel des choses, le candidat idéal, incontournable, pour de telles négociations préventives et secrètes, c'est le gouvernement français, hors des canaux officiels ou officieux de la Commission européenne et de l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord.
Il est bien évident que tout doit y passer:
- la question du Moldova et de la Transnistrie,
- la question des relations entre l'Union européenne et les pays du Sud-Caucase,
- la délimitation exacte et aussi précise que possible des espaces maritimes séparant les pays de l'Union européenne de la Russie, aussi bien dans la mer Baltique que dans la mer Noire,
- la question des réfugiés ukrainiens se trouvant actuellement dans les pays de l'Union européenne,
- la question des liaisons futures entre l'enclave de Kaliningrad et la Russie, par la voie maritime (mer Baltique) et par la voie terrestre (à travers la Lithuanie et la Biélorussie,
- le cas des pays baltes, vulnérables à cause des minorités russes qui s'y trouvent,
- la question de la levée des sanctions européennes envers la Russie,
- la question des fonds russes gelés dans les banques européennes,
- la question des échanges commerciaux futurs entre les pais de l'Union européenne et la Fédération russe, sans parler des autres pays bricsiens, à la lumière des nouvelles réalités induites par la guerre commerciale trumpienne et la nécessité qui en découle d'élargir les échanges commerciaux à un plus grand nombre de participants,
- et toutes autres questions afférentes.
https://legrandcontinent.eu/fr/2024/11/18/dans-la-tenaille-le-piege-de-trump-a-leurope/
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