TUNNEL, INSURRECTION SAHÉLIENNE, RIVALITÉ SINO-EUROPÉENNE

 

(Articles parus initialement sur Linked In ces derniers jours.)

Question idiote: Pourquoi les relations entre l'Algérie et les trois pays de l'Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) se dégradent-elles donc, comme le souligne le texte ci-dessous? Est-ce que l'AÉS soupçonne l'Algérie de soutenir les rebelles djihadistes et touaregs? Est-ce que la diplomatie marocaine s'est montrée plus habile que la diplomatie algérienne, en plus d'être soutenue par la France, comme le démontre bien la reconnaissance française de la légitimité de la souveraineté du royaume chérifien sur l'ancien Sahara espagnol, imitée en cela par l'Espagne, d'ailleurs, dans la foulée? Est-ce le signal d'un début d'un refroidissement de la perception du gouvernement malien envers le soutien militaire de la Russie, comme pourraient l'indiquer les révélations récentes de la revue Jeune Afrique sur les exactions du groupe mercenaire Wagner au Sahel? Est-ce un peu tout cela à la fois?

https://www.lorientlejour.com/article/1467024/au-maroc-un-ambitieux-projet-pour-ouvrir-le-sahel-a-latlantique-papier-dangle.html

On sent de plus en plus que les deux géants maghrébins, le Maroc et l'Algérie, suivent des voies divergentes. Économiquement, les deux pays sont ouverts aux investissements émanant des BRICS, notamment ceux originant de la Turquie et de la Chine, comme on le voit dans cette nouvelle ci-dessous, par ailleurs très intéressante en elle-même. Par contre, politiquement, leur alignement est divergent, le Maroc se tournant vers la France et l'Espagne, c'est-à-dire, plus largement, les pays de l'Union européenne, alors que l'Algérie se tourne davantage vers la Russie, à l'instar des pays sahéliens (Mali, Burkina Faso, Niger). Il semble y avoir une sourde lutte d'influence, souterraine mais perceptible, au niveau de ces trois pays sahéliens: ils sont de plus en plus tiraillés entre certains pays de la côte guinéenne, notamment la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Nigéria, soutenus par les pays européens et le Maroc, d'une part, et la Russie, d'autre part, probablement soutenue en sous-main par la Chine. Ce tiraillement s'inscrit dans le cadre du contexte difficile et incertain qui est engendré, depuis des années, par l'insurrection jihadiste qui ensanglante tout le Sahel et déborde lentement vers le sud.

https://lalgerieaujourdhui.dz/ghrieb-a-recu-sa-delegation-le-geant-mondial-avic-veut-investir-en-algerie/

L'article est beaucoup trop optimiste, mais le projet de liaison entre l'Espagne et le Maroc a du potentiel. C'est un projet dont on parle de plus en plus, semblable dans son objet au projet de tunnel sous la Manche qui avait finalement été entrepris et réalisé après des décennies de projets plus ou moins sérieux.Le rapprochement de plus en plus évident entre le Maroc, l'Espagne et la France sur le statut de l'ancien Sahara espagnol n'est probablement pas étranger à ce projet structurant et d'envergure qui permettrait à l'Union européenne, via le Maroc, de se rapprocher politiquement et économiquement de l'Afrique occidentale, au nord comme au sud du Sahara, faisant ainsi pendant à l'influence grandissante des économies bricsiennes (chinoise mais aussi indienne, émirati, iranienne et autres). Ces puissances économiques devront miser, au plan du développement des échanges commerciaux entre l'Asie et l'Afrique, en plein essor, sur des réseaux efficients et à faible coût, tant pour le transport maritime que pour le transport terrestre. Dans ce dernier cas, les corridors évidents sont celui de la péninsule du Sinaï, en Égypte, entre le canal de Suez et la frontière israélienne, mais aussi celui passant par la mer Rouge, entre le Yémen et l'Éthiopie, au-dessus du détroit du Bab el Mandeb, lequel implique cependant l'aménagement d'infrastructures considérables et coûteuses, impraticables et impensables dans le contexte actuel d'affrontements entre Israéliens, Américains, Iraniens, Palestiniens, Yémenis et autres. Ces aménagements, tout comme le tunnel sous la Méditerranée, devront vraisemblablement attendre la fin d'un conflit qui, amorcé par la Fédération russe en Ukraine, s'éternise et prend des dimensions de plus en plus grandes au fil des années, opposant essentiellement des États-Unis en besoin de repositionnement géo-politique et une Chine en besoin de ressourcement géo-économique.

https://hellobiz.fr/2025/07/01/lafrique-et-leurope-enfin-connectees-le-tunnel-sous-marin-maroc-espagne-devient-realite-apres-des-decennies-dattente/