SCOLAIRE ET SANTÉ : CENTRALISER, DÉCENTRALISER



Un article apparu dans LaPresse d'aujourd'hui contient une petite inexactitude révélatrice de la confusion apportée par le changement de régime survenu dans le monde scolaire québécois, avec l'abolition des commissions scolaires.

La disparition des commissions scolaires (plus précisément des conseils des commissaires) a entraîné la formation de centres de services scolaires, sur la base des centres administratifs déjà existants. L'article précisait que les écoles primaires et secondaires, ainsi que les centres de formation professionnelle et ceux d'éducation aux adultes, seront dorénavant "gérés" par les centres de services scolaires, plutôt que par les commissions scolaires. C'est mal comprendre les changements survenus au cadre légal. Les écoles et les centres seront maintenant gérés par les conseils d'établissement qui existaient déjà, avant cette réforme administrative, au lieu de l'être par les conseils des commissaires des anciennes commissions scolaires. Les nouveaux centres de services scolaires "desserviront", en réalité, les écoles et les centres au plan des services administratifs (ressources humaines, informatiques, matérielles, financières, etc.), comme ils le faisaient déjà dans l'ancien système, selon les territoires qui délimitaient les anciennes commissions scolaires (CS).

Ce qui est réellement différent, en gros, c'est que les centres de services scolaires (les anciens centres administratifs des CS) sont maintenant rattachés directement au ministère et en deviennent les antennes locales. Aussi, les pouvoirs dévolus aux anciens conseils des commissaires sont désormais redistribués entre le palier local (parents, écoles, conseils d'établissement) et le palier national (le ministre s'en réservant un certain nombre), avec l'élimination du palier intermédiaire (i.e. régional) que représentaient les CS et les commissaires. Comme les pouvoirs décisionnels les plus importants relevaient déjà du ministère (salaires du personnel, projets de rénovation des bâtiments, agrandissement ou création de nouvelles écoles, modifications apportées au cadre pédagogique, etc.), la réforme, en pratique, a surtout eu pour effet et conséquence de centraliser davantage le réseau éducatif et d'y accentuer la prédominance du ministère.

Il faut rappeler que la centralisation du réseau de la santé et des services sociaux, survenue à l'époque du docteur Barrette, il n'y a pas si longtemps, a entraîné la disparition des centres de santé et de services sociaux locaux -lire: organisés selon les territoires des MRC- au profit d'instances régionales, plus facilement contrôlables par le ministère. Ce sont donc maintenant les deux plus importants réseaux québécois qui ont fait l'objet d'opérations recentrage, effectuées selon les vues et les souhaits du gouvernement provincial, toujours au détriment des pouvoirs locaux, i.e. régionaux ou  sous-régionaux, selon le cas.

Est-ce bénéfique? Demandez aux populations concernées si elles sont maintenant mieux desservies par les pouvoirs publics et vous pourriez être surpris de ce que vous répondront les 'locaux' qui ont été dépossédés à travers cette redistribution des pouvoirs, notamment en ce qui touche la santé...


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