L'ANTARCTIQUE, UN CONTINENT... QUASI-SPATIAL
Si vous vous demandez à quoi ressemblera
l'exploitation de l'espace au cours des cinquante ou cent prochaines années,
oubliez Star Wars ou les romans de science-fiction, pensez plutôt à
l'Antarctique d'aujourd'hui.
Ce continent froid et éloigné, dur et peu
accueillant, est probablement ce qui ressemble le plus, actuellement, à ce que
sera l'espace proche au cours des prochaines décennies, alors que se
multiplieront les établissements semi-permanents et permanents. La présence
humaine dans l'espace deviendra progressivement plus commune, au point de
paraître routinière aux yeux du reste de l'humanité. Les expéditions futures
sembleront aussi peu excitantes que les changements annuels de personnel qui
prennent place présentement dans les stations antarctiques.
L'aventure spatiale de l'humanité a
comi8uiiiuimencé en 1961, avec le court séjour du Soviétique Yuri Gagarin en
orbite terrestre. Les avancées se sont multipliées au cours des années et des
décennies suivantes. Des sondes automatiques ont été envoyées sur les mondes
proches et dans l'espace profond, les Américains ont marché sur la Lune, les
équipages de toutes provenances se succédées à bord de stations spatiales de
plus en plus sophistiquées, en orbite autour de Terra.
Aujourd'hui, en 2021, soixante ans après le
début de l'aventure spatiale, des sondes naviguent dans le vide interstellaire
et les engins automatisées se bousculent sur les mondes les plus proches,
particulièrement la Lune et Mars. La Station spatiale internationale représente
une occupation semi-permanente de l'orbite terrestre, quoique son espérance de
vie devrait prendre fin dans quelques années. Une station chinoise verra le
jour par la suite et, dans un horizon plus lointain, une station américaine,
dans le cadre de ce qui s'annonce comme une nouvelle rivalité entre blocs en
formation.
Le monde de demain, sur Terra, avec les
changements démographiques en cours, sera bien différent de celui
d'aujourd'hui. Le continent d'origine de l'espèce humaine, l'Afrique,
redeviendra le centre de gravité démographique de l'humanité et sera entouré d'une
demi-couronne de continents secondaires, de l'Amérique du Sud à l'Australie, en
passant par l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie. L'Antarctique, elle, tout
au sud, continuera sans doute d'être ce qu'elle est présentement, un genre de
laboratoire géant, consacré surtout à des activités de recherche scientifique,
mais aussi à des activités économiques limitées, comme le tourisme ou les
pêcheries qui, toutes deux, se pratiquent sur les océans entourant le plus
austral des continents terrestres.
Près de trente pays, présentement,
entretiennent environ 70 bases scientifiques en Antarctique, surtout
concentrées en grappes sur la péninsule antarctique, mais aussi égrenées le
long des côtes et, dans une moindre mesure, éparpillées ici et là sur les
terres glacées de l'intérieur. La population oscille de mille à cinq milles
personnes, selon les saisons, composé essentiellement de personnel scientifique
et de personnel de soutien, avec un roulement annuel élevé. À ce chapitre, il
faut noter que deux des sept pays ayant nominalement des zones revendiquées sur
le continent austral, le Chili et l'Argentine, voient les choses différemment
et considèrent l'Antarctique comme le prolongement de leur territoire national
respectif. En plus de bases scientifiques conventionnelles, ces pays y
entretiennent aussi des établissements civils, comportant des familles, des
écoles, etc., notamment la base Esperanza (Argentine) et Villa Las Estrellas
(Chili), tous deux dans le secteur de la péninsule antarctique. Une douzaine
d'enfants y sont nés.
On peut prévoit qu'au cours des décennies
prochaines, des stations spatiales de capacité plus grande qu'aujourd'hui
navigueront en orbite terrestre et que des stations plus petites pourraient
voir le jour autour de la Lune, voire de Mars. Des bases de recherche scientifique
et d'observation astronomique devraient voir le jour sur la surface de ces
mondes extra-terrestres, les plus accessibles depuis Terra. Des installations
d'extraction minière et/ou de transformation industrielle sont aussi
concevables. D'ici cent ans, il est donc probable que l'espace proche, celui de
la Première frontière spatiale (orbite
terrestre, points de Lagrange, la Lune et Mars), sera beaucoup plus fréquenté
et exploité qu'actuellement, avec une population semi-permanente et permanente
d'une ampleur difficile à évaluer, car dépendante d'un trop grand nombre de
facteurs. On peut postuler que ces réalisations seront le fruit d'efforts
nationaux regroupés en deux ou trois blocs pour diminuer les coûts, favoriser
les économies d'échelle et éviter les duplications. La formation d'un bloc
chinois et d'un bloc américain, concurrents, est le scénario le plus probable,
dans l'état actuel des choses.
Nous vivons à une époque-charnière, entre une
humanité vivant sur un seul monde et une humanité vivant sur des mondes
multiples (c'est-à-dire une humanité dont une portion sera terrestre et une
autre portion, non terrestre). Il est probable que beaucoup d'eau coulera
encore sous les ponts avant qu'une population substantielle ne vive de façon
permanente hors de l'atmosphère terrestre, mais ce jour finira bien par
arriver, à en juger par l'accélération de l'exploration spatiale que l'on
observe depuis quelques années.
Même si cela m'était possible maintenant, aller vivre sur une autre planète ne m'intéresse pas du tout.
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SupprimerCe genre de choses, c'est pour les plus jeunes. Les plus vieux d'entre nous ont fait leur vie ou ont trop de raisons de ne pas vouloir en changer. Les plus jeunes et audacieux d'entre nous iront vivre ailleurs lorsqu'ils en auront la chance, puis il y aura des naissances, une d'abord, unique et singulière (sera-ce un garçon ou une fille?), puis d'autres et d'autres encore. Ce sera un ru engendrant un ruisselet engendrant un ruisseau engendrant une rivière engendrant une fleuve... Nous sommes à la charnière de deux univers, celui de Terra et celui des mondes multiples. Une grande aventure attend l'humanité et je n'en verrai que le début...
SupprimerVive la mère la terre! Cependant, je ne suis pas dupe. Le phénomène se poursuivra!
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