L'ISLAM ET LES NON-MUSULMANES
Cela remonte à loin. Pourtant, Mahomet avait la réputation d'aimer profondément et sincèrement les femmes (et pas seulement qu'au plan de l'attrait sexuel). Il aimait la compagnie des femmes et était souvent entouré et accompagné de représentantes de la gent féminine. Ce n'est d'ailleurs pas surprenant que, grâce à lui, par son intermédiaire, ont été enchâssés, dans les préceptes de la loi musulmane, des droits qu'elles ne possédaient pas auparavant, dans la société arabe pré-islamique, laquelle, rappelons-le, vivait dans le milieu rude et simple qui caractérisait l'ouest de la péninsule arabique de l'époque, là où, en passant, vivaient ici et là de petites communautés juives et chrétiennes.
En ce sens, Mahomet a été un précurseur et un visionnaire, digne porte-parole du Dieu unique des trois grandes religions monothéistes, point final du dialogue qui s'est poursuivi, pendant des millénaires, entre le Divin et l'Humain, i.e. entre l'espèce humaine et le Dieu toute-puissant, depuis les touts premiers prophètes du peuple hébreu, jusqu'à sa conclusion ultime à l'époque de Mahomet.
L'islam existe depuis près d'un millénaire et demi (à quelques siècles près) et n'a pas perduré et prospéré sur le dos des femmes ou contre elles, ce qui aurait d'ailleurs été impossible, les femmes constituant la meilleure partie de l'espèce, parfois la plus futée, toujours la plus sage, elles qui détiennent les clés de la reproduction sexuée et ont donc le dernier mot sur l'avenir des prochaines générations humaines. L'islam, en fait, a connu un passé brillant et puissant, les savants musulmans du Moyen-Âge ayant conservé et poursuivi les travaux de leurs prédécesseurs de l'Antiquité, jusqu'à la Renaissance, tandis que leurs chefs d'État et généraux construisaient des royaumes et des empires capables de durer et de survivre pendant des siècles.
D'où vient donc cette incompréhension, surtout dans nos sociétes modernes? Elle provient sans doute de la dissonance de plus en plus grande entre les préceptes originels et la réalité présente des sociétés occidentales, plus précisément des grandes métropoles d'Amérique du Nord et d'Europe de l'Ouest où se côtoient musulmans et non-musulmans, par millions, depuis quelques décennies.
Ce voisinage social et le langage de sourds qu'il engendre parfois ne doit pas faire oublier que l'islam n'est pas en soi quelque chose d'obsolète et de dépassé. Les questions entourant le port du voile et le traitement que se méritent les femmes au sein de l'Islam trouveront leurs réponses éventuellement, de la façon la plus simple qui soit, c'est-a-dire par la voie de compromis et d'ententes entre les premiers concernés, soit les hommes musulmans et les femmes musulmanes.
L'islam est adaptable, tout comme l'espèce humaine l'est, dans la mesure où on lui laisse la chance et le temps d'évoluer et de s'améliorer progressivement. Le problème n'est pas l'islam, mais la manières dont s'accommodent, s'apprécient et s'endurent musulmans et musulmanes.
Un point à noter, c'est l'attitude des musulmans envers les non-musulmanes. On m'a appris tout récemment qu'il est interdit pour un musulman de marier une femme qui n'est ni juive, ni chrétiennes, ni musulmane. De plus, toute femme qui veut marier un musulman doit obligatoirement se convertir à sa foi. J'ignorais tout de cela et je suis allé m'informer auprès d'un musulman croyant et pratiquant, un Somalien né à Mogadiscio et arrivé au Canada à l'âge de trois ans, avec sa famille. Il a été marié à deux Somaliennes et attend présentement la venue de son premier enfant, un fils. C'est un homme bon, droit et honnête, très religieux, fidèle à son Dieu, bon travailleur et un futur père exemplaire. Il m'a confirmé que c'était vrai.
Il est possible d'en tirer plusieurs conclusions intéressantes, concernant notamment la propagation de l'Islam dans le monde malais et dans le sous-continent indien. Dans l'aire des langues et des peuples malais, l'Islam et le catholicisme se partagent les fidélité des croyants, le second dans presque tout l'archipel philippin, le premier dans l'ensemble de la Malaisie, de l'Indonésie et de la pointe sud des Philippines (Palawan, Sulu, Mindanao, etc.). Pourtant, les deux religions sont arrivées plus ou moins en même temps, dans l'univers malais, le catholicisme dans les bagages des conquérants espagnols arrivant du Mexique, l'Islam par l'intermédiaire de marchands musulmans installés dans l'ouest de l'Indonésie (Sumatra, Java, etc.). La progression des émirats et principautés musulmans a été plus fulgurante, atteignant jusqu'à la baie de Manille, simplement parce que les bases et justifications de leur présence étaient mieux ancrées dans la conscience populaire des peuples malais, alors que le catholicisme était perçu comme la croyance particulière des Espagnols. Si l'Islam s'est durablement et profondément implantée et s'est plus facilement diffusée et répandue dans l'univers malais, c'est grâce à la bonne réputation et honnêteté foncière des marchands musulmans qui l'ont introduit et lui ont donné une impulsion déterminante. Comme les musulmans ne peuvent marier des non musulmanes, c'est leur bonne réputation et le prestige qui en découle tout naturellement qui ont facilité la conversion des femmes malaises et la diffusion conséquente de la foi des nouveaux arrivants, d'une façon pacifique et naturelle, sans oublier prolifique et rapide, si bien qu'aujourd'hui, l'Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé du monde et celui qui trône au tout premier rang des pays musulmans, démographiquement parlant.
En ce qui touche le sous-continent indien, on y trouve deux pays musulmans imposants, quant à leur population, soit le Pakistan et le Bangladesh, ainsi que le pays qui est le deuxième plus important au monde, après la Chine, avec 1,3 milliard d'habitants, dont une minorité musulmane très importante. En passant, ce n'est qu'une question de temps avant que l'Inde finisse par rattraper et dépasser la Chine, au plan démographique.
Si l'islam est si important dans le sous-continent, c'est à cause des invasions multiples et répétées, survenues en provenance du nord-ouest, au fil des siècles. L'Islam a ainsi pris pied durablement dans toute la vallée de l'Indus et le Punjab (la région des cinq rivières), jusqu'au Cachemire, présentement disputée entre le Pakistan et l'Inde. Par contre, l'implantation de l'Islam est plus difficile à expliquer dans le cas des minorités musulmanes isolées sur le territoire actuel de la République indienne et, surtout, au Bangladesh, situé au débouché sud-est de la vallée du Gange, loin, très loin de la vallée de l'Indus. La seule façon de le comprendre, c'est de commencer par saisir la profondeur de l'incroyable complexité de la société indienne, unie d'abord et surtout par l'hindouisme, mais divisée et morcelée sur presque tous les autres plans: linguistique, ethnique, économique, politique, social, religieux (sikhisme, christianisme, jainisme, bouddhisme, etc.). Ici aussi, le prestige pris par l'Islam, deuxième plus importante religion de l'univers culturel indien, a joué un rôle-clé et, ici aussi, l'opinion des femmes quant à leur environnement et à l'avenir du monde matériel à été déterminante. En d'autres mots, si le Bangladesh (essentiellement la partie musulmane du peuple bengali) et diverses régions de l'Inde sont devenus peu à peu profondément musulmans, c'est que les femmes hindoues de ces endroits l'ont bien voulu au début (en acceptant de devenir musulmanes elles-mêmes) et ont continué de le souhaiter jusqu'à nos jours.
RépondreSupprimerExcellent texte! L'auteur nous décrit les faits comme si nous y étions.