THAÏLANDE: PONT, CANAL, CHEMIN DE FER...


Le pont sur la rivière Kwai, très connu pour avoir été le sujet d'un roman français (écrit par Pierre Boule, celui qui a aussi lancé la mode des films de singe, genre ''The Planet of the Apes'') et d'un film en langue anglaise.)

Les projets d'infrastructure abondent en Thaïlande. Tout récemment, il a été question de créer un pont terrestre à travers l'isthme de Kra, entre ce pays et la péninsule malaise, d'est en ouest, à défaut d'un canal sans écluse, dont le coût serait faramineux, soit environ 30 milliards de dollars américains pour une distance très courte.

Pourtant, le projet, attrayant à première vue, semble une façon de court-circuiter un projet chinois de plus longue date, entre Kunming (une capitale provinciale dans le sud du pays) et Singapour (le grand port d'origine britannique, mais peuplé majoritairement de Chinois) qui se trouve tout au bout de la péninsule malaise, au débouché oriental du détroit de Malacca, axe crucial de la navigation maritime moderne, entre les richesses pétrolières du Moyen-Orient et les marchés de consommation d'Europe et les grands ports gigantesques de la façade est de la Chine. Cette liaison potentielle, sous la forme d'un chemin de fer à grande vitesse, permettrait à l'Empire du milieu d'accroître sa domination politique et, surtout, économique, sur tout le Sud-Est asiatique, actuellement le champ d'une féroce bataille d'influence entre le numéro 1 mondial (vous savez qui) et le numéro 2 (vous savez aussi de qui il s'agit).

Il est important de tenir compte du contexte, notamment A) le coup d'État militaire survenu au Myanmar (Birmanie) il y a plusieurs mois, juste à l'ouest de la Thaïlande, B) la main-mise croissante de la Chine sur le Cambodge, juste à l'est du même pays, et C) les liens qui se sont tissés entre les armées nationales qui jouent un rôle important entre le Myanmar et l'ancien Siam (Thaïlande). Le contexte laisse entendre que le projet de pont terrestre ne tombe pas du ciel comme un miracle des temps modernes. Il donne plutôt l'impression que les États-Unis, empressés de ne pas se faire déclasser par la Chine, se trouvent derrière les événements.

Ce pays, mollement appuyé par l'Union européenne, est en train de tenter de mettre sur pied un système d'appui aux infrastructures des pays plus pauvres, arguant que le dossier des droits humains rend la Chine impropre au développement économique des pays émergents. Il y a quelque chose de forcé et d'emprunté dans l'initiative américaine, maladroitement déployée par le gouvernement américain actuel.

L'avenir le dira, a-t-on l'habitude de dire. La Thaïlande pourrait être tentée de ménager la chèvre et le chou, tout à la fois, comme le fait l'Union européenne actuellement, probablement à l'amorce d'un processus de découplement d'avec les pays anglo-saxons. Le scénario de têve, pour ce pays, serait d'être appuyé financièrement pour réaliser les deux projets en même temps (l'un n'exclue pas l'autre). Pour la Chine, l'intérêt est évident: relier la mère-patrie à Singapour, troisième membre de la Sinosphère, le deuxième membre (Taiwan) ayant actuellement bien peu envie de réintégrer le bercail. Pour les États-Unis, il s'agit simplement de tenter de retarder l'inévitable en faisant leur va-tout (pensez à l'offensive des Ardennes).

Qui vivra verra (désolé de recourir à un cliché)...

Commentaires

  1. Je me souviens d'avoir vu le film au début des années 1960, en version originale anglaise, je crois.
    Quant aux zones d'influences, je suis pour laisser l'Asie aux Asiatiques, l'Europe aux Européens et le Québec aux Québécois !

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