LE CANADA ET L'IRLANDE: A STUDY OF HISTORY...

 


Ce qui reste à-venir découle en droite ligne des choses du passé.

Bien comprendre ce qui s'est réellement passé autrefois peut ouvrir des chemins permettant de mieux se diriger vers ce qui n'est point existant encore.

Arnold Toynbee est, sans conteste, l'un des plus grands et des plus éclairants historiens occidentaux. Pur produit de l'impérialisme britannique du début du XXe siècle, son oeuvre-phare demeure A Study Of History, impressionnante somme des connaissances humaines de son époque, essence concentrée de ce qui était connu et accessible aux historiens de ce temps.

Lors de mon adolescence, j'ai fait la découverte d'A Study Of History et je l'ai dévoré, sous la forme d'un bouquin de plus de 600 pages qui, en fait, pourtant, n'était qu'un résumé des six premiers volumes de cette oeuvre gigantesque, un digest publié en 1947. Mon père a acheté le bouquin en question en décembre 1948 et m'en a fait don quelques décennies plus tard, en octobre 1979. Je le conserve précieusement depuis lors.

On ne peut évidemment pas ramasser ce genre de choses en deux ou trois coups de cuiller à pot. Toynbee abordait l'histoire d'une façon originale, pour l'époque, pas comme une succession de faits ou de dates, mais dans le cadre d'une manière, d'une technique ou d'une approche qui tranchait par sa complexité. Il voyait l'histoire humaine comme une série successive de civilisations diverses, d"abord en essor, puis en décadence, traversant les époques chacune à sa façon, surmontant les défis successifs avec plus ou moins de succès.

Qui plus est, il brossait un tableau de chaque civilisation en recourant à plusieurs teintes, plus exactement à plusieurs couches d'interprétations, un peu comme un oignon est composé de plusieurs minces lamelles superposées. Une civilisation est essentiellement un corps social qui évolue en plusieurs dimensions: la dimension des formes politiques adoptées par ce corps social au cours de son histoire, mais aussi la dimension linguistique de l'évolution de son expression verbale et écrite, tout comme la dimension de son évolution intellectuelle (religions, philosophies, idéologies, systèmes de croyances, etc.) et celle de son évolution technologique et scientifique. Tout cela créait un faisceau dense et complexe pouvant expliquer les tournants, échecs,succès et rebondissements vécus par chaque civilisation au cours de son existence, de sa formation à sa disparition.

La lecture du bouquin m'a fait comprendre un grand nombre de choses. Au détour des pages, une remarque asez brève en elle-même m'a particulièrement fascinée, celle concernant l'Irlande et le Canada français. L'auteur notait que ces deux peuples sont les seuls peuples européens à avoir subi le colonialisme européen de plein fouet, au même titre que les peuples amérindiens, africains, asiatiques ou autres. Les deux ont été colonisés par l'Empire britannique, avec des résultats différents.

Dans le cas de l'Irlande, l'île d'Érin avait eu le malheur de se trouver à proximité immédiate de l'île de Grande-Bretagne. Sa culture et sa langue ont été décapées presqu'entièrement par la sauvagerie de la colonisation britannique, au fil des siècles. De la langue irlandaise, seule subsiste encore une mince frange de locuteurs et locutrices le long de la côte ouest de l'île (la côte la plus éloignée de la mer d'Irlande, là d'où arrivaient les envahisseurs anglais, notons-le).

Dans le cas du Canada français, l'appartenance des colons de la Nouvelle-France à un royaume puissant et encore redoutable a fait toute la différence. Il était tout simplement impossible aux Britanniques de continuer, en temps de paix, ce qu'ils avaient entrepris en temps de guerre, notamment la déportation et la dispersion des habitants de l'Acadie. Rappelons que l'Acadie, dans le golfe du Saint-Laurent, fut la toute première colonie de la Nouvelle-France à voir le jour et la toute première aussi à tomber aux mains des Britanniques. Quant aux habitants du Canada, la deuxième colonie de la Nouvelle-France à naître, en amont de l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, et la deuxième à tomber, du même coup, leur sort fut plus heureux que celui des Acadiens, non pas de par la grâce des conquérants, mais pour des raisons tristement politiques (i.e. la puissance résiduelle du royaume de France) et logistiques (nos ancêtres étaient simplement trop nombreux pour qu'il soit envisageable de tous les déporter...).

Tout cela pour dire que l'étude de l'histoire permet de mieux comprendre les soubresauts des temps présents, ainsi que ceux des temps qui s'en viennent tout doucement... 





Commentaires

Les articles les plus consultés

CANADA: FROM KINGDOM TO REPUBLIC

LA FAMILLE OCCIDENTALE MODERNE...

UN GRAND ÉCHANGE DE BOUE S'EN VIENT...