DU HONG-KONG FRANÇAIS AU TOULON CHINOIS

 


Au tout début, je n'étais qu'une fortification sur la côte de Chine, Fort-Boyard. Maintenant, je suis l'un des plus importants ports militaires de l'Empire du milieu. Qui suis-je?

Je suis Zhanjiang, autrefois connue sous le nom de Kouang-Tchéou-Wan, petit confetti minuscule de l'empire colonial français. La ville de Zhangjiang se trouve à la base (côté est) de la péninsule qui s'avance vers l'île de Hainan, dans le sud de la Chine.

Zhangjiang est aujourd'hui une grande métropole de 6,5 millions d'habitants, plus ou moins à mi-chemin entre Hong-Kong et Haïphong (le grand port du Vietnam). C'est l'un des trois grands ports militaires de la marine chinoise, avec Qingdao (nord) et Ningbo (centre), responsable de la protection de la mer de Chine méridionale. Zhangjiang est donc un peu l'équivalent de Toulon (près de Marseille), un des grands ports de guerre de la Marine nationale française, avec Brest (océan Atlantique) et Cherbourg (la Manche).

Il y a des parallèles intéressants entre la destinée de cette colonie et celle de Hong-Kong. Kouang-Tchéou-Wan, tout comme Hong-Kong, était un territoire concédé par la Chine à une puissance coloniale par un bail à long terme, d'une durée de 99 ans. Au tout début, le territoire de la mini-colonie n'était que de 1 300 km carrés, mais en 1939, il était passé à 12 800 km carrés, c'est-à-dire qu'il était devenu encore plus grand que deux départements français. Ce territoire était administrativement rattaché à l'Indochine française, tout comme les îles de Poulo-Condore ou l'archipel des Paracells.

Avec cette colonie, les Français espéraient se donner un important pied-à-terre en Chine, plus prometteur qu'une simple concession comme celles de Shanghai, de Hankow ou de Tientsin. Ce devait être une colonie capable de prendre de l'ampleur, d'être un relais entre l'Indochine et la Chine, de se transformer en un genre de Hong-Kong français et de devenir un centre d'investissement et de développement majeur pour tout le sud chinois. Cela ne fut pas le cas, à long terme, et les Français envisagèrent alors d'en faire un port militaire, un projet qui ne verra pas le jour durant la période de domination française et qui sera repris plus tard par les Chinois, lesquelles transformèrent la ville en une base navale majeure.

Conquise par les Japonais lors de la Deuxième guerre mondiale, Kuang-Tchéou-Wan a été rétrocédée à la Chine en 1945, soit plusieurs décennies avant la fin de son bail officiel de 99 ans, contrairement à Hong-Kong ou Macao, deux colonies européennes qui, elles, furent réintégrées par la Chine à la fin du XXe siècle. Cette microscopique parcelle d'un empire colonial qui était alors présent sur tous les continents du monde illustre bien les aléas de la destinée et les surprises qui peuvent se cacher dans le fil et les entrelacs des événements, jamais totalement prévisibles.


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