NOM, PRÉNOM, NUMÉRO MATRICULE

(Non, ceci n'est pas ma carte de vétéran.
Je suis né en 1960 et je n'ai jamais combattu.
Il ne s'agit que d'un exemple.)
 

 

  • Nom, prénom, numéro matricule
  • Millar, Charles, XXX XXX XXX (numéro d'assurance sociale)

 

''Les conventions de Genève sont des traités internationaux fondamentaux dans le domaine du droit international humanitaire. Elles dictent les règles de conduite à adopter en période de conflits armés, et notamment la protection des civils, des membres de l'aide humanitaire, des blessés ou encore, des prisonniers de guerreLa première convention de Genève date de 1864.'' (source: Wikipédia, édition française, 12 février 2022)


Depuis l'adoption de la toute première convention de Genève, bien de l'eau a coulé sous les ponts. La Deuxième guerre mondiale a montré l'utilité de ce genre de convention, mais aussi ses limites, si l'on pense aux millions de prisonniers de guerre, surtout soviétiques, mais pas uniquement, qui sont morts dans des camps, par cause de malnutrition et autres mauvais traitements. Le même phénomène s'est reproduit plus récemment au Moyen-Orient, ainsi que nous avons eu l'occasion de le voir lors du conflit avec l'État islamique, encore une fois au niveau du traitement des prisonniers de guerre : étêtés, égorgés, brûlés vifs, noyés, etc.

Au début, il n'y avait qu'un nom et il était transmis de génération en génération. Un Congolais m'a dit, par exemple, que ses ancêtres, à l'origine, s'appelaient tous Péki, de père en fils. Un Rwandais d'ascendance Toutsi m'a expliqué que son nom signifiait 'vierge', dans la langue de son pays, commune aux Houtous et aux Toutsis, ainsi qu'aux Twas (pygmées), et que ses pères et grand-pères l'ont tous porté, bien que ce ne sera pas le cas de sa descendance masculine, ayant engendré deux filles. Il y a, non loin de l'endroit où j'écris ces lignes, une petite île, juste au sud de l'île des Allumettes, le long de la grande rivière des Outaouais qui reliait autrefois l'archipel montréalais et la région des Grands lacs nord-américains et où un pont relie présentement les rives québécoises et ontariennes, sur laquelle vivait une bande algonquine, c'est-à-dire anishinabeg, dont le chef s'appelait Yroquet de père en fils, par tradition ancestrale.

Les Européens ont aussi eu cette tradition, avec les prénoms d'origine chrétienne, bien que la transmission ne se faisait pas automatiquement de père en fils, sauf dans le cas des familles royales, ce qui exigeait une numérotation, afin de se retrouver dans les différents rois. Nous avons ainsi eu toute la série des Louis, du Premier au XVIe, celui qui fut décapité lors de la révolution française. Le royaume des Francs, des François et des Français, dans cet ordre chronologique, évolua ainsi. Cela n'empêcha pas d'autres noms ou surnoms de s'appliquer aux rois: Saint-Louis, Philippe-le-Bel, Charles-le-Grand (Carolus Magnus, dit Charlemagne), etc. C'est un peu semblable avec les Anglophones, eux qui appellent le prénom un christian name.

Le surnom (surname) est donc venu ensuite, afin de qualifier le nom premier, d'origine chrétienne. Lallemand désignait ainsi ceux qui provenaient d'Allemagne, tout comme les noms Langlois et Langlais pour l'Angleterre, voire Litalien pour l'Italie. Les gens qui pratiquaient la profession de meunier portèrent le nom de Meunier (France), Mueller (Allemagne), Miller (Angleterre) ou Millar (Écosse). Il y a aussi eu des contractions de sons, par exemple le nom de la famille Gendron, très présente en Amérique du Nord, est né du fait que c'étaient à l'origine des gens vivant sur l'île d'Oléron: Gens-d'Oléron / Gendoléron / Gend'léron / Gendréon / Gendron. La France maritime a grandement participé au peuplement de la Nouvelle-France, avec la Normandie et le Bretagne, mais aussi le secteur de La Rochelle et toutes les îles grandes et petites de la côte océane, sans parler de l'Île-de-France, ainsi nommée (je le suppose) parce qu'elle correspond au domaine royal originel et que cette dénomination désignait autrefois le Bassin parisien, i.e. la région de la capitale française, dont sont issus beaucoup de Nord-Américains d'ascendance française.

À partir de cette base, prénom (dénomination actuelle des anciens noms uniques), nom de famille (dénominationa actuelle des anciens surnoms) et numérotation (nécessaire pour les rois, ainsi que tous ceux qui se trouvaient à bord du Mayflower, dans le cas de nos bruyants voisins du sud, ou qui aspirent à la grandeur), les dénominations d'origine occidentale ont été bâties au cours des siècles, notamment pour l'Europe de l'ouest. L'Islande fonctionne avec une toute autre structure nominative, typiquement scandinave (Pierre/fils-de-Pierre - Anne/fille d'Anne), tout comme l'ensemble des Russies (Vladimir Vladimovitch (fils de Vladimir) - Pyotr Alexandrovitch (fils d'Alexandre), etc.

Il est possible, par accrétions, d'aboutir à des dénominations très longues: la suite Joseph Hubert Malcolm Pierre TREMBLAY, par exemple, habituellement raccourcie en Pierre Tremblay, est typiquement canadienne-française, avec le prénom chrétien en premier (soit Joseph pour un homme, soit Marie pour une femme), le prénom du père de la mère en deuxième, le prénom du père en troisième, le prénom chrétien en quatrième et le nom de famille en tout dernier. Pour une femme, l'équivalent serait donc Marie Berthe Jeanne Annick BASTIEN. Le sens religieux (nos ancêtres étaient très pieux et profondément catholiques) serait celui-ci: FILS-DE-DIEU, PETIT-FILS-DE-LA-MÈRE-DE-DIEU, FILS-DU-PÈRE-DE-DIEU, LE-PRÉNOM-DE-DIEU, LE-NOM-DE-LA-FAMILLE-DE-DIEU.

Les partisans de la liberté totale et absolue, sans contrainte d'aucune sorte, qu'elle soit familiale, économique, politique ou autre, pencheront sans doute pour des noms individualisés au maximum, unique et sans lien les uns aux autres. Un exemple extrême de ce phénomène typiquement anglophone est le nom donné par Elon Musk et sa compagne à leur enfant.

Ce pourrait ausi être une suite de lettres ou de chiffres formant une dénomination sans ordre apparent. On perdrait par contre rapidement toute trace de filiation entre les personnes de chaque génération ou faisant partie de l'enchaînement des générations, maillon par maillon. La société québécoise a fait un essai de ce genre, ayant décrété que les enfants doivent maintenant hériter des noms de famille de leur mère et de leur père et se doivent de les porter l'un à la suite de l'autre. Cela donna une génération entière de gens se nommant Jean-François Lallemand Langlois, Marie-Joseph Tassé Céré (je ne plaisante pas) ou Pierre-Luc Morin Régimbald. L'expérience a heureusement été abandonnée. Il y a du bon dans certaines traditions...


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