LE JARDIN D'EDEN: ADAM ET ÈVE, DE A À Z

 



AFAR, AFRICA PROCONSULARIS, IFRIQiYA, AFRIQUE ÉTERNELLE...


C'rst bien connu, l'humanité s'est formée et a évolué en Afrique, quelque part dans les vastes espaces de l'Afrique de l'est. À partir de ce berceau initial, le Jardin d'Eden, elle a essaimé partout sur Terra, dans tous les coins et recoins de notre planète d'origine, avant de commencer, tout récemment, à s'apprêter à la création de colonies extra-terrestres.

Si toute l'histoire humaine pouvait se compresser à une durée de 24 heures, nous avons probablement vécu en Afrique pendant quelque chose comme 23 heures et cinquante-neuf minutes. C'est dire que notre sortie du berceau est relativement récente. L'humanité peut, en fait, être divisée en deux parties: les gens dont les ancêtres ont toujours vécu en Afrique et n'ont jamais quitté ce continent, jusqu'à aujourd'hui, et les gens dont les ancêtres sont nés en Afrique et ont quitté ce continent à un moment ou à un autre, au cours des 40 000, 50 000 ou 60 000 dernières années. En d'autres mots, les gens qui, aujourd'hui, vivent en Afrique noire ont un arbre généalogique dont les racines sont purement africaines. Ces racines plongent profondément dans les tréfonds de l'espèce, l'Afrique étant le continent le plus ancien, le plus vénérable de tous. Par contre, les gens dont les ancêtres ont quitté le continent à un moment quelconque, dans le passé, ont eux aussi un arbre généalogique plongeant au plus profond de l'histoire de l'espèce, puisque nous sommes tous Africains d'origine, mais l'ensemble de ces racines couvrent une étendue plus vaste, dont l'ampleur correspond aux différents territoires colonisés par les premiers migrants à s'être aventurés hors d'Afrique.

Prenons une pause pour songer au mot 'Afrique'. D'où vient-il?

Les Grecs de l'Antiquité appellent le continent Λιβύη / Libúē (« Libye »). Quant au terme Afrique, il dérive directement du latin Africa. De l'Antiquité romaine jusqu'au Moyen Âge, le terme ne désigne que la partie de l'Afrique du Nord entourant Carthage, à dominante arabo-berbère, le sud à majorité noire étant appelé Éthiopie (du grec Αἰθιοπία / Aithiopía). Ainsi, dans le livre V de Histoire naturellePline l'Ancien mentionne le fleuve Niger, qu'il nomme Nigris, comme délimitation : « le fleuve Nigris sépare l'Afrique de l'Éthiopie » et mentionne également les « nations éthiopiennes » qui vivent à ses abords. (Wikipédia, 2022)

Pour ce qui est du mot latin Africa, il pourrait venir du phénicien Afar (poussière). La province romaine d'Afrique (Africa Proconsularis) a été créée sur les ruines de Carthage, sur le territoire actuel de la Tunisie. À l'arrivée du Musulmans, le territoire a été rebaptisé Ifriqiya, correspondant à l'est de l'Algérie (le Constantinois), la Tunisie et l'ouest de la Libye (la Tripolitaine).

Il est évidemment impossible d'identifier la toute première femme et le tout premier homme. Un peu comme pour la poule et l'oeuf, on ne peut indiquer l'endroit précis où le cycle de la vie a commencé. Un bébé se transforme en enfant, en adolescent, en adulte, produisant des bébés à son tour. Derrière chaque bébé, se cachent un père et une mère et, derrière chacun de ces deux parents, se cachentent deux autres parents et ainsi de suite. Nous ne sommes chacune que la pointe d'une pyramide s'enfonçant dans les brumes du passé. Pour le dire simplement, chaque femme a été engendrée par une mère, laquelle a été engendrée par une mère, laquelle a été engendrée par une mère, etc., et qui pourrait alors pointer du doigt celle qui fut la toute première? C'est impossible. Le début de la reproduction sexuée n'a pas commencé avec l'espèce humaine, loin de là, et elle date d'une époque à jamais révolue, remontant à environ 1,5 milliard d'années (Wikipédia, 2022).

Pourtant, il est permis, en poésie, de rêver. Si l'Afrique est le Jardin d'Eden, qui était Ève et qui était Adam? Où vivaient-ils exactement? Le concept du Jardin d'Eden s'inspire essentiellement de la tradition monothéiste, remontant à des millénaires et marquée de trois étapes, représentées par une série de trois grandes religions, le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Selon cette tradition, Mahomet vient clore une longue série de prophètes entretenant le dialogue entre Dieu et les humains. Des trois religions, le judaïsme est celle qui est la plus ancienne, mais aussi celle qui compte le moins d'adeptes, concentrés sutout en Israël. Pour sa part, le christianisment regroupe théoriquement plus d'adeptes, sur un territoire s'étendant à tous les continents, mais il résiste mal au temps, rongé par le doute devant le surnaturel et la nécessité d'y croire, victime de l'émergence de la science au fil des siècles, et il bat de plus en plus de l'aile. En fait, de nos jours, pour dire les vraies choses, il disparaît peu à peu, un croyant à la fois. L'Islam, par contre, ne suppose que l'acceptation du principe de l'existence d'un Dieu dont tout découle, tant dans le monde physique que dans le monde vivant. L'Islam, dont le nom signifie simplement ''soumission'' (à Dieu), est bien vivant et très vivace, concentré essentiellement dans la partie sud du globe, de Dakar à Djibouti, ainsi que du Maroc à Mindanao et aux Moluques, voire que de la Mauritanie au Mozambique, du Niger au Nil, des sables du Balouchistan au rizières du Bangladesh, des eaux de la Volga aux eaux de la Volta, des oasis du Sinkiang aux oasis du Sahara.

Le pays d'Adam est assez facile à identifier. Encore aujourd'hui, son nom est énoncé dans tous les atlas du monde, mais il faut savoir où le trouver et comment le décoder. Créé à partir d'une île défoncée par un grand cratère béant et jointe au continent par un cordon sableux, le port d'Aden se trouve au débouché de la mer Rouge et à l'entrée de l'océan Indien, entre la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique. Les colonisateurs britanniques lui ont donné le nom d'Aden, mais cette appellation découle en fait d'une mauvaise compréhension du language des gens du lieu, entraînant une déformation du nom réel, initial, d'origine arabe. D'ailleurs, les Arabes du Yémen, tout comme les Somalis qui vivent de l'autre côté du golfe d'Aden, l'appellent toujours de son vrai nom, soit Adan, c'est-à-dire (en français) Adam, le nom biblique du premier homme. Pour les Arabes et les Somaliens, ce nom d'Adan ne présente donc aucun mysstère, puisqu'il désigne tout simplement le tout premier homme du mythe du commencement. Il est important de souligner, ici, que le Moyen-Orient constitue la voie de sortie naturelle pour la plupart des migrations issues d'Afrique, ce que ne pouvait savoir les humaines vivant au temps des Prophètes de l'Ancien-Testament, du Nouveau-Testament et du Coran.

Dans le cas d'Ève, les choses sont moins faciles à situer et plus complexes. Elle vivait nécessairement quelque part en Afrique de l'est. La toute première mère humaine, que l'on pourrait surnommée la Mère du Monde, bien qu'essentiellement symbolique, bien sûr, devait sans doute habiter un hameau, un village, une ville quelconque de cette partie du monde, il y a des temps immémoriaux. D'une façon tout à fait arbitraire, non démontrable et sans même se soucier d'exactitude historique, ni de la crédibilité des affirmations ici assénées, rien n'empêche de suggèrer qu'Ève vivait tout simplement dans la ville de Zimbabwé, l'antique cité dont est tiré le nom de la république du même nom, l'ancienne Rhodésie du Sud, autrefois une colonie britannique. Sur ce territoire, vivaient autrefois les San, comptant parmi les plus vieux peuples encore existants, aux côtés des Boshimans des Hottentots et des autres peuples à clics, sans parler des Pygmées, aux aussi très anciens. Ensuite, sont venus les Bantous, originaires de l'Afrique occidentale (la région allant du fleuve Sénégal au mont Cameroun) et dont les descendants, forts d'avoir découvert les secrets de l'agriculture, se sont multiplié et ont colonisé successivement l'Afrique centrale, l'Afrique orientale et l'Afrique méridionale.

L'Afrique centrale était le domaine des Pygmées. Plusieurs peuples de ce type y vivent encore, éparpillés ici et là, dans la forêt, entre les champs et les villages des Bantous. Le Rwanda, par exemple, est habités par des Houtous (d'origine bantoue, 85 % de la popultion), des Toutsis (d'origine nilotique, 14 %) et des Twas (d'origine pygmée, 1 % ou moins). L'Afrique orientale et l'Afrique méridionale, c'est-à-dire, en gros, le territoire allant du Cap (Afrique du Sud) à Nairobi (Kénya), étaient initialement le domaine des peuples à clics, s'exprimant par des claquements de langue, Hottentots, Bochimans, Sans, etc., avant d'être colonisés à leur tour par les Bantous. Les peuples originaux survivent maintenant surtout dans le désert du Kalahari (en gros, la Namibie et le Botswana) et dans quelques lieux isolés de la Tanzanie.

Les Pygmées, caractérisés surtout par leur petite taille, et les peuples à clics, caractérisés surtout par leur mode d'expression orale, plus précisément buccale, constituent aujourd'hui les deux populations les plus vieilles du monde qui soient encore vivantes. Il est difficile de dire laquelle de ces deux populations est antérieure à l'autre. La petite taille des Pygmées pourrait plaider en leur faveur et laisser croire que ce soit eux les plus anciens. Pourtant, le language si particulier des peuples à clics pourrait aussi faire penser que ce soit eux les plus anciens. Nous y reviendrons ci-bas.

Par ailleurs, on peut noter une démarcation géographique très nette entre l'habitat des Pygmées (le bassin congolais, avec sa jungle humide et luxuriante) et celui des peuples à clics (plus herbeux et savanneux, plus sec aussi, voire même désertique dans le cas du Kalahari). Cette démarcation prend forme, sur le terrain, par une frontière naturelle courbée à l'est des peuples pygmées, dans un sens nord-sud, et une frontière naturelle plus droite, dans un sens est-ouest, au sud des peuples pygmées.

La frontière courbée est celle formée de la chaîne des lacs qui s'égrènent du nord au sud, séparant le bassin congolais de l'Afrique de l'est, dans un arc de cercle allant du lac Albert au lac Édouard, puis au lac Kivu, puis au lac Tanganyika, parallèlement àun axe montagneux et volcanique, là où vivent, d'ailleurs, les gorilles des montagnes. Cette chaîne de lacs, de montagnes et de volcans fait obstacle à la circulation des personnes entre l'est et l'ouest de cette partie de l'Afrique. De même, plus au sud, la lisière nord du désert du Kalahari délimite une aire géographique bien différente de celle qui se trouve au sud du bassin congolais. Les forêts du sud de l'Angola et les milieux désertiques du nord de la Namibie et du Botswana constituent de fait une zone de transition où se côtoient les plus méridionaux des peuples pygmées et les plus septentrionaux des peuples à clics, ainsi que de nombreux peuples bantous, ceux-ci étant très majoritaires en nombre. Ces deux frontières naturelles encapsulent donc les peuples pygmées dans la cuvette congolaise, tout en limitant leur capacité d'interactions avec les peuples à clics, vivant au sud et à l'est de cette cuvette.

Incidemment, dans le même secteur, une autre frontière naturelle très claire a probablement mené à la spéciation d'une espèce de primates en deux espèces distinctes, dans un très lointain passé. Rappelons que les chimpanzés sont nos plus proches cousins). (Rappelons aussi qu'en biologie, le terme 'espèce' réfère à l'ensemble des individus aptes à se reproduire entre eux.) La grande distance entre les rives du fleuve Congo, dans son parcours courbé allant du Katanga, au sud-est, à Kinshasa, au sud-ouest, crée une coupure naturelle très nette entre deux écosystèmes différents, la jungle humide du sud du fleuve et les savanes plus sèches du nord. C'est donc ce qui semble avoir conduit les chimpanzés primitifs à se différencier en deux espèces distinctes l'une de l'autre, il y a moins d'un million d'années, soit les bonobos (Pan paniscus, parfois aussi surnommés chimpanzés nains), au sud du fleuve, et les chimpanzés (Pan troglodytes, parfois aussi surnommés chimpanzés communs), au nord, l'ensemble de leur habitat étant d'ailleurs assez large et s'étendant du fleuve Congo jusqu'au fleuve Sénégal.

Il faut ajouter en dernier lieu que le phénomène de différenciation créé par des obstacles naturels est possiblement à la source d'une séparation éventuelle entre les ancêtres des peuples pygmées et des peuples à clics. Il est en effet possible que les deux groupes d'ancêtres aient eu des ancêtres communs, dans un très lointain passé, lesquels se seraient progressivement divisés en deux groupes, à cause des obstacles naturels existant entre eux, formant ainsi deux populations bien différentes, ayant de moins en moins de contacts entre elles, soit les ancêtres des peuples pygmées vivant aujourd'hui dans la cuvette congolaise, en Afrique centrale, et les ancêtres des peuples à clics vivant aujourd'hui en Afrique orientale et méridionale.

Nous voici donc arrivés à la fin d'un court voyage n'ayant guère duré que quelques centaines de milliers d'années, allant d'Aden à Zimbabwé, ainsi que d'Ève à Adam, en passant par les chimpanzés, les bonobos, les peuples pygmées, les peuples à clics et les peuples bantous. Il est donc temps de terminer en lançant un vigoureux cri: Vive l'Afrique éternelle! Vive l'Ifriqiya, cet Afar poussièreux de nos origines!


Poussière d'Afrique nous étions,
poussière de Terra nous sommes,
poussière d'espace nous serons,
un jour...



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