UNE ISSUE POSSIBLE À LA CRISE UKRAINIENNE

 



''Le terme « tsar » a désigné le souverain russe à partir du 16 janvier 1547, jour où Ivan IV Le Terrible, auparavant grand-prince de Moscou, a été sacré « tsar de toutes les Russies » en la cathédrale de la Dormition à Moscou. Ce nouveau titre lui confère un statut similaire à celui d'un empereur.'' (Wikipédia, édition en langue française, mai 2022)


L'expression ''Tsar de toutes les Russies'' ezt intéressante et très ancienne. Elle se rapporte à une réalité concrète, indéniable et incontournable: il n'y a pas 'une' Russie, mais plusieurs.

L'entité politique nommée actuellement Russie occupe un espace géographique énorme, allant de Kalinigrad, l'ancienne ville allemande de Koenigsberg, au détroit de Béring, séparant l'Asie de l'Amérique du Nord. Auparavant, l'ancien empire russe était encore plus vaste et comprenait l'actuel Alaska, ainsi que des antennes jusqu'au nord de la Californie et l'archipel des Hawaii. C'est donc dire que l'ancien empire des Tsars couvrait pas moins de trois continents, à l'exemple de l'empire Ottoman et de l'empire romain, à cheval sur l'Afrique, l'Asie et l'Europe.

Il y a des différences de taille et de nature entre les trois russies qui regroupent les slaves orientaux. La Byéolurussie (autrefois surnommée Russie blanche) est la plus petite, en superficie et en population, et elle assure une liaison avec les peuples baltes (au nord-ouest) et les peuples slaves occidentaux, dont la Pologne (à l'ouest). L'Ukraine (autrefois surnommée la Petite-Russie) est de quatre à cinq fois plus peuplée que la Byélorussie et elle s'étend sur un vaste territoire au nord de la mer Noire. Dotée d'une riche agriculture et d'une activité industrielle intense, c'est une terre avec beaucoup de potentiel économique. La Russie, enfin, à proprement parler, c'est la Grande-Russie, la plus connue, la plus populeuse et la plus puissante.

Ensemble, les trois peuples forment une communauté unie par des liens de sang remontant à des siècles. Leurs langues sont en réalité des dialectes qui divergent peu à peu, au fil du temps et au gré des événements, parfois avec l'encouragement actif de certains gouvernements, lorsque cela leur paraissait souhaitable. Il y a une unité réelle entre les trois peuples, au plan social, reflétée dans l'octroi, après la Deuxième guerre mondiale, de trois votes à l'Organisation des Nations-Unies, soit un vote pour chacune de ces trois anciennes républiques soviétiques. L'URSS a ainsi été le seul pays au monde à disposer de trois votes (au lieu d'un comme tous les autres), à l'assemblée générale de l'ONU.

L'actuel conflit entre la Russie actuelle et l'Ukraine actuelle, sous le regard officiellement neutre mais officieusement pro-russe de la Byélorussie, doit se comprendre à la lumière de ce qui précède. Pourquoi ce conflit a-t-il éclaté? Pourquoi les deux belligérants directs sont-il si acharnés? Pourquoi ne veulent-ils rien entendre?

Il est vrai que les positions semblent inconciliables. Les Ukrainiens regardent l'Union européenne avec envie et souhaitent s'y joindre, afin de bénéficier un jour d'un niveau de vie équivalent à celui des Allemands, des Italiens ou des Français, ce qui est évidemment compréhensible. De leur côté, les Russes ne souhaitent pas l'anéantissement physique des Ukrainiens, ni même leur subjugation économique ou politique, mais veulent essentiellement le maintien d'un lien étroit entre les trois branches des peuples russes.

Le problème est réel et complexe, mais des solutions sont possibles, bien que leur mise en oeuvre nécessiteront probablement des sacrifices pour chacune des parties concernées. La prospérité économique et l'affiliation politique sont deux choses bien différentes et il faut bien les distinguer. Présentement, l'Union européenne est surtout un groupement d'ordre économique, flanqué d'un volet politique encore relativement embryonnaire. C'est en fait une confédération assez lâche, puisque ses membres sont constitués de pays conservant leur pleine et entière souveraineté. Ces pays seront sans doute un jour appelés à abandonner tout ou partie de leur souveraineté respective, mais les choses n'en sont pas encore là.

Dans l'état actuel des choses, tant que les pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (OTAN) et les pays membres de l'Union européenne ne veulent pas prendre les armes pour défendre l'Ukraine, celle-ci est condamnée à plus ou moins court terme. Les envois d'argent, de matériel et d'informations ne feront que retarder l'inévitable et amplifier le bain de sang. La Russie, appuyée par la Byélorussie et, plus discrètement, par la Chine, semble avoir décidé de prendre son temps pour grignoter le territoire ukrainien, petit à petit, village par village, vallée par vallée, oblast par oblast. Au pire aller, il lui suffirait de mobiliser tout ou partie d'une classe d'âge pour lever des centaines de milliers de soldats à chaque année. Dans ce contexte, le temps n'est pas vraiment un problème.

La Première guerre mondiale aura duré cinq ans, de 1914 à 1918. Plus à propos, parce que plus semblable au présent conflit, la guerre de Sécession, causée par le refus des États industriels du Nord d'accepter le départ des États agricoles du Sud, aura duré, quant à elle, six ans, de 1860 à 1865. Les Américains du Nord et les Américains du Sud auront payé une facture particulièrement sanglante, totalisant 600 000 cadavres, nordistes comme sudistes, soldats comme civils. pour régler la question de la scission éventuelle des États-Unis d'Amérique.

Une façon possible de mettre fin au conflit, ou d'amener les deux parties à déclarer un cessez-le-feu et à entamer des négociations sérieuses, c'est d'élaborer une formule permettant aux uns et aux autres de répondre à l'essentiel de leurs besoins et de leurs espoirs. Que veulent les Russes, les Byléorusses et les Ukrainiens?

Cette formule pourrait comprendre quatre grands volets.

A) D'abord, au plan politique, les trois républiques slaves orientales s'unissent dans une fédération panrusse. Les trois parlements actuels deviennent en quelque sorte des parlements régionaux, avec des pouvoirs se limitant à l'administration de son instance respective. Un gouvernement fédéral est créé, par exemple à Kiev, siège historique des peuples russes, avec les pleins pouvoirs concernant les relations étrangères et la défense nationale, plus tout autre pouvoir délégué par les républiques constituantes. (Pour faciliter les choses, au plan pratico-pratique, l'actuel président de la Russie pourrait être invité à se retirer et l'actuel président de l'Ukraine pourrait être invité à se présenter à l'élection du tout premier président de la fédération pan-russe.)

B) Ensuite, au plan économique, l'Ukraine et la Byélorussie bénéficient d'un nouveau statut à créer, celui de membre associé de l'Union européenne, avec des dispositions à définir, lui permettant d'accéder de façon privilégié au marché européen.

C) Par ailleurs, en ce qui touche la région périphérique de la zone de conflit, des négociations seront entreprises par la nouvelle fédération pan-russe, conjointement avec l'Union européenne, auprès du Moldova et de la Géorgie, afin de définir de façon plus précise le statut et l'avenir de la Transnistrie, de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Dépendamment du résultat de ces négociations, le Moldova et/ou la Géorgie pourrai(en)t accéder au statut de membre de l'Union européenne.

D) En ce qui touche l'OTAN, les membres de l'UE, tant ceux qui en font partie que ceux qui n'en font pas partie, décideront eux-mêmes ce qu'ils veulent faire de leur budget militaire respectif.

Voudront-ils:

  1. continuer d'en diriger une partie vers leurs forces armées respectives et l'autre partie vers leur contribution à l'OTAN,
  2. continuer d'en mettre une partie vers leurs forces militaires respectives et l'autre partie vers de nouvelles institutions défensives communautaires, à l'échelle continentale
  3. continuer distribuer autrement leurs fonds en en mettant une première partie vers leurs forces militaires respectives, une deuxième partie vers de nouvelles institutions défensives communautaires, à l'échelle continentale, et une troisième partie vers leur contribution à l'OTAN?

Cette question relève bien sûr des pays de l'Union européenne elle-même. L'OTAN appartient à ses membres, tout comme l'Union européenne appartient aux siens.







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