LA VILLE D'OTTAWA ANGLICISE SON VOISINAGE

 

La portion orientale de l'Ontario. Montréal
se trouve à quelques dizaines de kilomètres d'Hawkesbury.

La bonne santé économique de la ville d'Ottawa est l'une des raisons qui font que cette ville d'un million d'habitants devient de plus en plus un facteur d'assimilation important pour l'est de l'Ontario et le sud-ouest du Québec.

Le grand nombre d'emplois bien payés dans la fonction publique fédérale et la prospérité grandissante du secteur technologique se combinent pour pousser le coût du logement à la hausse à Ottawa. Du coup, cela crée un besoin, chez plusieurs Ottaviens, de trouver du logement plus abordable, en-dehors des limites municipales.

À la recherche d'un logement moins coûteux et de taxes municipales moins élevées, beaucoup de résidents de cette ville déménagent au sud et à l'ouest de la capitale canadienne, c'est-à-dire en direction de territoires situés vers l'intérieur de l'Ontario. Le problème, c'est que de nombreux autres préfèrent se diriger vers le nord ou vers l'est, créant une problématique favorable à l'assimilation.

Vers le nord, se trouvent Gatineau et les municipalités du sud de l'Outaouais québécois. De même, vers l'est, s'étalent les petites localités franco-ontariennes qui parsèment l'extrême-est ontarien, entre les limites municipales d'Ottawa et la frontière québécoise, dans le secteur Vaudreuil-Dorion. Il s'agit du secteur de Prescott-Russell, majoritairement francophone, avec nombre d'endroits tranquilles et méconnus comme Casselman ou Embrun. C'est l'un des rares secteurs de l'Ontario où les francophones sont fortement majoritaires (à raison de 85 %).

Au cours des dernières années, l'effet a été dévastateur. Du côté est, des milliers d'anglophones se sont installés au-delà des limites municipalités ottaviennes, se joignant à de toutes petites communautés rurales et transformant radicalement leur dynamique et leur nature socio-linguistique. Il y a tellement de nouveaux arrivants qu'il est nécessaire, pour les accueillir, de créer de nouvelles rues et de nouveaux quartiers. La petite ville de Rockland, par exemple, en bordure de la rivière des Outaouais, entre la faubourg ottavien d'Orléans et la ville d'Hawkesbury, est passée en quelques années d'une localité presqu'entièrement francophone à une localité bi-culturelle, à moitié d'expression française, à moitié d'expression anglaise.

Duy côté nord, à Gatineau, l'impact est moins visible mais tout aussi réel. Cette grande ville (la quatrième plus populeuse au Québec) est capable d'absorber et d'intégrer un nombre relativement élevé de nouveaux arrivants, mais cette capacité n'est pas infinie. Les immigrants venus d'autres pays sont nombreux, mais la plupart parlent le français et apprécient la culture québécoise. Leur intégration n'est pas un problème en soi. Par contre, dans le cas des Anglo-Ontariens, la situation est plus complexe, puisqu'ils ne parlent pas tous français, ont tendance à considérer Gatineau comme une simple extension d'Ottawa et ont choisi d'y vivre surtout pour des raisons financières. Dans la foulée de l'échec du second référendum et de la baisse des tensions linguistiques, la présence des arrivants anglophones se fait de plus en plus sentir sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais, avec des tours à condos qui se multiplient au cours des dernières années.

Pour solidement attacher Gatineau et le sud de l'Outaouais au reste du Québec et, ainsi, éviter une lente et inexorable dérive en faveur de l'anglais, il.est important, dans un premier temps, qu'une prise de conscience se fasse au sein de la population, relativement aux changements linguistiques en cours. Dans un second temps, il devient de plus en plus évident que la municipalité et le gouvernement provincial doivent commencer à songer à des moyens visant à valoriser et souligner le caractère français de l'ouest du Québec en général et de Gatineau en particulier.

Le feu n'est pas pris dans la maison, il est vrai, mais l'exemple du village d'Orléans, passé de 100 % francophone à 30 % francophone en quelques décennies, souligne amplement le côté 'bulldozer' de l'assimilation au Canada, un phénomène lent et inexorable à la fois, à la manière d'un glacier qui avance peu à peu, sans arrêt, en rabotant tout sur son passage.


(Texte basé sur une série de twits diffusés aujourd'hui sur mon compte Twitter. CM)

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