TAIWAN À UN TOURNANT?
Une invasion réussie viendrait mettre un termeà un duel entamé dans les années '30, lors de la guerre civile chinoise opposant le Kuomintang (parti nationaliste) et le Parti communiste chinois.
Les tambours de guerre battent de plus en plus fort
autour de ma vallée, ces derniers jours.
La situation commence à ressembler à celle qui a
prévalu lors des mois précédant l'invasion de l'Ukraine, avec des manœuvres qui
n'en finissaient plus. Rappelons que cela avait été précédé, encore quelques
mois auparavant, par une première crise autour du statut de Taiwan, de l'achat
de sous-marins australiens, etc.
Les tambours battent à tout rompre, donc, mais,
pourtant, est-ce le signe d'une guerre à venir? On pourrait croire que la façon
idéale de partir une telle guerre, pour la Chine, serait de compter sur une
complète surprise, afin d'agir avec le plus de force possible, dans le moindre
temps possible.
De fait, la destruction rapide des pistes
d'atterrissage, sur les aéroports civils et militaires de Taiwan, serait
essentielle au succès d'une éventuelle invasion, du point de vue de Beijing. La
prise des îles entourant Taiwan (particulièrement les trois petits archipels
près de la côte chinoise, mais aussi celui des Pescadores au milieu du détroit)
serait aussi une priorité pour Beijing. Cela permettrait en effet de dégager les
obstacles qui bloquent et contrôlent les approches de l'île principale et
d'appuyer ainsi d'éventuels débarquements.
Les autres îles, notamment l'île de Pratas, au
sud-ouest, et l'îlot occupé par Taiwan dans les Spratleys, peuvent attendre,
étant situées relativement loin du théâtre d'opérations principal. En bout de
ligne, leur sort suivrait de toute façon celui de l'île principale, une
ancienne province capturée par l'empire chinois il y a des siècles, puis
colonisée par le Japon pendant quelques décennies.
L'isolement relatif de Taiwan joue en faveur de la
Chine, comparativement à l'imbrication étroite de l'Ukraine dans son voisinage.
L'Ukraine côtoie en effet, le long d'une longue frontière terrestre, certains
pays de l'Union européenne et de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord.
En comparaison, la distance entre Taiwan et les
deux principaux points américains dans le Pacifique occidental (Corée du Sud et
Japon) est assez grande, au regard de la largeur du détroit séparant l'île
dissidente du continent. Il faut aussi souligner qu'une bonne partie de cette
distance longe le territoire chinois de relativement près, facilitant des
interventions armées sur d'éventuels renforts aériens ou maritimes.
Tout cela implique que, dans le cas de Taiwan, une
attaque-éclair a bien plus de chance de réussite que dans le cas de l'Ukraine.
Si Beijing réussissait à mettre suffisamment de troupes et de matériel sur
l'île principale, les chances de survie du gouvernement taiwanais deviendraient
assez minces, surtout si l'on tient compte de la puissance des missiles
modernes, de leur vitesse (induite par les nouvelles technologies hyper-soniques)
et de la facilité qui en découle de pouvoir éliminer tout avion ou navire osant
approcher de Taiwan. Même les porte-avions ne seraient pas à l'abri. La perte
d'un seul porte-avion, avec plus de 5 000 marins à bord, serait un énorme coup
dur pour les États-Unis.
Reste à savoir quelles sont les intentions réelles
de la Chine. S'agit-il seulement d'intimidation? Le calendrier d'une invasion
de l'île a-t-il été accéléré par les difficultés croissantes de la Russie et du
besoin qui en découle de lui porter secours?
Si c'était le cas, il y aurait sûrement des
répercussions sur la scène mondiale. Militairement, l'entrée en guerre ouverte
de la Chine pourrait l'amener à vouloir appuyer son allié russe d'une manière
plus visible et plus franche, avec l'envoi de matériel et, possiblement,
d'effectifs. Le 'Tit' de la fourniture d'équipements militaires américains à
l'Ukraine, via l'OTAN, serait ainsi suivi du 'Tat' de Beijing, reprenant le
même jeu. Les pays de l'OTAN et de l'UE auraient aussi à se positionner devant
la nouvelle tournure des événements.
Au plan économique, une telle escalade serait
certainement catastrophique, avec des trains de sanctions et des
contre-sanctions qui se succèderaient et qui pourraient affecter profondément
(et peut-être durablement) les échanges commerciaux et la santé économique des
États impliqués. Une telle situation finirait par toucher tous les pays du
monde, pas seulement les contrées belligérantes. Pire, on ne pourrait plus
écarter la possibilité impensable que tout cela ne finisse en conflit
généralisé, un genre de guerre mondiale où (espérons-le) l'utilisation de
l'arme nucléaire n'interviendrait que si le territoire des pays nucléarisés
était violé.
Heureusement, un tel scénario demeure encore très
hypothétique. Il se peut qu'au fond, Beijing profite simplement du bref passage
de Mme Pelosi pour compter des points au niveau de la propagande, de façon à
présenter cette visite comme une provocation délibérée et inutile, tout en
tenant un genre de répétition générale.
Nous n'avons probablement pas fini d'en parler.
Article bien documenté, et d'où vous viens cette stratégie Taiwan-Chine ?
RépondreSupprimerElle émerge dans ma tête au fur et à mesure que les événements se précisent.
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