NOUS SOMMES NOS PIRES ENNEMIS

(Source: Isabelle Jourdain)


Nous sommes nos pires ennemis.

Le taux de natalité des francophones du Québec et de l'Acadie est très faible et nous n'avons pas assez d'immigrants francophones pour enrayer le déclin prévisible de notre population, d'ici quelques années, quelques décennies au mieux. Non seulement notre jeunesse est peu nombreuse, mais elle est maladivement obsédée par les bébelles techno, se préoccupe un peu trop de son enrichissement matériel et a bien de la difficulté à résister à l'attrait des privilèges et du luxe.

Il y a bien des façons de commencer à corriger les choses:

1. Réglementer l'utilisation des médias sociaux par les jeunes, d'une façon graduelle, à la maison, au primaire, puis au secondaire

2. Reculer l'âge où débute l'apprentissage de l'anglais, langue seconde, à l'école. Ce ne sont pas les occasions ni les moyens d'apprendre l'anglais qui manquent sur un continent où nous ne formons guère plus que 3 ou 4 % de la population.

3. Empêcher légalement les élèves francophones du secondaire de bifurquer vers les collèges anglophones.

4. Favoriser l'arrivée d'immigrants francophones, qu'ils soient originaires d'Europe où d'Afrique, afin qu'ils viennent s'établir sur le territoire canadien, notamment en Acadie, mais surtout au Québec, plus précisément dans l'agglomération de Montréal et dans l'Outaouais, mais aussi dans les autres régions frontalières (Abitibi, Estrie, Témiscamingue et Montérégie, surtout), sans oublier les campagnes. trop souvent dévitalisées mais encore grandement utiles au plan de la production alimentaire.

5. Décourager le wokisme dans les institutions d'enseignement de la province, particulièrement dans les départements universitaires de sociologie.

6. Mettre un accent plus prononcé sur l'histoire du Canada, dans toutes ses periodes, les jeunes se définissant souvent comme des citoyens du monde, détenteurs de valeurs universelles en soi.

7. Trouver une façon de décourager les promoteurs de l'Outaouais urbain à vouloir construire des logements de masse le long de la rivière des Outaouais, du côté québécois, et les encourager à le faire plus fortement du côté ontarien, afin de réduire l'afflux des anglophones provenant d'Ottawa à la recherche de logements moins coûteux.

8. Persuader le gouvernement fédéral à changer la nature de la Commission de la Capitale nationale, de façon à ce que le territoire de celle-ci ne s'étende plus du côté québécois de la rivière, mais exclusivement du côté ontarien.

9. Parallèlement à cette démarche, faire du Parc de la Gatineau un parc national provincial, de façon à mieux coordonner le developpement de ce secteur récréatif dans l'ensemble du territoire municipalisé de l'Outaouais urbain (Ville de Gatineau + MRC des Collines).

10. Favoriser la diversification économique de la Ville de Gatineau, afin de diminuer sa dépendance envers la fonction publique fédérale et le secteur privé ontarien. La venue éventuelle d'instances provinciales (services auxiliaires de ministères, centres de données, école de médecine, entrepôts, dépôts de matériel ou autres installations générant de la valeur ou de l'emploi) pourrait y contribuer pour beaucoup.

11. Discuter avec la Ville d'Ottawa de stratégies visant à réorienter le flot des résidents de cette municipalité qui, actuellement, s'éparpillent dans toutes les directions à la recherche de logis plus abordables, notamment vers Gatineau et vers le territoire rural francophone qui s'étend entre Ottawa et Montréal. Le territoire municipal d'Ottawa a été fortement agrandi ces dernières années, couvrant toute la grande region d'Ottawa-Carleton, si bien que la recherche de logements abordables favorise indirectement l'anglicisation à long terme des collectivités francophones d'accueil, au nord (Gatineau) et à l'est (Prescot-Russell). Une orientation, même partielle, de ces flux migratoires vers le sud et l'ouest d'Ottawa, en direction de territoires entièrement anglophones, serait souhaitable.


* * *


La question de l'immigration francophone est incontournable au Québec, tout comme en Acadie.

La population québécoise d'expression française s'enrichit lentement, décennie après décennie, comparativement à la moyenne canadienne, et la moyenne du niveau de vie au Québec devrait éventuellement rattraper le niveau de vie des Anglo-Canadiens en général.

C'est bien. Toutefois, le danger qui persiste à la survie à long terme de notre culture, ici comme ailleurs, partout dans notre grand et merveilleux pays où les Rocheuses sont belles à voir, selon Jean Chrétien, et où la "Canadian" est bonne à boire, selon Justin Trudeau, un politicien appuyant tout à la fois le multiculturalisme, le binationalisme et le plurisexuallisme, parlant noblement, promettant trop, coûtant cher, posant bien et ne sachant pas toujours comment s'habiller comme il faut, notre avenir collectif, donc, disions-nous, se trouve ailleurs.
Il se trouve là où vivront les immigrants qui, un jour, accepteront de vivre chez nous, dans nos villes et nos campagnes, nous aideront à revivifier nos collectivités et participeront à notre renaissance collective en nous donnant de nouveau le goût de rêver à l'avenir.


* * *


En ces derniers mois du gouvernement Trudeau, il semble y avoir y avoir un climat de fin de règne, peut-être même de fin de régime, au sein des différents instances politiques et unités administratives du gouvernement canadien.

Les membres du parti de Trudeau (père) et de Trudeau (fils) sont infiltrés un peu partout au sein de l'appareil gouvernemental, dans les divers échelons de la fonction publique, mais aussi au Sénat, dans les ambassades, les sociétés publiques et les autres émanations fédérales.
Pensons seulement à la belle chevelure rouge libéral de la présidente de la société radio-canadienne pour voir l'impact de la culture wokiste au nord de la frontière qui nous sépare de notre remuant (et gigantesque) voisin du sud. La communauté de langue entre les deux pays anglophones d'Amérique du Nord facilite la diffusion de la culture américaine contemporaine au sein de cet ensemble.

Les francophones canadiens sont des Nord-Américains sur le plan géographique, mais aussi, bien malheureusement, sur le plan culturel aussi. La barrière linguistique est réelle, mais de plus en plus poreuse et inopérante.
Cette proximité géographique a des avantages, notamment économiques (libre-échange), mais elle comporte aussi des inconvénients, surtout culturels. La culture anglophone se caractérise de plus en plus par son individualisme, l'importance des biens matériels, la dissolution des moeurs, l'hédonisme, la superficialité, une attirance pour les solutions faciles, l'information-spectacle et la politique-spectacle).
Le caractère luxocratique de la démocratie occidentale que l'on voit poindre aux États-Unis, ainsi que dans le reste de l'Amérique du Nord (à un degré moindre) et, d'une façon plus générale, dans le monde occidental européen est une réalité dont il est préférable de prendre conscience.

Tout cela se reflète dans le gouvernement Trudeau (fils): le premier ministre est un spécialiste du théâtre, des vêtements bien coupés et des poses avantageuses. Il sait comment se croiser les jambes lors des conférences de presse et des remises de chèque qu'il affectionne tant. Il aurait sans doute été préférable qu'il devienne acteur, puisque nous aurions ainsi pu faire l'économie de décennies de remboursement.

La gouverneure-générale ne parle pas français, dans un pays pourtant nominalement bilingue et binational, et elle a les mêmes goûts de luxe que le précédent.

La vice-première ministre et ministre des Finances n'a pas autant le goût du luxe que les deux premiers, mais elle n'a curieusement aucune diplôme en économie, étant plutôt une spécialiste du monde slave. En fait, elle est surtout connue, dans le domaine financier, comme l'auteure d'un livre dont le titre, "Ploutocrats", résonne aujourd'hui d'une bien étrange manière, surtout lorsque l'on songe à l'héritage désastreux que ce gouvernement laissera derrière lui et que devront assumer les prochaines générations.


* * *


La société québécoise est imbibée de culture américaine jusqu'aux oreilles et ça ne date pas d'hier. C'était tout aussi vrai au temps de ma jeunesse, sauf qu'il semble que cela augmente avec le temps, renforçant du coup les pressions assimilatrices. Nous sommes imprégnés de cette culture américaine et nous sommes en conséquence de plus en plus sujets aux travers propres à celle-ci: individualisme, wokisme, imprévoyance, pensée à courte vue, peur des contraintes de toutes sortes (légales, parentales, politiques, religieuses, etc.). La question d'offrir aux étudiant-e-s, d'emblée, la possibilité de choisir leur pronom individuel (il, elle, ielle, eux, etc.) existe tout autant à l'UQAM que dans la plupart des universités américaines et c'est là chose plus regrettable qu'admirable.

La décision prise au tournant du siècle de favoriser l'apprentissage de l'anglais chez l'enfant le plus tôt possible fait aussi partie du problème et accentue la vulnérabilité de la société québécoise face à une langue anglaise omniprésente, dans la société physique comme dans la société virtuelle.

En ce sens, l'accès aux médias sociaux est un enjeu linguistique et culturel. Tout comme l'âge où une transition sexuelle peut se faire doit être défini et encadré au plan législatif, le degré d'accès au téléphone intelligent et, plus largement, aux médias sociaux doit être débattu et légiféré.

Les enfants étant par définition plus influençables que leurs aînés et plus perméables aux influences de toutes sortes, se sentant parfois même citoyens du monde bien avant d'être citoyens de tel ou tel territoire, créant une possibilité de confusions cognitives dans leur esprit.

La langue, parlée ou écrite, n'est pas un simple outil de communication mais une porte donnant accès à un univers culturel complet: films, livres, brochures, émissions télévisées, chansons, vidéos, balados, courriels, lettres, etc.
Il n'est pas trop tard pour apporter des modifications au mode d'apprentissage des langues secondes au Québec, tout comme il n'est pas trop tard pour débattre du rôle et de la place des médias sociaux dans les sociétés francophones canadiennes, Acadie incluse.


* * *

PLUS:  @charles.millar3 (X-Twitter)


Commentaires

  1. En résumé vous pronez un régime totalitaire qui restreindra les libertés des gens pour être conforme à la bien-pensance. J'aurais aimé que vous ayez autant de vigueur à être choqué par le mauvais enseignement du français suite à la réforme Marois, calquée sur la Suisse qui l'a prestement abandonnée, où la grammaire fut évacuée de l'apprentissage et avec un superbe bénéfice de produire des illettrés fonctionnels. Les Suèdois et Norvégiens qui parlent des langues mineures n'ont pas de crainte de perdre leur langue. Cherchez l'erreur...

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  2. Je serais vraiment curieux de savoir ce que vous entendez par 'totalitaire', exactement. Demandez à des enfants d'être de retour à une heure précise est probablement vu comme un geste intolérable par certains, normal par d'autres. Encadrer des libertés, c'est légaliser, pas étouffer. Les Suédois parlant suédois, en Suède, sont majoritaires dans leur pays, mais pas en Finlande, une ancienne colonie suédoise, puis un grand-duché russe, qui abrite encore une minorité d'expression suédoise comptant pour environ 5 % de sa population. J'imagine aisément que les uns et les autres n'ont pas le même vécu, le même 'ressenti', comme on dit dans les milieux universitaires à la mode et imbibés de culture américaine, comme je le suis moi-même et comme vous l'êtes aussi, j'en ai l'impression. Il y a aussi des Finlandais qui vivent dans le nord de la Suède et parlent encore leur langue, même s'ils sont nationalement minoritaires et localement majoritaires. Les choses ne sont jamais simples et les nuances sont essentielles. J'ai trois filles qui se sont abreuvées de vidéos américaines toute leur jeune vie et qui sont encore plus imbibées de culture américaine que je ne le suis. L'embêtant, c'est qu'elles ne se rendent même pas compte à quel point elles sont américanisées et anglicisées. J'ai vu, à Ottawa, lors de mes études à l'Université d'Ottawa, je ne sais combien de Franco-Ontariens et de Franco-Ontariennes qui associaient culture anglophone et prospérité économique, enrichissement et langue anglaise, un amalgame facile qui est de moins en moins pertinent de nos jours et dont l'inadéquation sera encore plus visible au cours des prochaines années.

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    1. Supprimer mon commentaire montre votre incapacité à tolérer toute opinion qui ne sied pas à votre doxa et est conforme au wokisme. Ce n'est pas en mettant des balises ou barrières à l'ouverture sur autrui que vous préserverez le français au Québec. Si le peuple en bon Nord-Américain suit la loi du moindre effort face à leur langue et culture vos suggestions seront inutiles. D'où mon exemple des peuples nordiques qui n'affichent pas le syndrôme Caliméro d'une menace putative liée aux "vilains anglos.

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    2. Je cesse de vs embêter, mais c'est triste de constater que vous êtes le seul détenteur de la vérité et que même vos enfants vous désolent. Il y avait Jean Le Baptiste qui était dans la même situation que vous à convertir les grains de sable. Que voulez-vous les Canadiens-Français étaient très dirigés par la religion et aujourd'hui ils regardent de haut les croyants. Est-ce un évolution? Pour les adeptes du c'était bien mieux avant surement pas. La seule influence possible pour protéger le français est d'essayer de produire de la qualité, ce qui ne semble plus présent dans notre système scolaire. ALors que vous revêtiez une soutane de demander des interdits est très similaire à l'ostracisme d'antan et liberticide.

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  3. Je n'avais pas supprimé votre commentaire, j'ai seulement un peu tarder à y répondre, étant occupé à autre chose. Je respecte votre opinion, mais je me posais une question: que veux dire doxa?

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    1. Ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée.

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    2. À la base, je suis un journaliste, pas une simple courroie de transmission. Je synthétise ce que je saisis et devine entre les lignes, afin de faire autre chose que recracher intégralement ce que j'entend ou souhaite entendre. La compréhension est une connaissance venant de l'intérieur, pas une confirmation de ce qui est perçu.

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    3. Je ne vs accuse de rien, mais je ne fais que commenter votre analyse et émettre l'opinion que des mesures liberticides ne sont pas acceptables en démocratie. J'imagine que si vous avez créé ce "blog" ce n'est pas seulement pour professer la "bonne nouvelle" mais susciter des réactions à vos dires. Sur ce mes salutatons.

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