NAISSANCE D'UN NOYAU FORT AU SAHEL

 

L'Alliance des pays sahéliens regroupe, de gauche à droite, le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette nouvelle entité en cours d'intégration domine tout l'intérieur sahélien des pays de l'Afrique de l'Ouest. Actuellement, la CÉDÉAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) peut être divisée en deux secteurs: les trois pays sahéliens, d'une part, et les pays guinéens, d'autre part, ceux-ci constituant une longue bande côtière allant du Sénégal, à l'ouest du Mali, au Nigéria, au sud du Niger.


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La mise en place d'un espace numérique sans frontières, annoncée récemment par l'agence de presse AES Info, souligne qu'un autre pas a été franchi dans l'intégration progressive des trois pays sahéliens que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Déjà regroupées dans une alliance militaire bien établie et un début de confédération politique, les trois entités cheminent aussi dans l'établissement de liens économiques et culturels, comme ce qui est annoncé ici. Un bloc assez fort est visiblement en formation dans les espaces arides de l'intérieur de l'Afrique de l'Ouest.

Né de la présence djihadiste grandissance dans la région, ce bloc a pris naissance essentiellement dans le but de protéger les populations civiles sahéliennes, menacées dans leur existence et dans leur développement. La création de l'Alliance des États sahéliens s'est accompagnée d'un retrait des forces militaires françaises et américaines et d'une intervention des forces militaires russes.

L'émergence de l'AÉS, l'an dernier, a engendré une crise majeure au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), un regroupement régional dont veulent se retirer les nouveaux gouvernements en place au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Il en est résulté un réalignement goéopolique des pays sahéliens, d'une orientation pro-occidentale à une orientation pro-Bricsienne.

Ce repositionnement doit se comprendre dans le contexte de l'émergence progressive du regroupement économique des BRICS, une entité se posant de plus en plus en alternative aux pays occidentaux. Centré surout sur la Chine, mais comprenant aussi des puissances économiques majeures comme l'Inde, le Brésil, la Russie et l'Afrique du Sud, le groupe s'est attiré de nouveaux membres, soit l'Égypte, l'Éthiopie, les Émirats arabes unis et l'Iran. Il est à noter que l'Arabie saoudite n'est pas encore un membre à plein titre des BRICS, n'ayant pas complété toutes les étapes nécessaires à une adhésion formelle au groupe. De plus, il y a quelques semaines, lors d'une rencontre à Kazan (Russie), treize pays additionnels se sont joints aux BRICS en tant que 'partenaires', un statut dont la nature exacte reste à définir.

Les BRICS souhaitent développer de plus grands liens économiques entre eux, ainsi qu'avec les pays du Sud Global (Asie, Afrique et Amérique latine). Le groupe comptent présentement trois pays membres en règle en sol africain, soit l'Afrique du Sud, l'Égypte et l'Éthiopie, ainsi que trois pays partenaires (Algérie, Nigéria, Ouganda). L'expansion des BRICS en terre africaine suscite beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme, créant des attentes fortes en matière de développement économique.

L'expansion bricsienne s'est accompagnée de nombreux investissements visant à améliorer les réseaux de transport terrestre et maritime entre les pays africains et les pays bricsiens, notamment ceux qui sont situés en Eurasie. Dans le cas de l'Afrique de l'Ouest, cette situation a accru la rivalité traditionnelle des ports ouest-africains, tels que Dakar, Abidjan, Lomé, Cotonou et Lagos, relativement à la desserte des trois pays sahéliens enclavés que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Le port de Lomé (Togo), entre autres, a marqué de nombreux points dans cette rivalité, au détriment du port de Cotonou (Bénin). Lors de la crise sahélienne de 2023, les autorités béninoises s'étaient attiré les critiques des États sahéliens et ceux-ci ont favorisé la croissance du port togolais, vis-à-vis le port béninois, pour les importations et exportations touchant le Burkina Faso et le Niger.

Un autre port qui pourrait profiter de la nouvelle situation géopolitique du Sahel est celui de Conakry, en Guinée. La mise en exploitation du riche gisement de fer de Simandou, dans les massifs montagneux de l'est de la Guinée, s'accompagnera d'une nouvelle voie ferrée en direction de la région de Conakry et pourrait aussi susciter l'aménagement de nouveaux liens vers les trois pays sahéliens.


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PLUS:  @charles.millar3 (X-Twitter)




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