UNE SUGGESTION POUR LA FRANCE ET L'UNION EUROPÉENNE

 



Parfois, il faut lancer un pavé dans la mare, mais il est toujours préférable d'y aller avec quelques précautions et des gants blancs bien épais.

Il me faut d'abord faire valoir ici plusieurs bémols préalables qui ont leur importance mais ne présagent nullement de la qualité bonne ou mauvaise des suggestions qui font l'objet de ce chronique.

Tout d'abord, je n'ai pas étudié en économie, n'ayant une éducation formelle qu'en sciences politiques, en histoire et en sociologie. De surcroît, je ne connais le domaine économique que sous un angle très particulier, celui de l'Amérique du Nord, plus particulièrement de la province de Québec, dont la situation est évidemment bien différente de celui de la France, mais en ayant tout de même deux circonstances atténuantes dont celle d'avoir vécu différentes expériences pendant les décennies passées, connu beaucoup de hauts et de bas, fait plusieurs métiers et pu me nourrir à chaque jour, jusqu'à l'orée de ma retraite professionnelle (65 ans au Canada), malgré quelques neurones possiblement volatilisés ici ou là, en cours de route. La seconde circonstance atténuante est d'un autre ordre et est habituellement plus convaincante: je n'écrit pas ce texte dans l'objectif avoué ou caché d'avoir des sous du gouvernement français, ne serait-ce qu'un quelconque Boeing 747 qatari de seconde main. Je ne lui demande ni un cent canadien, ni un centime d'euro, ni rien, nada, pas plus qu'aux partis politiques français, d'ailleurs.

D'autres bémols plus courts, découlent du premier: je ne suis pas citoyen français, mes connaissances de la France sont essentiellement livresques et je n'y ai séjourné qu'une fois, pendant trois semaines, en touriste, au début des années '90, dans le but de visiter Paris et ses environs immédiats.

Le but de ce texte est simplement de susciter un vigoureux débat entre économistes français et françaises, toutes tendances politiques confondues, dans l'espoir de trouver des solutions viables et pérennes aux défis posés par les finances publiques du pays de Rabelais, de Victor Hugo, de Lamartine et de Lafontaine, ainsi que du plus grand des économes, le roi Dagobert, celui qui portait son pantalon à l'envers. C'était non seulement le plus connu mais aussi le plus méritoire des maîtres économes de France, ayant inventé l'économie, tout bonnement, c'est-à-dire la gestion des biens matériels, bien avant l'heure, quelque chose comme mille cinq cent ans avant que le recyclage ne soit devenu chose obsessive, un peu partout dans le monde, mais plus particulièrement en France, surtout par les temps qui courent, climat oblige. C'est dire qu'économie et écologie peuvent faire bon ménage en toutes circonstances.

Posons donc le point de départ de cette démarche, cette espèce de Projet Dagobert, pour ainsi dire, sur le modèle du Projet Charlemagne, avec l'article ci-dessous, et divisons la tâche à accomplir selon les sept grands chantiers que défnissent les sept graphiques présidentiels cités dans l'article.

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PREMIER CHANTIER

« En 2023, le coût des mesures fiscales actées depuis 2018 s’élevait déjà à 62 milliards d’euros... »

62 milliards d'euros, c'est déjà une somme considérable. Plusieurs possibilités existent ici.

1. Le président en place pourrait attendre à la fin de son deuxième et dernier mandat de cinq ans pour entreprendre les démarches visant à renverser les mesures fiscales adoptées en 2018, acceptant d'avance l'impopularité que susciterait inévitablement une telle décision dans le public, particulièrement au niveau des personnes les plus aisées, c'est-à-dire les moins nombreuses et, paradoxalement, celles ayant aussi le moins à perdre, toutes proportions gardées. Cela exige évidemment beaucoup de courage politique.

2. Le président en place pourrait décider de n'entreprendre qu'une annulation partielle de ces mesures fiscales.

3. Le président en place (ou la personne qui le remplacera éventuellement à son poste) pourrait décider de geler les augmentations salariales automatiques du personnel émargeant au budget national, sans exception et d'une manière proportionnée, pour une durée temporaire précisée d'avance, sur le modèle d'un gel salarial semblable ayant eu lieu au Québec dans les années '70, à l'époque du premier ministre de l'époque, René Lévesque. Cette mesure temporaire avait évidemment été extrêmement impopulaire auprès des personnes directement concernées, mais, tel un remède de cheval, elle avait tout de même permis d'opérer un redressement drastique des finances publiques. M. Lévesque avait suffisamment d'ascendant sur la population québécoise à cette époque pour réussir à survivre politiquement à ce genre de démarche. Il reviendrait donc au président en place pour les mois à venir (ou à la personne le remplaçant éventuellement) d'évaluer les choses, faisant la part des choses entre sa popularité personnelle et son courage politique.

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DEUXIÈME CHANTIER

« ...la France se situe (...) dans la moyenne européenne, et les seniors tricolores ne partent pas couler des jours heureux beaucoup plus tôt que leurs homologues européens... »

Ici, on note des similarités avec le chantier précédent, mais il s'y trouvent aussi des distinctions. Dans les deux cas, il est question de mesures impopulaires et difficiles à prendre dans le domaine politique, mais pas de la même façon. Retarder le départ à la retraite est surtout impopulaire chez les moins fortunés, c'est-à-dire les plus nombreux et, aussi, habituellement, les plus désireux d'évacuer rapidement le domaine du travail rémunéré pour devenir pensionné. Il en découle des conséquences différentes.

1. Le président en place pourrait décider de surseoir à toute prise de position additionnelle dans ce domaine, estimant qu'un bout de chemin ayant déjà été fait.

2. La personne qui remplacera éventuellement le président en place pourrait entreprendre un nouveau report de la date du départ à la retraite. Cette mesure devrait évidemment se faire en début de mandat, étant donné qu'en démocratie représentative, les gestes les plus impopulaires doivent nécessairement se faire en début de mandat, surtout si l'on souhaite en avoir un deuxième.

3. Indépendamment du moment où cette mesure pourrait être envisagée, étudiée, adoptée et implantée, ainsi que de l'identité des personnes qui seraient en place à ce moment, il importe d'être conscient et, surtout, de faire prendre conscience à l'ensemble de la population française, que les arguments présentés par le président en place lors du précédent report de l'âge de la retraite sont tout à fait fondés et recevables et qu'ils le demeurent encore maintenant. Le fait qu'il ait des hésitations à passer par la même épreuve une seconde fois est évidemment compréhensible mais ne change strictement rien au fait que les gens vivent effectivement plus vieux et demeurent aussi en bonne santé plus longtemps en France qu'auparavant. Il serait donc fiscalement bête, politiquement irresponsable et socialement sain de ne pas reporter de nouveau la date du départ à la retraite, relativement rapidement, sauf pour les personnes ayant des conditions médicales particulières. Au Canada, l'âge légal de la retraite est de 65 ans et, ici aussi, tout comme en Europe, il serait pertinent de le reporter une nouvelle fois, exactement pour les mêmes raisons. C'est évidemment une tout autre débat, dans des conditions différentes qu'en Europe.

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TROISIÈME CHANTIER

'« Le nombre de microentreprises a explosé depuis 2017, symbole d’une ubérisation' du marché du travail. »

« Si l’on compare avec le reste de l’Europe, le chômage a bel et bien reculé de 2,3 points de pourcentage en France, mais c’est moins que pour la moyenne de l’Union européenne (- 2,8), l’Italie (- 5,6) ou encore l’Espagne (- 7,1). »

Les deux phrases ci-haut, tirées de l'article ci-dessous, sont tout à fait exactes et incontestables. Elles laissent entendre que le président a pris les bonnes décisions au début mais que ces mesures, bénéfiques en soit, ont souffert de conditions environnantes, au plan économique et au plan politique, qui se sont modifiées en cours de route, depuis son entrée en poste, à l'intérieur du territoire national et à l'extérieur de celui-ci.

1. Le fait que le nombre de micro-entreprises ait augmenté est de bon augure quant à la santé des couches inférieures du tissu économique français et il augure bien de l'avenir, dans la mesure où ces enreprises de petite taille sont soutenues, guidées et encadrées de façon adéquate.

2. L'émergence de la Chine en tant que puissance économique majeure (et de l'association des BRICS comme relais important de cette puissance) a été perçu comme une menace pour des raisons de politique étrangère, étant donné les problématiques posées par l'intervention de la Fédération russe en Ukraine (2014), puis l'invasion russe à grande échelle de ce même pays (2022), puis des complications causées par le soutien indirect de pays tiers (nommément l'Iran et la Corée du Nord, au plan militaire, la Chine, au plan politique,et l'Inde au plan économique). De même, les menaces posées à l'économie européenne, au niveau de l'industrie automobile et des énergies renouvelables, entre autres, par la rapide émergence des produits manufacturés chinois, ainsi que de la technologie chinoise et des armes chinoises, ont distrait les autorités européennes au moment même où des changements majeures se produisaient aux États-Unis sous l'impulsion du président précédent, M. Biden, et du président actuel, M. Trump.

3. Les mêmes changements qui sont en cours sur le continent asiatique, sur le continent nord-américain, ainsi qu'ailleurs dans le monde, du continent sud-américain au continent africain et à l'Océanie, laissent entendre que les pays de l'Union européenne sont en transition entre un ancien monde, dont les racines remontent à la fin de la Seconde guerre mondiale, et un nouveau monde, encore en défintion. La façon dont les autorités européennes, du Conseil de l'Europe, de la Commission européenne, du Parlement européen et des pays membres piloteront les relations entre l'Union européenne, la Russie, la Chine et les États-Unis auront évidemment une incidence majeure sur les entreprises des couches intermédiaires et supérieures qui forment le tissu économique de l'Union européenne. C'est donc dire que la croissance de l'ensemble des entreprises privées du continent européen va dépendre en grande mesure de la rapidité des différentes instances à s'adapter aux changements rapides qui se produisent actuellement et à prendre les décisions qui s'imposent pour favoriser la croissance économique et éviter les engagements militaires directs, que ce soit en Ukraine ou ailleurs, d'où il en ressort que le besoin d'une refonte majeure de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), voire même de son remplacement, graduel ou non, au regard des changements souhaités par la présente administration américaine, n'est pas à négliger et ne peut être évité. Le plus rapidement ce conflit se terminera, le plus rapidement il sera possible de reformuler les conditions de la croissance économique européenne et de solidifer, renouveler et étendre son tissu économique

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QUATRIÈME CHANTIER

« ...notre pays n’est en rien devenu le plus attractif du continent. La Pologne, l’Espagne et le Portugal, sans même parler du Royaume-Uni, ont fait mieux que nous. »

Les affirmations ci-haut soulèvent des questions embêtantes, dont celle-ci, incontournable et troublant: Pourquoi est-ce effectivement le cas? Il y en a aussi une autre, encore plus importante: Qu'est-il possible de faire? 

1. Pour le dire simplement, la Chine a su miser sur les points faibles de l'Union européenne, c'est-à-dire sur les pays situés hors du noyau formé par les six pays qui sont au coeur de la construction européenne, soit la France, l'Allemagne, l'Italie et les trois pays du Bénélux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). L'Espagne et le Portugal ont l'avantage d'avoir des coûts de main-d'oeuvre relativement bas, tout comme la Pologne, et d'être disposés à accueillir les manufactures chinoises en matière de production de véhicules automobiles et de matériel solaire et éolien, deux domaines où les entreprises chinoises se distinguent par leur performance, leur technologie avancée et leur faible coût. D'autres pays d'Europe orientale ont  également eu l'habileté de profiter intelligemment de cette manne, dont la Hongrie, la Slovaquie, la Serbie et d'autres. Par ailleurs, dans le cas du Royaume-Uni, ce pays a misé sur ses propres forces et a choisi de développer des liens économiques, notamment commerciaux, avec d'autres pays, ailleurs dans le monde, comme les États-Unis, l'Inde, l'Australie, le Canada, etc.

2. Il ressortira probablement de tout cela que les entreprises européennes et chinoises, qu'il s'agisse d'entités locales ou étrangères, se partageront les profits de ces domaines en forte croissance, tout comme le Japon, la Corée du Sud, l'Allemagne et d'autres avaient choisi de produire des automobiles aux États-Unis, il y a de cela plusieurs décennies, plutôt que de se heurter à des barrières douanières trop élevées. Les circonstances étaient alors différentes de celles qui existent aujourd'hui, bien sûr. 

3. Ce que peuvent faire les gouvernement des six pays énumérés ci-haut, ainsi que la Commission européenne, au plan industriel, c'est de miser à leur tour sur des activités plus complexes et de monter en gamme, par exemple avec des centres de recherche et développement en automobile et en énergie renouvelable, mais aussi des initiatives dans des domaines d'avenir comme l'espace, l'exploitation des ressources minières sous-marines, la pisciculture controlée sur haut-fonds marins, tout en mettant aussi l'accent sur le financement des efforts entourant l'industrialisation en cours en Inde, sans oublier l'industrialition amorcée au sein des pays africains et latino-américains, des régions également en émergence rapide et ayant besoin de soutien financier pour veiller sur le bien-être de leurs populations respectives.

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CINQUIÈME CHANTIER

« Selon l’institut statistique, entre 2006 et 2020, pour quatre entrées d’immigrés en France, on compte environ une sortie et un décès. »

Le dossier migratoire est très difficile en France, c'est bien connu, et le Front national d'autrefois, devenu aujourd'hui le Rassemblement national et normalisé de plusieurs manières sous la gouverne de Mme Le Pen, dans le but de la déradicaliser et de le rendre plus acceptable, reste encore auréolé d'une réputation désastreuse et nauséabonde, au sein du paysage complexe, pas toujours aisé à comprendre et parfois même indéchiffrable de la scène politique française. Sans devenir une formation d'extrême-gauche, de centre-gauche ou même du centre extrême, cette formation politique ne peut plus être considérée comme la réelle pointe de l'extrême extrême-droite française, un qualificatif évidemment peu enviable et s'appliquant davantage au mouvement mené par une certain sépharade d'origine marocaine, violemment anti-musulman et à la source de plusieurs rapports de police concernant des opérations commandos dans les cités françaises où vivent quelques-uns des nombreux musulmans qui vivent en France et sont habituellement originaires du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne ou du Levant. Il y a un gouffre insurmontable entre rêver de faire renaître la société française, une démarche dont la nature est d'essence pacifique, et rêver de 'reconquérir' un pays que certains prétendent menacé par des personnes d'une confession différente, la seconde impliquant l'usage de moyens inacceptables. Cela ne signifie cependant pas qu'il n'y a aucune mesure migratoire envisageable en France.

1. En France, les personnes d'expression française sont évidemment majoritaires, la langue ayant évolué au rythme des changements sociaux, politiques, économiques et autres. Au Canada, par contre, la situation démographique est différente de celle de la France, tout comme celle de plusieurs pays européens abritant des populations d'expression française (en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, à Monaco ou à Andorre, par exemple). La venue de ces personnes originaires de l'Europe, tout comme la venue de francophones en provenance d'Afrique ou d'ailleurs dans le monde, doit donc être facilitée, de façon à contribuer à rééquilibrer la situation démographique des francophones canadiens, le Canada étant marqué par un phénomène d'assimilation linguistique depuis des décennies, hors du Québec (et hors des régions acadiennes du Nouveau-Brunswick), mais aussi, depuis quelques années, au Québec même, particulièrement dans les centres urbains.

2. La population immigrante d'expression française vivant en France, mais aussi dans les autres pays européens où existent des communautés d'expression française, doit aussi être encouragée et incitée à migrer au Canada, toujours pour aider à rebalancer un équilibre démolinguistique de plus en plus chancelant.

3. Dans le même esprit, les populations d'expression française vivant hors d'Europe, en Afrique, en Asie ou ailleurs doivent elles aussi être invitées à émigrer au Canada, toujours dans le même but.

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SIXIÈME CHANTIER

« Ce sont bien les plus aisés qui ont profité des baisses d’impôt concédées par Emmanuel Macron. C’est ce qu’a révélé l’Institut des politiques publiques en évaluant les effets de la politique fiscale 2017-2022 sur les ménages : le niveau de vie du top 0,1 % de la population a augmenté de 2,1 % du fait de la suppression de l’ISF et de 3,8 % du fait de l’instauration de la flat tax. »

On devinera sans peine que tout ce qui précède s'applique ici aussi. Le Canada d'expression française à besoin de tous les migrants francophones possibles, en provenance de France, mais aussi des autres pays où vivent des minorités francophones, qu'ils soient européens, africains, asiatiques ou autres, de façon à contrer le phénomène assimilatoire qui est apparu depuis quelques années, jusqu'au coeur de la métropole économique du Québec, l'agglomération montréalaise.

1. Les populations francophones démunies de France doivent être invitées et incitées à migrer au Canada au cours des années à venir, quel que soit leur statut confessionnel ou leur origine géographique, suite à des ententes à conclure, à adapter ou à modifier entre toutes les autorités concernées.

2. Les populations francophones démunies des autres pays de l'Union européenne doivent aussi être invitées et incitées à migrer au Canada au cours des années à venir, suite à des ententes à conclure, à adapter ou à modifier entre toutes les autorités concernées.

1. Les populations francophones démunies du reste du monde, qu'il s'agisse de l'Amérique latine, de l'Afrique, de l'Asie ou d'ailleurs, doivent elles aussi être invitées et incitées à migrer au Canada au cours des années à venir, suite à des ententes à conclure, à adapter ou à modifier entre toutes les autorités concernées.

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https://www.alternatives-economiques.fr/sept-graphiques-quemmanuel-macron-a-oublie-de-montrer/00114967?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_content=17052025&utm_campaign=hebdo

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