CRISE AFRICAINE: GUINÉENS ET SAHÉLIENS
Suite de textes publiés récemment sur Twitter, portant sur la crise nigérienne.
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Pénible à comprendre, souvent
hermétique et beaucoup trop long, l'article ci-dessous clarifie certains
points. Il reste que tout cela finira par se régler à l'issue de discussions
plus ou moins laborieuses. La crise est essentiellement le fruit d'une présence
accrue de la Chine (au plan économique) et de la Russie (au plan militaire)
dans le précarré français.
Un genre de compromis /
accommodement est à prévoir entre les pays saharo-sahéliens (soumis à une
influence musulmane de longue date) et les pays guinéens (soumis à une
influence européenne de longue date). L'appui des populations locales aux
militaires sahéliens est un facteur que l'auteur tend à minimiser, mais
celui-ci est visiblement marqué en profondeur, il faut bien le dire, par un
certain intellectualisme parisien, typiquement français mais assez peu
africain. Il pourrait donc être facilement perçu ou décrit comme coupé des
masses nigériennes.
https://legrandcontinent.eu/fr/2023/09/06/niger-le-temps-long-dun-putsch-une-conversation-avec-salim-mokaddem-conseiller-du-president-bazoum/
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I have
no idea if the West African coups are spontaneous or had help from
Russia/China, but they obviously have wide popular support. The representative
of the Guinean countries and the Sahelian countries of West Africa must
continue to talk and find common ground. It looks increasingly evident that
France will see its political and economic influence in West Africa diminished
in some way, to the benefit of other countries, namely, respectively, Russia
and China.
Its
social influence (measured as the continuation of the French language as a
lingua franca used among individuals from different nations, or the number of
students going to various francophone universities, etc.) will probably be
allowed to linger by local governments, though some Sahelian countries and even
some Guinean countries (like Senegal, for instance), thoroughly influenced by
Islam, may possibly choose to put more emphasis on Arabic, the tongue of the
Prophet and one that is known and used all over North Africa and East Africa,
from Nouakchott to Anjouan. That kind of thing, of course, must be decided by
the citizens of the countries that form the vast and populous West African
subregion.
https://mondediplo.com/2023/09/05niger
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Terres musulmanes, islamisées
depuis des siècles, le Sahara et le Sahel constituent un terreau fertile pour
l'État islamique. La crise en cours est le signe que le Mali, le Burkina Faso
et le Niger souhaitent combiner leurs forces pour freiner et repousser la progression
du califat islamique vers le sud, en direction du golfe de Guinée.
Au Bénin, par exemple, la partie
nordique du pays (Borgou), entre le fleuve Niger et les forêts tropicales du
sud, est-elle aussi une terre profondément musulmane. L'Islam est aussi présent
au sein de plusieurs peuples du sud et de la capitale, Porto-Novo, ainsi que
dans plusieurs quartiers des autres villes du sud du Bénin (et de bien d'autres
villes de l'Afrique de l'Ouest, d'ailleurs, où il est possible de trouver des
quartiers musulmans portant généralement le nom de Zogbo).
Il faut aussi souligner que la civilisation
musulmane continue d'être en progression lente vers le sud, c'est-à-dire vers
la côte guinéenne, par diffusion culturelle. Cette progression naturelle est en
effet propulsée par le prestige même de l'Islam, ses réalisations au plan des
sciences et des technologies, ses docteurs de la loi, etc.
Rappelons enfin que l'Islam, à la fois croyance
universelle, religion monothéiste et civilisation mondiale, et l'État
islamique, groupe armé faisant preuve de peu de pitié, d'envergure
intellectuelle ou de scrupules, sont deux réalités bien distinctes. Ces mots
représentent en fait deux notions qu'il est parfois possible de confondre mais
qu'il est toujours préférable de garder bien éloignée l'une de l'autre...
https://www.npr.org/2023/08/26/1196189708/islamic-state-mali-al-qaida-west-africa-extremist
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An
interesting analysis of the Niger situation by Foreign Affairs, America's
leading publication on that subject. Russian influence is likely to grow over
the Sahara and the Sahel regions, both heavily islamicized from migrants,
merchants and conquerors who came from North and East Africa in the distant
past. Those areas of Sahara and Sahel were also the last parts of Africa that
was reached by Europeans, coming from the seas.
The
European colonization process, at the time, started at the coasts and went
inland, sometimes by war (as in the case of the powerful kingdom of Dahomée,
for instance), most of the time by treaty (in the cases of smaller kingdoms or
chiefdoms, like Porto-Novo, Savè, Dassa, Kétou, Pobé, Sakété, etc.). That
progression was gradual: sometimes it took the form of a war or a series of
wars, and sometimes it was more peaceful, proceeding treaty by treaty kingdom
by kingdom. After the conquest of Dahomée, for instance, many French colonial
expeditions, based in Carnotville, on the Ouémé river, were sent to the
northward, and slowly made their way toward the Niger river.
They
were incidentally racing with German’s efforts going also northward, in
Togoland, to the west of present-day Bénin, and with British efforts going also
northward, in present-day Nigeria, to the east of Bénin. The peculiar shape of
Bénin, with most of its infrastructure, main cities and capital in the south,
near the coast, and its elongated form in the north, in a fan-like way, is
simply the result of the speed and efficiency of those French expeditions, and
also their ability to convince as many kingdoms as possible to accept a
protectorate status, hence the bulging Borgou in the far northern third of the
country.
That
same process also explains the divided manner in which many tribes, small of
large, got cut in parts. It is the case, for instance, of the Yoruba
confederation of tribes, existing in many political units, city-States,
empires, small chiefdoms, and other entities, before European colonization, and
living today in countries called Nigeria (most of them), Bénin (in many parts
of the south), Togo (in a small pocket near the Bénin border), and Côte
d'Ivoire (in at least two small isolated areas to the east of that republic).
Those
treaties had the effect of turning each kingdom or chiefdom into a
protectorate, where the European power reserved for itself all military and
diplomatic matters, promising in return political peace and economic
prosperity. It is important to remember that the old royal lines still exist
and that the descendants of those ancient kings and chiefs still officially
reign over their respective people, under the name of chefs coutumiers.
Those
lands, both those that were directly conquered by the Europeans, or those that
were added to their political empires through voluntary treaties, were then
agglomerated and turned into larger administrative units, individually called colonie,
themselves subdivided administratively into territories called cercles. That
was so made simply because those new and larger European colonies were thus
easier to manage and control by their respective power.
https://www.foreignaffairs.com/west-africa/nigers-coup-and-americas-choice
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Il y a clairement formation de
deux blocs en Afrique de l'Ouest, un dans la bande sahélienne et un autre dans
la bande côtière longeant le golfe de Guinée. La première bande est fortement
marquée par la civilisation musulmane, venue du nord, alors que la seconde a
été marquée par la civilisation européenne, venue par la mer. La démarcation
entre les deux blocs se brouille parfois. Par exemple, l'impact de ces deux
types d'influence caractérise et définit ce pays côtier, quasi-guinéen par
endroits, presque sahélien par endroits, très européanisé et très musulman à la
fois, qu'est le Sénégal. De même, les portions septentrionales, c'est-à-dire
nordiques et pré-sahéliennes) du Nigéria et du Bénin ont des conditions
religieuses, économiques et climatiques qui sont très proches de celles du
Sahel, alors que leurs parties méridionales, c'est-à-dire côtières ou
guinéennes, sont davantage impactées et caractérisées par des influences européennes.
https://legrandcontinent.eu/fr/2023/08/30/lembrasement-africain-sintensifie/
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Pourquoi les gouvernements
ouest-africains ne pourraient-ils accepter les faits accomplis et réapprendre à
vivre ensemble, tant les démocraties de la côte guinéenne que les nouveaux
régimes prenant naissance à l'intérieur des terres, le long de la bande sahélienne?
Dans ce contexte, la Guinée, avec son esprit indépendant remontant à loin, au
moins jusqu'à 1958 et au-delà, pourrait certainement servir de guide ou de
médiatrice dans un processus de réconciliation.
https://twitter.com/ab_benin/status/1697308997018145109
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PLUS: @charles.millar3 (Twitter)
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