ANTI-OCCIDENT OU PRO-OCCIDENT?

 

Les événements survenus récemment au Niger ont incité un lecteur de LaPresse à écrire un texte (voir ci-bas) dénonçant les cheerleaders anti-Occidentaux. L'auteur y émet des opinions très valables, mais il semble aussi penser que l'Occident est un modèle à suivre, les deux yeux fermés. Ce ne serait pas une très bonne idée. Oui, l'Occident est riche. Oui, il est libre. Par contre, il a les défauts de ses qualités et il importe d'en être conscient ou d'en prendre conscience.

Il est riche, oui, mais il est aussi bien gras, dodu, un peu confus et, même, dans certains cas, assez dégénéré. L'Oncle Sam, pour caricaturer, est devenu un gros barbu bisexuel avec des talons hauts, une belle robe-soleil et de jolies boucles d'oreille. Non binaire, il ne sait même plus, bien qu'adulte, s'il est un homme ou une femme. Honnêtement, est-il possible d'être plus inepte?

Libre, l"Occident l'est, assurément mais les Occidentaux vivent aussi dans des sociétés éclatées, émiettées, carburant à l'individualisme à outrance et où les injustices sont trop souvent cachées sous le tapis. De quoi sommes-nous libres exactement? Serait-ce de nos responsabilités collectives, enfouies et cachées sous nos visions trop individuelles? Nous semblons aussi nous être libérés de toute obligation familiale. Ces obligations sont devenues sans objet, puisque beaucoup d'entre nous ne veulent même plus avoir d'enfants. Comment appelle-t-on une société qui préfère la liberté immédiate, les plaisirs faciles et l'argent à profusion aux sacrifices, aux contraintes et aux exigences qu'implique des naissances, lesquelles, seules, peuvent pourtant lui permettre de se projeter dans l'avenir? Le rêve de la liberté individuelle absolue est-il devenu un cauchemar social, celui de sociétés incapables de se reproduire? Sommes-nous devenus trop libres, trop riches?

Trop riche, trop libre, l'Occident, pire encore, est aussi très mal gouverné, au point de sembler parfois être sous la coupe d'individus superficiels et sans idées qui ne savent pas où et quand donner des coups de barre, parlant de sunny ways et préférant de beaux selfies à des décisions déchirantes et impopulaires.

L'Occident, il faut le dire, est aussi affligé de partis politiques veules qui achètent des votes à coup de belles promesses, d'engagements toujours trop dispendieux, toujours au-dessus de nos moyens, afin d'allécher le voteur, et un électorat tout aussi veule qui vend ses votes au plus offrant, le tout créant en bout de ligne des montagnes de dettes dans la plupart des pays occidentaux, des dettes qui, comme autant de châteaux de cartes, ne demandent qu'à s'écrouler, tôt ou tard.

Considéré sous ces précédents angles, l'Occident semble soudain bien moins reluisant. Il est vrai que rien n'est parfait en ce bas monde, c'est indéniable, mais il ne faut jamais se cacher la vérité, quelle qu'elle soit, aussi douloureuse puisse-t-elle être.

Ce qui se déroule sous nos yeux en ce moment, au Niger et ailleurs, ce ne sont pas des événements chaotiques, arrivant sans raison ou sans justification, on ne sait pas trop pourquoi. Il s'agit en fait d'éléments d'une histoire plus large, celle d'un changement géopolitique majeur, soit le glissement d'un monde centré sur l'Occident (Union européenne + Anglosphère) à un monde centré sur l'Eurasie, une entité encore un peu vague qui en est à ses balbutiements.

Ça ne fait que commencer et nul ne sait comment va se terminer ce énième chapitre de l'histoire humaine.

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https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2023-08-09/coup-d-etat-au-niger/l-hypocrisie-des-cheerleaders-anti-imperialistes-occidentaux.php

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