L'ASIE ET LES ASTRES

 



(Textes publiés d'abord sur Linked In, hier et aujourd'hui)


What a waste of money and duplication of effort!

Instead of going in alone, all by itself, at great cost, South Korea should associate itself with a larger initiative. There are many possibilities in that regard. Seoul could try to partner with the Indian space program (ISRO), or with the American space program, or with the Chinese space program.

Space exploration and exploitation cost a bundle, especially if you try to do everything by yourself. Given NASA's dubious budgetary prospect, and given also sensitive political considerations in the case of China/Russia, the Indian option might be the most attractive eventuality for Seoul.

If one day New Delhi gets Seoul's financial and technical support, it may prove to be beneficial for both space programs. It may also provide an example to the European space program (ESA), the Canadian space program, and the Japanese space program (JAXA), among others. If they gravitate toward such a cooperative effort, enough resources might be combined in that manner to create a coordinated program able to rival the one China and its partners are working on. The already growing Chinese-led cluster of space agencies might then be challenged by an Indian-led cluster of space agencies.

https://www.space.com/astronomy/moon/south-korea-wants-to-build-a-moon-base-by-2045


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La première course à la Lune, au siècle dernier, entre les États-Unis et l'Union soviétique, s'est déroulée dans le cadre de la guerre froide et a opposé les deux principales puissances qui sont sorties victorieuses de la Deuxième guerre mondiale et dont les populations sont d'origine européenne.

Après l'éclatement de l'Union soviétique et la fin de la guerre froide, dans la période multi-polaire qui a pris place pendant quelques décennies, le grand fait marquant, au plan spatial, a été la mise en place et l'opération de la Station spatiale internationale, un effort conjoint de plusieurs agences spatiales: russe, américaine, européenne, canadienne et japonaise.

De nos jours, la Station spatiale internationale est en fin de vie et doit cesser ses opérations d'ici quelque temps. Son exemple a pourtant permis d'introduire un nouveau concept dans le domaine de l'exploration et de l'exploitation du domaine spatiale, celui de la coopération entre agences spatiales de pays différents. Une autre nouveauté s'est signalée récemment, l'émergence de l'entreprise privée comme joueur important du domaine spatial. On le voit bien de nos jours, avec des opérateurs connus comme SpaceX et Blue Origin, chez les Américains, ou Virgin Galactic, chez les Britanniques, mais aussi avec des opérateurs moins connus et émergents, au Japon, en Europe, en Inde, en Chine et ailleurs.

L'exploration et l'exploitation de l'espace semble maintenant entrer dans une troisième phase, marquée par la fin de la coopération internationale et le retour à une concurrence entre agences spatiales différentes. Cette phase s'oriente avec une course à la Lune, notre seul satellite naturel, et à la planète Mars, les deux corps célestes les plus facilement accessibles et les plus aisément exploitables, quoique de façon différente.

La Lune est située relativement près de notre planète, dans sa banlieue immédiate, pourrait-on dire. Sa petite taille et son atmosphère quasi-inexistante la rendent cependant peu habitable, étant donné la très faible gravité qui en découle et la grande difficulté qu'il y aurait à la terraformer. La présence d'eau, surtout autour du pôle sud, permet une certaine forme d'établissement, mais probablement de nature transitoire, par roulement périodique, à la façon des stations scientifiques de l'Antarctique.

La Lune pourrait se prêter à certains types d'utilisation bien précis, notamment de nature scientifique et industrielle. Elle constitue un milieu idéal pour l'observation astronomique dans différentes fréquences: lumière visible, ondes radio, ultraviolet, etc. Au plan industriel, il serait possible d'utiliser la glace pour la transformer en eau et en séparer ses éléments constitutifs, l'oxygène et l'hydrogène, réutilisables comme carburant. La Lune est aussi bien placée pour servir de relais de communication entre la Terre et le reste du système solaire.

Toutes ses utilisations, toutefois, ne nécessitent pas nécessairement la présence d'un personnel très nombreux, sauf sans doute au tout début, pour la période d'implantation, puisqu'elles peuvent être automatisées et fonctionner avec une présence humaine minimale, dédiée essentiellement aux réparations occasionnelles.

Dans le cas de Mars, les choses pourraient être différentes, à cause d'une gravité plus importante et d'une atmosphère un peu plus consistante, davantage compatible avec une présence humaine prolongée, peut-être même permanente. Ce corps céleste est plus massif et les ressources pouvant en être tirées ne sont pas entièrement connues. L'eau y est présente et il est possible d'y récolter l'énergie d'origine solaire, tout comme sur la Lune, d'ailleurs, et d'utiliser cette énergie pour le fonctionnement de processus industriels.

La mise en place d'activités automatisées de terraformation à grande échelle et de longue durée, étalées sur des décennies, voire des siècles, n'est pas inenvisageable et les caractéristiques de Mars font en sorte que cet astre s'y prêterait bien mieux que la Lune.

La Lune et Mars peuvent aussi servir de plate-formes donnant accès au reste du système solaire et utilisables pour la fourniture de tout ce qui est nécessaire à des voyages humains de longue durée, tels que l'eau, l'énergie, le carburant, la nourriture, etc.

Actuellement, deux grandes initiatives se sont mises en place dans le cadre de la nouvelle course à l'espace, celle du XXIe siècle, menées par les agences spatiales respectives des États-Unis et de la Chine, chacune d'elles s'étant adjointe le concours d'agences spatiales opérées par d'autres pays. Il y a donc présentement deux grandes grappes d'agences publiques, secondées par les entreprises privées des pays concernés.

Le cheminement de cette course rappelle un peu celui de la toute première, alors que l'un des pays avait pris de l'avance, avant d'être rattrapé et dépassé par un autre. L'Union soviétique s'était ainsi signalé par le lancement du tout premier satellite artificiel et la toute première mise en orbite d'un humain, Youri Gagarine, entraînant la mobilisation de l'autre pays impliqué dans cette guerre froide, les États-Unis, lequel, grâce à une économie plus puissante, était parvenu à prendre les devants et à être le premier à envoyer des humains marcher sur la Lune, dans le cadre du programme Appolo, une opération de prestige, très coûteuse et sans lendemain, puisque sans utilité économique immédiate.

La seconde course à l'espace qui se dessine depuis quelques années fait aussi intervenir un pays qui prend les devants, les États-Unis, face à un concurrent qui est un nouveau-venu dans le domaine spatial et qui doit suivre à pas accélérés les étapes suivies antérieurement par les États-Unis et l'URSS. La Chine est associée à la Fédération de Russie, dont l'agence spatiale dispose d'une grande expérience dans le domaine mais de moyens limités, sans parler d'une série d'autres agences spatiales nationales. L'agence spatiale américaine est aussi associée à plusieurs autres agences nationales, dans le cadre du programme Artemis, mais accumule les retards dans son calendrier de planification et fait face à d'importantes coupures budgétaires risquant d'être récurrentes, tandis que la Chine, elle, devance petit à petit son propre calendrier de planification.

Une troisième agence spatiale s'est distinguée ces dernières années, celle de l'Inde, grâce à son inventivité et une structure de coûts plus avantageuse. Cette agence semble promise à un grand avenir, pour plusieurs raisons: l'Inde a une population énorme et toujours en croissance, ainsi qu'une économie dont le taux de croissance est supérieur à celui de la Chine, tout en disposant d'un emplacement géographique avantageux, près de l'équateur.

Les facteurs géopolitiques actuels favorisent aussi l'essor de l'agence spatiale indienne, étant donné les fractures qui se dessinent dans le cadre de la rivalité croissante entre la Chine et les États-Unis, bouleversant les configurations politiques et économiques qui avaient pris place après l'effondrement de l'Union soviétique. Il n'est pas impossible que ces changements, toujours en cours, fassent en sorte que des pays disposant d'agences spatiales expérimentées choisissent de collaborer davantage avec l'agence spatiale indienne qu'avec l'agence spatiale américaine.

Si c'était le cas, il y aurait de nouveau deux grands joueurs dans la course spatiale du début du XXIe siècle, deux joueurs qui étaient absents de celle du siècle dernier, soit l'Inde et la Chine, deux géants asiatiques qui deviendraient ainsi l'avant-garde de l'humanité dans sa conquête progressive et graduelle du système solaire, en commençant par les astres les plus proches, la Lune et Mars, et en poursuivant par les astres plus éloignés, encore trop peu connus de nous et uniquement du fait d'expéditions robotisées, sans équipage.

L'Inde et la Chine feront peut-être rêver nos enfants et nos petits-enfants au cours des prochaines décennies. Lequel de ces deux pays sera le premier à mettre en orbite une base autour de la Lune, puis à en construire une sur la surface de notre satellite naturel? Plus encore: le tout premier spationaute ou la tout première spationaute qui mettra le pied sur Mars aura quelle nationalité, indienne ou chinoise?




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